Chapitre 27 - corrigé

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Mon sang ne fit qu'un tour sur lui même et je me débattis en vain. Ses mains pressaient mes cuisses sans tendresse avant de s'attaquer à ma poitrine. Je serais incapable d'expliquer d'où me vint le sang froid pour réussir à lui dire :

-Attendez, vous ne comprenez pas !

-Il n'y a rien à comprendre, le paiement et ensuite la lettre.

-Voyons sir, le paiement qui vous attend est bien plus favorable pour vous ! Connaissez- vous dame Magdeleine et la réputation de son bordel ?

Cette question le laissa se perdre dans ses pensées une minute, une minute où je n'osai plus bouger de peur de le réveiller de sa léthargie. La plus longue et abominable minute de ma vie. Son visage rayonna de bonheur lorsqu'il hocha la tête de haut en bas.

-Sachez que je suis sa fille préférée... Si je parlais de vous à Magdelaine, elle nous trouvera une chambre bien plus intime qu'une cellule. Et puis... nous ne serions pas seule... nous pourrions être bien plus pour s'occuper de vous. De vos fantasmes. De vos désirs.

Un frisson d'excitation le parcourut et l'homme lécha mon cou dans un grognement de contentement.

-Portez cette lettre à un coursier et une fois que je serais sortie d'ici, venez-me voir. Une nuit de gratitude peut être très longue grâce aux désirs les plus fous à réaliser...

Je lui caressai l'épaule durant tout mon discours et réussis à m'éloigner pour lui tourner autour. Chaque pas mettait plus de distance entre nous.

- Hum... j'aime ça mais ton odeur me rend fou de désir ! Grogna-t-il. Je veux d'abord savoir quel goût ont tes lèvres de sale catin !

Il revint près de moi si rapidement et prit possession de ma bouche si brutalement que le goût du sang se répandit. Ses dents crissaient contre les miennes, sa main aplatissait mes joues et mes poings voulurent repousser cette masse, mais je les gardais immobile le long de mon corps. J'étais immobile, incapable de bouger. Il approcha sa tête de mon cou pour y sentir mon parfum. Et pour la première fois, lorsque la noirceur prit enfin place dans la cellule, je me sentis respirée. Je courus me jeter à terre devant la bassine et plongeai mes mains dans l'eau glaciale pour frotter mes lèvres et enlever son goût, sa sueur, son souvenir de mon corps sali. Je me rallongeai, comme morte, sur la paille qui se colla à mes bras et attendis en me balançant. La fièvre ne mit pas plus de quelques heures avant de s'emparer de moi.

***

Le silence qui régnait dans le couloir ne devint plus qu'un lointain souvenir. Des voix criaient, ou bien était-ce mon imagination ? Je connaissais l'une de ces voix. J'aimais cette voix, elle me rassurait. Elle était la lumière dans les ténèbres qui m'enveloppaient. Combien de temps étais-je restée ainsi ? Je pouvais remuer, mais cela était bien trop désagréable alors je ne le fis pas. La voix de mes songes s'adressait à moi en une douce mélodie, mais elle était tracassée. Je fronçai les sourcils en imaginant une ride d'inquiétude plissée son beau visage.

-Elia, mon Dieu !

Son odeur picota délicate mon nez et je l'humai pour ne jamais l'oublier, un mélange de pin avec une légère teinte de sueur.

-Elisabeth, ouvrez les yeux !

Pour quoi faire ? J'étais bien au près de lui dans mes rêves même si j'aurais aimé voir son visage. Mais cela était bien trop dure ; Quand je tentais de prendre possession de mon corps, la douleur se ravivait.

-Faites appel à un médecin immédiatement et conduisez-moi dans vos quartiers ! Vous allez le regretter Launay, je le jure sur mon honneur ! Vous le regretterez de votre vie !

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