Chapitre 5 - corrigé

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Le néant engloutissant tous mes sens. Une lumière éblouissante, furtive. Un sifflement strident résonnant dans ma tête. Un gémissement. Mon gémissement. Puis rien.

Une sensation de bien-être accompagnée d'un petit rire. J'ouvris un œil, puis l'autre, aveuglée par le soleil éclatant. Je me levai difficilement dans le bruissement d'un lourd tissus. Mon regard dériva vers l'origine du bruit, vers une magnifique robe pêche aux coutures or.

J'y étais. J'étais au XVIIIème siècle.

***

Tiens bien ta tête. Voila... bien droite et hop ! Geste de la main gracieux... Mouvement de poignée sensuel... Parfait Elia ! Par - fait !

Deux livres sur la tête, je prenais le thé en compagnie de ma tutrice et accompagnatrice, Natalia que je voyais plus que monsieur Rossi dernièrement. Tous les soirs, j'étudiais le XVIIIème siècle entre langage, politique et port de tête digne d'une reine qui était devenu mien, aux côtés de cette extravagante mais bienveillante trentenaire. J'avais gagné trois bon centimètres à me tenir aussi droite depuis le début des leçons particulières la semaine dernière.

Alors que les deux livres tombèrent avec fracas sur la table renversant la vaisselle vide, Natalia tapa dans ses mains toutes dents sorties.

-Le vilain petit canard est devenu beau cygne élégant ! Il est temps de sauter dans le grand bain...

Son air conspirateur ne présageait qu'une seule possibilité. Cette leçon était la dernière avant mon premier passage. Je ne savais pas si j'étais prête, mais l'aurais-je été un jour ? Certainement pas.

Avant de partir, Edgar Madson vint me trouver et m'invita à le suivre jusqu'à son bureau. La pièce était très simple avec des meubles de style industriel et une plante prenant la moitié de l'espace. Des papiers étaient disposés en plusieurs petits tas sur la table à laquelle nous nous assîmes.

-Natalia nous a prévenu que les leçons portaient déjà leurs fruits, tu es une vraie éponge dans l'apprentissage ! Je te propose d'effectuer ton premier passage ce week-end... Il faudra donc que tu signes de la paperasse.

J'hochais la tête en un assentiment tacite. Il prit les premières feuilles sur la gauche.

-Tout d'abord, ceux-là concernent ta convention de stage. Il faut que tu t'investissent à cent pour-cent dans tes passages, tu n'auras donc pas le temps de travailler à côté.

-Merci beaucoup, je n'avais toujours pas trouvé mon stage de master. C'est un soulagement, lâchai-je un poids en moins sur le coeur.

-Ensuite, ces papiers concernent ton engagement envers le laboratoire. Ils regroupent ton droit de retrait, notre droit de cessation, tes devoirs de recherches ainsi que le secret professionnel.

-Et une décharge contre les préjudices morales et physiques, lis-je à voix haute le dernier paragraphe. Mais j'aurai les cinq premières séances de psychologue offertes, c'est généreux !

L'historien se gratta la tête mal à l'aise.

-Nous ne pouvons te garantir que jamais tu ne te tordras la cheville sur les pavés, que jamais on ne te bousculera dans la rue ou que jamais tu ne recevras un sceau d'urine car tu marches au mauvais endroit. Ce que nous te garantissons, c'est de ne jamais t'envoyer un jour d'émeute, un jour d'accident mortel, un jour d'attentat. Les petits accidents de la vie arrivent partout, même ici.

-Je m'en doute, je ne suis pas naïve au point de croire que tout sera tout beau tout rose. Mais comprenez que cela est angoissant de le voir écrit noir sur blanc.

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