LIAISON DANGEREUSE AVEC L'ENFER I h.s

trente-huit

Je me perds dans la profondeur de la couleur de ses yeux, oubliant complètement le monde qui m'entoure. J'ai l'impression que cela fait des années que je ne l'ai pas vue alors que cela doit faire maximum une semaine.

Il reste droit, me fixant avec une expression neutre. Je ne peux même pas savoir si il est heureux de me voir, ou si c'est un évènement qui ne le touche pas. Si cela se trouve, il se sentait coupable d'avoir mit fin à ma vie humaine, alors pour se rattraper, il m'a libéré de l'emprise des anges. Il ne partage sans doute pas mes sentiments. Il voulait juste se montrer un peu gentil.

Il brise notre échange visuel, pour porter son attention sur Parkson.

" Que c'est-il passé pour que vous soyez en retard? " gronde-t-il.

Je suis si heureuse de retrouver sa voix grave que je fais abstraction de son ton menaçant. J'aimerais juste me loger dans ses bras et l'embrasser jusqu'à en avoir mal aux lèvres.

" On a eu quelques problèmes avec des anges. " explique Parkson.

" Ouais, un gars nous a pris par surprise dans le couloir ouest. " rajoute Guillaume.

Il les fixe un instant en fronçant des sourcils, laissant un silence pesant s'immiscer entre nous.

" Le principal c'est que je sois ici. " me lance-je. " Merci d'être venue me chercher, je vous suis redevable. " dis-je en me retournant pour m'adresser à Guillaume et Parkson.

Il me sourit tout le deux, content de ma prise de parole.

" Ce n'était pas si héroïque que ça. " m'annonce Guillaume. " On voulait surtout avoir le plaisir de manger encore une fois de tes crêpes. "

Il me glisse un sourire à la fin de sa phrase, me faisant rigoler légèrement.

" J'en ferai demain, promis! "

" Cool! " s'exclament-t-ils en choeur.

" Ce n'est pas la cour de récré, ici. " intervient Harry. " Retournez à vos occupations maintenant ! "

Parkson et Guillaume baissent leur tête en signe de respect et se volatilisent en quelque secondes. Il ne reste plus que Elliot, Harry et moi dans la bibliothèque.

" Elliot, laisse-nous. " ordonne Harry.

Elliot me jette un regard plein de sous-entendus avant de suivre ses amis, obéissant à son leader. Je sais désormais qu'il n'a plus besoin de ma réponse, et qu'il sait que je suis amoureuse d'Harry. Et savoir que mon secret à été mis à jour, m'effraie.

Je suis dos à Harry. Je commence à trembler tellement je suis nerveuse de lui faire face. Je le sens se rapprocher de moi. Le fait qu'il réduise la distance entre nous affole mon coeur. L'homme que j'aime n'est qu'a quelques mètres de moi, et je ne peux le prendre dans mes bras. C'est déchirant. Douloureux.

Il me contourne et se poste devant moi. Son parfum m'enveloppe et m'enivre. J'entends sa respiration. Inspiration. Expiration. Son torse se gonfle et se relâche. Je pourrai le regarder respirer pendant des heures. C'est ridicule, mais c'est la vérité.

Il reste silencieux, m'observant avec sérieux. Je ne sais pas si il attend que je parle la première, ou si il veut juste avoir le loisir de me regarder. Je ne sais pas ce qu'il veut et ça me frustre.

J'aimerai tellement que la seule chose qu'il veuille, soit moi. Mais c'est sans doute trop demander...

" La prochaine fois que je réprimande des démons de mon clan, j'aimerais que tu n'interviennes pas avec des paroles chaleureuses, as tu compris? " me gronde-t-il à mon tour.

Je fronce les sourcils. Nous venons de nous retrouver et la première chose qu'il fait est de me gronder? J'ai envie de partir loin de lui, quitter cette pièce en tapant du pied comme Ethan, mais la joie que j'ai de le retrouver me l'en empêche.

Comme je ne réponds pas à sa question, il souffle doucement, et se retourne pour s'avancer vers la fenêtre qui se trouve en face de nous. J'admire sa silhouette masculine avec gourmandise, allant de ses boucles à son pantalon noir qui moule ses deux jambes.

" T'ais-je manqué? " demande-je soudainement.

Il sursaute presque à ma prise de parole. Je joins mes mains devant moi, anxieuse de sa réponse.

" Pourquoi veux-tu savoir ça, Sarah? " me demande-t-il, restant toujours face à la fenêtre.

Entendre mon prénom tomber de sa bouche, me fait sourire. J'avais eu tellement peur que je ne puisse plus jamais l'entendre sonner comme il le fait avec sa voix grave.

Je me dandine sur mes pieds, cherchant mes mots.

" C'est que...c'est comme,..important pour moi? " dis-je, peu sûre de ma réponse.

Il plonge ses mains dans les poches de son jean.

" Comme important pour toi? Il est clair que tu n'es même pas certaine de cette réponse. "

J'avale ma salive difficilement et m'approche de lui.

" Si. C'est important pour moi de savoir si je t'ai manqué, car cela me prouvera si oui ou non tu-,.." je laisse ma phrase en suspend, hésitante. " ..si tu m'aimes bien. "

Il ne bouge pas. Mais je l'imagine se mordre la lèvre inférieure, réfléchissant à sa réponse.

" Je n'ai pas envie de répondre à ta question. " lance-t-il, voulant arrêter la discussion sur ce point.

" Non! " dis-je en empoignant son bras, ce qui le pousse à me faire face." Tu n'as pas le droit de fuir ma question comme çà! " cris-je, alors que ses yeux me fixent. " Merde! Tu m'as tué pour ton petit confort, tu me dois- "

Dans un geste violent, il écrase ses lèvres contre les miennes, me coupant dans ma tirade. Mon coeur tambourine comme un fou dans ma cage thoracique. Si j'avais eu des doutes sur la fonctionnalité du coeur après la mort, Harry m'a sens cesse démontrer que notre organe vital pouvait toujours palpiter quand l'amour frappait à notre porte. Vivant ou non.

Ses mains saisissent ma taille me plaquant tout contre lui, pendant que sa bouche se mouve contre la mienne. J'ai du mal à respirer, mais j'aime cette sensation. J'agrippe sa chemise blanche avec mes doigts, tirant dessus alors qu'il glisse sa langue dans ma bouche. Son baiser se fait plus langoureux et plus impatient. J'ai l'impression qu'il a peur que je disparaisse à tous moment, et qu'il ne puisse plus m'embrasser. Comme si, il avait déjà ressenti ce sentiment de regret de ne l'avoir pas fait à temps.

Sa main droite remonte le long de mes côtes, caressant la courbe de mes seins et de mon épaule avant de s'arrêter au niveau de ma nuque. Il se laisse perdre contre mes lèvres. Les yeux fermés, il s'abandonne à corps perdu.

Je suis la première à briser ce baiser, manquant de souffle. Il reprend sa respiration, son front reposant contre le mien. Je sens l'une de ses boucles chatouiller ma joue droite, ce qui me fait sourire. Puis, dans un dernier geste de tendresse, il me presse contre lui, ses bras encerclant mes hanches. Je respire son parfum, mes mains reposant dans le milieu de son dos.

" As-tu ta réponse? " me souffle-t-il, encore chamboulé par ce baiser, qu'il n'avait clairement pas prévu.