Chapitre 13 - Corrigé

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Lorsque je tendis son cadeau à Monsieur Rossi, il ne comprit pas tout de suite. Lorsqu'il ouvrit la page de garde pour y voir l'année d'impression, sa respiration se bloqua et ses doigts touchèrent le renfoncement du 1, 7, 8 et 7.

- Vous m'aviez demandé un petit souvenir de cette époque, je vous ai choisi une aventure. Vous méritez plus qu'une petite babiole.

Le vieil homme tournait les pages délicatement, comme si elles allaient s'effriter au contact de l'air.

- Mais comment as-tu pu ramener ce livre et le faire sortir du laboratoire ?

Cette question était plus une réflexion interne de sa part, et je me fis la remarque que sa rationalité était vraiment incohérente. Lorsqu'il était question de voyage dans le temps, il n'était point perturbé ; Mais quand nous parlions d'un livre ramené clandestinement, cela semblait être une épopée improbable.

- On peut cacher tellement de choses sous ses couches de vêtements que je trimballe. La couturière a été la plus difficile à berner.

- C'estmagnifique...Regardemoicespetitesimperfectionsquilerendentencoreplusparfait !

Son visage irradiait dans cette pièce éclairée à la bougie et je le contemplais plusieurs minutes bombée de fierté.

- Je dois vous laisser, j'ai cours cet après-midi. Prenez-en soin, il est inestimable. J'ai dû partager mon cocher avec 5 autres personnes pour pouvoir le payer, avec le peu de sous qu'il me restait ! Ah et vous êtes invité pour Noël chez mes parents, vous ne pouvez pas refuser ! Criai-je hors de son champs de vision.

Mais il ne s'aperçût sûrement pas de mon départ, trop obnubilé à scruter le moindre détail d'encre. Lorsque je reviendrai ce soir, il sera à la même place avec la même expression d'extase. Je pris le chemin de l'université impatiente d'entendre parler d'un temps que je commençais à connaître intimement. Il s'agissait d'un privilège que je chérissais plus que tout au monde à présent.

***

En écrivant les bribes de mon cours, il me suffisait de fermer les yeux pour extraire ces délicieux détails de mes souvenirs. Je pouvais sentir le goût amer du thé brûlant mon gosier, sentir la brise fraîche contre ma fourrure, voir la natte du Vicomte onduler le long de son corps svelte. Je rouvris précipitamment les yeux pour y chasser cette dernière pensée. Si vite, que la lumière brûla ma rétine et m'obligea à cligner plusieurs fois des paupières pour rendre ma vue nette. Mais la salle semblait avoir changé. D'étranges ombres se démarquaient pour laisser place à un visage bouffi incrédule. Un homme grassouillet ouvrait de grands yeux ronds mais ce qui me choquait le plus était ses vêtements. Des vêtements passés de mode depuis des siècles. Sa voix s'éleva au loin, trop aiguë pour sa corpulence. Il gigotait dans tous les sens, s'indignait et jurait.

- Dieu me prenne à témoin ! Une femme dans mon collège. Déguerpissez ! Déguerpissez !

Il criait si fort que ma tête me faisait mal, je me sentais vaseuse alors que mes membres se dégourdissaient heureux.

- Abomination! Fille de joie qui tente de détourner mes étudiants !

Alors que sa main se tendait férocement prête à agripper mes cheveux, je fermai fortement les yeux pour anticiper la douleur à venir. Mais rien ne se produisit. Le calme revint dans mes oreilles et les paroles de mon enseignant se firent plus distinctes. Les autres étudiants me regardèrent tandis que je sortis en trombe de l'amphithéâtre.

***

Je le vis de loin dans l'embrasure du pavillon de Sully, cherchant du regard parmi la foule. Je contournai vers le gauche afin de le surprendre, et lorsque je fus à sa hauteur je l'apostrophai en tapotant sa clavicule d'un doigt.

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