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Nous sommes jeudi. Cela fait 2 jours que je ne suis pas allé en cours. À force de traîner dans le froid et de dormir dans les courants d'air glacés, la température a eu raison de moi. Je suis resté cloîtré dans ma chambre, sans bouger. À attendre que mon corps me soigne. J'ai eu le temps de penser entre deux maigres repas. Kiba, mon ami d'enfance, Kiba. 2 jours que je n'avais pas de nouvelle.

Assis en position foetal, sur le sol glacial de mon débarras, il me manquait. Parfois quand je tombais malade, étant enfant, il me rendait visite avec son chien Akamaru. La petite bestiole se collait à mon corps presque mort pour me réchauffer. Kiba me faisait rire en imitant Mme. Shita ou Kabuto. Il avait le don de me donner une grimace qui ressemblait aux sourires des autres enfants. Et je me rappelais, qu'à chaque fois qu'il partait, et que je souriais ; ils me battaient. Alors avec le temps, Kiba ne venait plus.

Mais hier soir, j'avais bien envie de voir sa frimousse et de sentir la chaleur d'Akamaru. Et puis je revoyais son air ravis en rejoignant la belle Hinata. Elle avait de la chance, Hinata, elle possédait Kiba rien que pour elle.

Et moi assis là, sur les gradins du terrain de foot, je regardais mes camarades s'agiter pour récupérer le ballon. Le professeur de sport, Gaï Maïto était enfin revenus de son séjour à l'hôpital de Konoha. Il avait fait une chute quasi-mortelle durant ses vacances à Suna. Il voulait plonger du haut de la falaise, il avait oublié qu'à Suna, il n'y avait que du sable.

Le professeur Gaï, il m'aimait bien. Il ne s'arrêtait jamais de répéter que "la fleur de ma jeunesse était fanée, et qu'il fallait que je me batte pour l'arroser". Je comprenais pas mais au moins, il me laissait sur le banc de touche tranquillement à ressasser mes sombres pensées.

Je me concentrais un peu plus sur le match qui se déroulait devant moi. Les filles faisaient les pom-pom girls, et les garçons traversaient le terrain en rigolant. L'équipe rouge contre l'équipe jaune. Sasuke Uchiwa contre Shino Aburame. Je n'avais encore jamais vu Shino courir, et je ne le voyais toujours pas d'ailleurs. Il essayait de galvaniser ses troupes, mais ils étaient tous en admiration face au talent de Sasuke. Alors l'équipe rouge menait à 15-3. À mon avis Gaï-sensei ne tarderait plus à vouloir recruter Sasuke dans son club de sport spécial jeunes surdoués. Et je voyais parfaitement Sasuke incliné légèrement sa tête à gauche, dévisager lentement Mr. Maïto d'un air critique avant de grogner un "hn" d'acquiescement. Sasuke était un peu... Prévisible. Enfin, pour moi il l'était.

Le vent souffla plus fort sur le minuscule stade me faisant frissonner, certes Mr. Maïto me laissait sur le banc mais il avait insisté pour que je me change. Alors dans mon short orange qui m'arrivait au genoux, j'avais froid. Tout simplement froid. Mes mains frictionaient inlassablement mes bras, en vain. J'avais, encore et toujours, froid.

Perdu dans mes pensées je ne vis pas le ballon foncé droit sur moi, la douleur par contre, elle irradiait mon ventre telle une brûlure. Je remercierais volontier Neji pour cela, s'il ne me traînait pas déjà par mon t-shirt jusqu'au terrain.

Il me balança sans ménagement sur l'herbe, dans les cages. Je me relevai difficilement en jetant un œil aux alentours. Gaï-sensei n'était plus là, surement parti chercher du matériel pour le prochaine exercice. Et Sasuke...

- Regarde par là, monstre ! Et un coup de pied en plein visage m'envoya face contre terre.

Neji était gaucher, et il avait autant de force dans le bras que dans la jambe.

- Pas la peine de chercher ton prince charmant, fillette, il est parti avec ce cinglé de prof ! Y'a juste toi et nous maintenant. Saï, amène moi la balle.

