LIAISON DANGEREUSE AVEC L'ENFER I h.s

trente-sept

Je retiens ma respiration quand leurs yeux se posent sur moi, m'analysant sous toutes les coutures. J'ai l'impression d'être une sourie de laboratoire dont on attend un test positif.

" Bienvenue au paradis, Sarah Gabriel. " se lance l'homme qui se trouve au centre de la table.

Il m'adresse un sourire qui se veut chaleureux mais cela m'effraie plus qu'autre chose. Je sais que les anges sont tout aussi malfaisant que les démons. Ils savent juste mieux le cacher.

Comme je ne lui rends pas son sourire, il continue son monologue. " Nous allons te poser quelques questions pour commencer et ensuite tu nous raconteras dans les moindres détails ton séjour auprès des démons. "

Je triture mes doigts nerveusement ce qui n'échappe pas aux fondateurs. Je sais que je dois me tenir à carreau pour réussir à partir d'ici, mais l'idée que je me laisse diriger par eux me donne envie de vomir. Je comprends pourquoi Harry les déteste autant.

" Très bien, " Il dit tout en prenant dans ses mains une feuille. " Quel âge souhaites-tu avoir? "

Je me tourne vers ma grand-mère, peu surprise par cette question grâce à ses explications.

" Je souhaite garder mon âge actuel. "

Il me toise un instant, et je vois son voisin de droite écrire quelque chose sur une feuille qui se trouve devant lui.

" Comme tu es une novice, tu seras logée pendant quelques mois dans le batiment réservé aux novices. Là-bas, tu auras quelques cours qui t'apprendront le fonctionnement du paradis et ainsi que notre règlement. Tu effectuera ensuite quelques stages pour t'aider à choisir le secteur où tu voudras faire du bénévolat. " m'informe-t-il. "Es-tu d'accord avec cela? "

" Je suppose. " répondis-je bien trop vite.

Les cinq fondateurs plissent leurs yeux en même temps, surpris par ma prise de parole.

" Tu supposes? " me redemande l'un d'entre eux.

" Et bien, je ne peux pas dire non de toute façon. "

" Nous t'obligeons à rien. " continue l'homme du centre, qui semble être comme le leader des fondateurs.

" En quelque sorte si, puisque si je refuse vous allez m'envoyer en enfer. " affirme-je, alors que je n'en sais strictement rien.

Ma grand-mère pose ma main sur mon bras, m'incitant silencieusement de me taire. Mais il est trop tard. Je connais la face cachée de leur système. Je sais qu'ils ne sont pas bons comme ils semblent le prôner. Et avant tout, je ne leur fais pas confiance.

" Nous envoyons en enfer que les personnes qui font une faute grave, Sarah. "

" Alors aimer est une faute grave? "

Le fondateur du centre écarquille les yeux. Les autres le regardent fixement, attendant une réponse de sa part. Il est, comme je le pensais, leur leader. Et si je veux détruire ce stupide système c'est à lui que je dois m'en prendre. Je suis même certaine qu'il est l'ultime origine de ma création, et de toute cette merde.

" Tu connais donc son histoire. " se dit-il à lui-même. Ses yeux croisent les miens et je distingue un soupçon de haine traverser ses iris. " Vous deviez être assez proche pour qu'il te révèle cela. " analyse-t-il.

Un lourd silence s'installe dans la pièce, quand soudain il se lève et ordonne qu'on m'emmène dans l'isoloir. Ma grand-mère s'écrit de terreur et je comprends que rien de bon va m'arriver.

J'ai encore une fois jouer avec le feu, mais je n'ai plus peur de me brûler. Car peut importe la punition que je récolterai, elle n'égalera pas la douleur que j'ai ressentie quand l'homme que j'aime m'a brisé le coeur.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis enfermée dans cette sombre pièce. Mais d'après les grondements de mon ventre, cela fait assez longtemps pour que je sois affamée. J'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis des jours. Et le pire c'est que je commence à sentir la transpiration à cause de la chaleur qui me tient compagnie depuis le début de mon isolement.

La seule chose dont j'ai eu droit est une bouteille d'eau que j'ai, évidemment, fini en même pas une heure. En plus, elle ne devait pas être bien traitée car depuis que je l'ai bu, j'ai une horrible douleur qui palpite au niveau de mon ventre. Ou alors c'est juste parce que j'ai faim. Ou que j'ai mes règles. Justement, les anges féminins, ont aussi leurs règles? J'espère que non, car ce serait bien une chose qui ne me manquerait pas.

Je colle ma joue à la paroi du mur, qui est, comme je l'espérai assez froid pour faire retomber légèrement la température de mon corps. Soudain, je perçois des brides de voix masculines parler. Elles se font plus fortes à chaque seconde, et c'est quand j'entends mon prénom résonner dans le couloir, que je me redresse, reconaissant la voix de mon meilleur ami.

" Elliot? " m'écris-je.

Il est en vie! Et il est revenu me chercher!

Mon coeur s'affole, rien qu'a l'idée de pouvoir le serrer tout contre moi.

" Elliot, je suis ici! " cris-je, en tapant contre la porte avec force.

" Sarah? " sa voix résonne à travers le métal de la porte.

" Elliot. " pleurniche-je.

Entendre sa voix me rassure à un tel point que j'en pleure. Je suis tellement heureuse de le savoir vivant, et toujours prêt à tout pour moi.

" Recule-toi de la porte, Sarah. On ne peut pas se téléporter ici. " m'informe-t-il.

Je lui obéis, reculant de quelques pas.

"C'est bon? " me demande-t-il.

" Oui. "

À la fin de ma phrase la porte se met à trembler. J'entends Elliot se plaindre de la douleur dans des onomatopées. Les minutes défilent, alors qu'il s'acharne toujours sur la porte. J'en viens à me demander si il y arrivera, et si je pourrai un jour sortir d'ici.

" Ethan, aide moi s'il te plait. " l'entend-je demander.

La porte se met à vibrer plus fort, se déformant à certains endroits. J'entends la serrure sauter, et tout à coup, la porte pivote et la silhouette de mon meilleur ami brille dans une lumière blanche, presque aveuglante. Je cligne des yeux voyant Elliot s'avancer vers moi. Une fois que je peux le distinguer, je me précipite dans ses bras, pleurnichant comme une petite fille. Il me serre avec force tout contre lui, ses bras faisant pression dans mon dos.

" Mh, tu pues. " dit-il, tout contre mon cou.