LIAISON DANGEREUSE AVEC L'ENFER I h.s

deux

Il est là.

Je le sens.

Il me fixe plongé dans l'obscurité.

J'ai envie de me retourner et lui faire face, pour enfin voir son visage, mais je n'ose pas.

La dernière fois que j'ai tentée de le faire, il s'était volatilisé et je ne l'avais pas revu pendant des mois. Je sais que cette situation est étrange et que tout humains parfaitement constitués paniqueraient. Je sais que je devrais avoir peur mais en réalité c'est tout le contraire. Le savoir près de moi me rassure.

Je me souviens de notre première rencontre. Â cette époque je venais de souhaiter mon sixième anniversaire et je m'étais isolée dans ma chambre pour jouer avec ma nouvelle Barbie. Ma mère avait laissé la fenêtre ouverte, afin de permettre à l'air frais d'entrer, comme nous étions en plein été.

C'est par là qu'il était rentré et qu'il était venu jusqu'à moi. J'étais en train de changer Keylsee quand je l'ai vu. Pleine d'innocence, je n'avais ressenti aucune peur quand ses yeux émeraude s'étaient plongés dans les miens. J'étais bien trop petite pour savoir que c'était mal de s'introduire chez les gens. Et même, que c'était dangereux.

Il m'avait observé un long moment, silencieusement, avant que je ne lui demande demandé son prénom, contente d'avoir trouvé un autre copain. Pour seule réponse il avait déposé une boite contre la moquette qui recouvrait le sol de ma chambre. Je l'avais alors saisi, oubliant complètement Keylsee qui était à moitié nue, et avait ouvert avec empressement l'écrin. Et là, sur un coussin beige, trônait un collier en argent, qui en son milieu avait une sphère d'un rouge sombre, mélangé à des notes de blanc. Dès que mes yeux s'étaient posés dessus, j'avais su que ce cadeau était spécial.

J'avais ensuite voulu le remercier, mais quand j'avais relevé la tête il avait disparu. Et depuis ce jour, le collier ne m'a jamais quitté. J'ai toujours veillé à ce qu'il soit réajusté pour qu'au fils des années, je puisse le garder autour de mon cou.

C'était mon cadeau le plus précieux.

Instinctivement, je pris la sphère entre mes doigts, la frottant contre ma peau. Douze ans c'était écoulé depuis ce fameux soir, et même si je me forçais à retrouver ce souvenir, je n'arrivais pas à me représenter son visage. La seule chose qui me restait de lui était-ce collier.

Il était réapparu il y a quatre ans, alors que je pleurais tout contre mon oreiller après une rupture difficile. Dès qu'il avait franchi le pas de ma chambre, j'avais senti sa présence. Je m'étais alors retournée pour le voir, mais il avait prit la fuite. Cela avait dû lui faire peur car il a attendu une année entière pour réapparaitre.

C'est pourquoi, désormais je ne tente même plus de le voir. Le simple fait qu'il passe me rendre visite certain soir me suffis. Je dois faire taire toutes les questions que sa présence éveille en moi et me satisfaire du fait qu'il soit toujours auprès de moi après toutes ces années.

J'esquisse un sourire tout contre mon coussin, puis je me laisse tomber dans les bras de Morphée, me sentant en sécurité, auprès de mon mystérieux ange gardien, qui je savais, n'en était pas réellement un, puisque qu'il préférait régner dans les ténèbres plutôt que dans la lumière.

Un bruit inhabituel me réveille à trois heures dix-huit. Je gigote dans mon lit, et analyse ma chambre plongée dans le noir.

Il n'est plus là.

Je souffle lourdement et me lève afin d'aller dans la cuisine me servir un verre d'eau. Sur le chemin, je n'entends plus le moindre son suspect. La maison est enveloppée dans le silence total.

J'ouvre le réfrigérateur et prends une petite bouteille d'eau. Je dévisse le bouchon et porte le goulot à ma bouche. L'eau fraiche coule le long de ma gorge me donnant un léger frisson.

Soudain, je perçois une ombre passer près de la fenêtre. D'un bond, je me laisse tomber contre le sol. J'attends quelques minutes afin de calmer les battements de mon coeur. Puis je me redresse lentement, aux aguets. Je fixe la fenêtre avec appréhension et repose la bouteille sur le plan de travail. J'avance de quelques pas et ouvre un tiroir pour me munir d'un couteau.

Je m'avance dans la cuisine légèrement accroupie, à l'abri caché derrière les meubles. J'entends du bruit qui me semble provenir du jardin, dont la baie vitrer se trouve en face de moi, au bord du salon.

Je jette un coup d'oeil vers la vitre, inquiète puis je me met à courir vers le canapé, derrière lequel je me cache. Ma respiration s'accélère et j'ai l'impression que l'air est devenu plus épais.

Poussée par un puissant courage dont je ne connaissais pas l'existence, je me place devant la baie vitrée et m'assure qu'elle est bien fermée. Celle-ci vérifiée, j'appuie sur le bouton des stores automatique afin de les faire descendre. Alors que j'enclenche le système, je vois quelque chose bouger au fond du jardin, juste à côté de mon cerisier. Une paire d'yeux jaune illuminent l'obscurité et me fixe.

Je bloque mon inspiration dans ma gorge et j'appuie à plusieurs reprises sur le bouton pour tenter de faire accélérer le processus. Soudain, je vois une ombre se déplacer à une vitesse incroyable et un cri horrible déchire la nuit.

Mon coeur rate un battement, et immédiatement je stoppe le déroulement du store, laissant ma curiosité prendre place dans mon être. Je fixe la place où j'avais vue des yeux m'observer, mais je ne vois plus rien. J'attends quelques minutes, et plus rien ne se passe.

Je pose une main tremblante sur la poignée de la baie vitrée, prête à l'ouvrir quand j'entends mes parents descendre à toute allure les escaliers. Ils déboulent dans le salon, les yeux en alerte.

" Sarah, tout va bien? " me demande ma mère, paniquée.

Ses yeux observent le couteau que je tiens dans ma main droite.

" Oui. " dis-je, perplexe.

Elle s'approche et me tire loin de la baie vitré, dont le store et à moitié descendu. Mon père réenclenche la descente afin de nous plonger dans l'obscurité.

Elle glisse ses longs doigts dans ma paume, me retirant le couteau des mains, afin de le tendre à mon père.

" Viens, retournons nous coucher, mon ange. " ajoute-t-elle.

Elle me serre tout contre elle et je sens son coeur battre rapidement. Et là, je comprends qu'elle sait.

Mes parents savent ce qu'il se passe réellement.

Ils savent pour ces créatures.

Ils savent pour lui.

J'espère que ce chapitre vous plait toujours autant ? :) Le prochain chapitre sera en ligne mercredi! xx