Chapitre 18 - Corrigé

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Je me tournai si vivement vers cette voix familière que ma vision se brouilla en petits points blancs. Les palpitations de mon coeur s'emballèrent dans une course effrénée quand je le vis. Daniel se tenait de toute sa prestance dans l'encadrement de la porte. Aucun sourire n'illuminait son visage d'ordinaire taquin et lorsqu'il passa sa main sur celui-ci, un grognement lui échappa.

- Bonjour mon frère, bonjour Madame De Pavonce.

Il s'inclina puis passa loin de moi pour s'installer dans le fauteuil près de la cheminée. Sa froideur était semblable à celle du portrait derrière lui, me laissant coite.

- Je vois Madame, que vous avez fait connaissance avec mon frère. Enfin... si vous comptiez déjà nous quitter, ne prenez pas la peine de rester.

Que je le veuille ou non, j'avais eu un impact sur ce siècle et sur lui. Ce n'était pas un jeu mais une vie passée qui en pâtissait. Comment avais-je pu être aussi égoïste ?

- Je ne souhaite pas vous faire perdre votre temps, Monsieur. Je voulais m'excuser suite à ma soudaine disparition et vous faire mes adieux.

- Vos adieux ? Comme c'est charmant.

Son ton était acerbe et finit de rendre l'air de la pièce électrique. De son index, il grattait la ligne rosée barrant sa joue agrémentée d'un sourire mauvais. Il ne détourna pas son regard du vide, les sourcils relevés en arc de cercle. Thomas De Nicolay pressa une main sur son épaule avant de s'éclipser en fermant la porte, prétextant une affaire urgente.

- Daniel...

- Vicomte De Nicolay, je vous prie de m'appeler par mon titre.

Quelque chose se brisa en moi en entendant ses paroles. Et à partir de ce moment là, la course contre la montre - et vers notre perte - était lancée.

- Ne mettez pas cette distance entre nous s'il vous plait. Je n'avais pas le choix, croyez-moi !

La lourdeur des secrets qui pesait entre nous me semblait injuste. Je m'approchai à l'extrémité du canapé pour le sentir plus proche, pour tenter de briser ce mur qu'il érigeait. Mais cela eu l'effet inverse. Il se leva d'un bond et tel un félin se mit à marcher de long en large.

- Non Elisabeth !

Ce n'était pas mon prénom.

- Elia, s'il vous plait...

- Je vous ai attendu chaque jour de chaque semaine, et vous n'êtes jamais venue ! Ne suis-je donc qu'un passe-temps pour vous?

Je voulais lui crier la vérité pour qu'il comprenne, mais seul le silence répondit à ma place. Je n'avais pas le droit de lui dire à quel point il m'avait manqué.

- Vos secrets me donnent envie d'apprendre à vous connaître, mais cela doit cesser. Je n'avais aucun moyen de vous contacter car la réalité est que je ne vous connais pas et que je ne sais pas qui vous êtes.

Je m'approchai doucement de lui et posai ma paume sur son bras. Pour la première fois, il me regarda et son masque tomba. L'incompréhension que je lisais dans son regard m'était insupportable. Je n'avais pas le droit de lui faire cela, je ne pouvais pas lui faire plus de mal. Pas à lui. Hypnotisée par son aura et cédant à mon envie, mon autre main se tendit pour frôler sa cicatrice.

- Dieu vous a-t-il envoyé pour me châtier de mon pêcher d'antan ?

- Point du tout, je ne suis juste pas de votre monde Daniel, chuchotai-je du bout des lèvres. Mon but premier n'était pas louable mais ne concernait en rien votre titre ou votre fortune. Je peux inventer toutes les raisons que vous souhaitez entendre, mais ne peux vous révéler mes secrets.

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