Je glissai un regard à Neji, un sourire horrible trônait sur ses lèvres, le ballon au bout du pied. Il envoya deux personnes me maintenir debout, il ajusta son tir, pris de l'élan, et frappa.

La violence du choc fut telle, que je crachais mon hémoglobine. Je l'entendais grogner que ce n'était pas assez. Je voyais ses pieds s'avancer rapidement vers moi, et son crâne percuta le mien tout aussi vite. Je tombais au sol rudement, il me roua de coups encore. Mais cette fois, je ne pleurais pas. Mes yeux restaient secs. Et il faisait toujours aussi froid, dans mon corps.

Les coups s'arrêtèrent et une voix retentit dans l'air :

- Mais que se passe-t-il ici ?! Hurla Gaï-sensei

Je sentais des bras me relever et me soutenir. Neji et Saï. Celui ci avec toute l'hypocrisie du monde, expliqua la situation :

- Ah monsieur ! Vous tombez bien ! On allait envoyé Ino vous cherchez ! Naruto descendait les gradins et puis il a soudainement perdu connaissance et s'est écrasé dans les escaliers. On l'a ramené jusqu'ici pour le poser contre les poteaux et on a essayé de le réveiller. Mais comme vous pouvez le voir, ça ne va pas fort ! Pas vrai Naruto ?

Je bougeais mollement la tête de haut en bas pour acquiescer ses dires. De toutes façons qui m'aurait cru ?

Je tentais vainement de relever là tête vers Sasuke qui accompagnait le professeur. Son visage n'affichait aucune expression. Il s'avança vers nous en douceur et me porta sur son dos. Sans un mot il m'emmena à l'infirmerie, où l'infirmière ne me regarda pas et sortie juste de la salle, ignorant notre présence. Il me posa sur le lit de fortune et je me voûtais pour qu'il ne puisse pas voir mon visage couvert d'ecchymoses.

Avec une patiente que je ne lui connaissait pas, il me retira mon t-shirt noir, attrapa un ciseau et m'enleva toutes mes bandes de straps. Il saisit ensuite une bombe de désinfectant et m'aspergea le torse. Une chaude brûlure, presque agréable m'envahit de toutes parts.

- Il faut désinfecter tes plaies avant de mettre quoi que ce soit dessus. Sinon cela va empirer.

Le silence envahit de nouveau la pièce. L'air froid, ce visage maussade, cette expression désintéressée ; je ne comprenais pas.

J'avais si mal à l'intérieur. Les mains de Sasuke caressait doucement ma peau en appliquant des bandages stérilisés. Et ça me brûlait encore le coeur. Il fit le tour de mon buste, s'appliquant à ce que chaque plaies soient cachées, en sûreté. Mon ventre était broyé par ce mal inconnu, insaisissable. Il mettait un masque sur son beau visage, cachant la moindre expression faciale aux autres, restant toujours neutre. Je voulais hurler. Lui criait-il lorsque la douleur était trop intense ? Je voulais pleurer. Lui ses larmes était de quelles couleurs ? Je voulais partir. Lui, me laisserait-il un jour ?

J'avais si mal, pourtant je lui souriais, ou du moins, j'essayais. Je ne voulais pas qu'il s'implique, et pourtant je mourais d'envie qu'il me demande comment j'allais.

Une gifle. Un claquement. Une marque rouge. Un signe distinctif de la haine.

- T'es nul Naruto. T'es faible et tu le sais. Et les faibles meurent, Naruto.

Il me tourna le dos sans plus de cérémonie. Il posait sa main sur la poignée, ouvrit brusquement la porte et sortit en lançant dans les aires une dernière réplique cinglante.

- Ce serait vraiment bête de mourir parce que l'on est faible.

La porte claqua et le silence revint encore. Il était comme un oiseau de nuit, il venait, semait le trouble dans ma tête, dans mon cœur. Je me sentais mal quand il partait.

Et j'avais encore plus mal quand il avait raison.

Ce soir là, assis sur mon lit, au fond de mon débarras, j'avais froid. Et je n'avais encore jamais autant pleuré.

Et j'avais mal ce soir là, j'avais mal, comme tous les autres soirs.

Au gré du ventWhere stories live. Discover now