96 : Greg

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Aujourd'hui, je me suis levé tôt pour aller aider William au garage. Même si je vais bientôt partir à l'armée, je tiens tout de même à continuer à gagner de l'argent pour Paolina.

En effet, elle ne sait pas que depuis que je travaille ici, je mets la moitié de mon salaire de côte pour qu'elle puisse s'occuper d'elle et de notre fille le plus confortablement possible. C'est le moins que je puisse faire.


Je soupire en pensant à tout ça. Bientôt je partirais enfin, mais tous nos amis sont retournés à leur FAC pour la rentrée. Paolina sera donc particulièrement seule.

Alors oui, je sais que Chris et Opale ne sont pas loin, mais les autres... entre Jenna qui est retournée à Londres et les autres qui ont de la route avant de venir nous rejoindre... ça met de la distance.

Malgré tout, je sais qu'on sera toujours là les uns pour les autres. C'est fait pour ça les amis, non ?


*

A peine arrivé, je me débarrasse de ma veste, mais mon téléphone se met à sonner. Je décroche sans regarder :

« -Allo ?

-Gregory.

Quoi ? Pourquoi est-ce que mon père m'appelle ?

-Qu'est ce que tu veux ? Dis-je d'une voix sèche.

-Ta mère. Où est-elle ?

-Pas à la maison, visiblement.

-Ne joue pas à ça avec moi, Gregory. Je viens à peine de rentrer du séminaire et ta mère a disparu avec ses affaires. Je sais que tu y es pour quelque chose.

-Ecoute, je n'ai pas le temps de t'écouter m'insulter. Maman ne veut plus de toi il faut t'y faire. Elle a enfin fini par ouvrir les yeux. Néanmoins, je passerais ce soir. Je pense qu'il faut qu'on parle. Pour la toute dernière fois.

Il y a un silence gênant, quand il répond :

-18h. Je t'attendrais. »


Et il raccroche sans rien dire de plus, et moi je me remets enfin à respirer. Cette fois, je veux enfin confronter mon père, et je veux voir dans ses yeux la douleur quand il va comprendre qu'il a tout perdu. C'est le moment où jamais de me venger et de venger ma mère. C'est le seul moyen.

Je vais vite rejoindre William pour lui expliquer que je ne serais pas là de la journée. Je dois mettre mon plan à exécution.


*

A 18h pétante, je sonne à la porte de chez moi. Quelle ironie ! Sonner pour rentrer chez soi...

Mon père me crie d'entrer. Comme s'il allait se déplacer pour venir m'ouvrir...


Je vais dans le petit salon, ou je le vois en train de boire un verre de scotch. Je sers les poings et fronce les sourcils. C'est un réflexe que je ne peux pas m'empêcher d'avoir. Sinon je lui aurais déjà sauté dessus, et on sait tous que je n'aurais surement pas eu le dessus sur lui.

Il me fait signe de m'assoir dans le fauteuil en face de lui, mais je décline en préférant rester debout tout en le fixant. Il m'observe un instant, puis il finit par briser le silence :

-Pour quelqu'un qui semblait si déterminé à parler ce matin, tu es bien silencieux.

-J'ai tellement de chose à dire... que je ne saurais pas par où commencer.

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