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Le soleil n'avait jamais été aussi beau. Allongé au pied d'un arbre, près du lac de notre village des montagnes, Konoha, j'admirais le ciel. Les nuages défilaient cachant parfois l'astre lumineux. Le temps passait. Lentement.

Pour moi il paraissait sans fin. Quoi que je fasse, il n'allait pas plus vite. Mes jours, mes nuits, tout était rythmé par mon ennuyeuse routine.

Et mon monde ne s'arrangeait pas. L'orphelinat. Le lycée. Point final. Pas d'amis. Pas de copain. Pas de parents.

« Moi qui rêvait de grandes aventures. Ce sera pour une prochaine vie. » Soupirai-je ennuyé.

Demain ce sera la rentrée. Je serai en seconde. Je retrouverai sûrement les gens du collège. Il n'y avait pas grand chose à dire de plus.

Je fermai doucement les yeux, oubliant un peu ma vie. Les heures défilaient, et quand enfin je me réveillai, le soleil était bien bas. Caché derrière les hautes montagnes du village, les dernières lueurs s'éteignaient en douceur. Le vent se levait. Il balaya d'un revers de main les hautes herbes en contre bas de ma petite colline. Il caressait la terre pour venir s'échouer sur mon visage. Il fit le contour de mes traits fin. Il secoua mes cheveux blonds comme le blé, chatouillant mes joues balafrées de trois cicatrices symétriques. Ma peau hâlée frissonnait et mes paupières s'affolèrent sur mes yeux bleus. Je n'étais pas moche comme garçon. Plutôt mignon. Mais trop faible.

Mes bras tremblaient, et mes jambes n'en menaient pas large non plus. Et pour cacher toute cette fragilité je baissais la tête, demeurant invisible devant les autres.

L'attention des autres... C'est quelque chose que je n'ai jamais eu. Et que je n'aurais sûrement jamais.

Le soleil disparaissait enfin quand je décidai de me lever. Je tournai une dernière fois la tête vers le ciel. Ma mère, mon père, ma famille. Pourquoi m'ont-ils laissé derrière eux ? Je m'éloignais pas à pas, en silence, de mon repère.

C'était injuste de m'abandonner avec pour seul cadeau un nom et une appartenance à une famille disparu.

— Naruto Uzumaki !!!! Hurla la voix de cette terrible mégère.

Je sursautais. Je ne voulais pas l'entendre ce soir. Non pas cette nuit. Je voulais être tranquille. Pouvoir dormir, rêver et ne jamais me réveiller.

Après tout qui m'attendait chez moi ? Avais-je seulement un « chez moi ». Un endroit où dire haut et fort « je suis rentré ! ». Non. Ça, cela n'existait que dans les films.

Une douleur sourde contre ma joue, et un bruit de gifle retentit dans la petite cour, me sortant violemment de mes pensées. Je portais doucement ma main à ma pommette, touchant du bout des doigts la nouvelle trace rouge, habituelle. Elle avait recommencé.

— Tu vas te dépêcher d'aller nettoyer la vaisselle et les sols. C'est dégueulasse alors va faire ton boulot !

Je me dépêchais de filer, espérant ne pas me prendre d'autres coups, encore. Sa voix sifflante retentit à mes oreilles, m'avertissant que je ne mangerais pas ce soir. Comme tous les autres soirs. Comme toujours. Sans aucunes exceptions.

Comme durant toute ma vie.
Sans aucunes explications.

Au gré du ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant