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Le village de Konoha était petit. Les amis on les croisait au coin de la rue, au marché, ou près du lac à quelques kilomètres du village. Les inconnus, il n'y en avait pas. Les repas de famille, se transformaient souvent en grande fête générale. On était en relation avec les petits et les grands. Les gens entendaient souvent "Tu ne serais pas le petit-fils de..." Ou bien "Mais c'est toi l'oncle de..." Ou encore "Je connais ta maman depuis longtemps". Tout le monde se connaissait, tout le monde s'appréciait, et de ce fait, les rumeurs courraient vite.

De foyer en foyer, de voisin en voisin, de copain en copain. Il n'y avait aucun secret dans ce village. Alors quand le fils d'un tel raconta au fils de l'autre, et que celui là même le cria à son père, une rumeur faisait le tour du village en moins de 3 heures.

Une personne nous avait aperçus partir, Sasuke et moi. Maintenant la totalité des habitants de Konoha était au courant.

Bien sûr, moi je ne l'appris que le lendemain matin en me dirigeant vers le lycée. Je sus que quelque chose clochait quand tout le monde me regardait de travers. Pas que cela changeait de d'habitude, mais même les adultes les plus silencieux s'y étaient mis. Ceux qui m'ignoraient superbement hier, me crachaient dessus aujourd'hui.

Et une fois de plus je ne comprenais rien.

Du moins jusqu'à mon arrivé au lycée, où la bande de Sakura m'attrapa par le haut de mon pull et me roua de coups une fois de plus. Les mots fusaient à tout allure en dehors de sa bouche, et je n'en discernais aucun clairement. Je sentis le pied de Saï s'enfoncer dans mes côtes, il percuta violemment mon plexus et ma respiration fut coupée brutalement. À quatre pattes au sol, la voix criarde de Sakura me parvint aux oreilles :

— Espèce de mécréant ! Qu'est ce que tu faisais hier avec notre Sasuke ?! Tu l'as perverti j'en suis sûre ! Monstre ! Tu peux pas juste nous laisser tranquille pourriture ?!

Les yeux rivés sur ses chaussures, je cherchais désespérément de l'air. J'avais l'impression d'étouffer. Ma poitrine me brûlait et je me sentais mourir. Un étau se ressérait autour de ma gorge, je n'avais même pas la force de me relever. Les larmes bloquèrent ma vision et mes oreilles n'entendaient rien de plus qu'un affreux sifflement du diable. Je plaquai ma mains contre ma poitrine. J'enfonçais mes ongles dans ma chair tentant vainement d'appaiser cette douleur cuisante. Mon corps mourait silencieusement, personne n'aperçut mon visage rouge et mes yeux sortirent de leur orbites.

Non, la totalité du monde ne voyait qu'un simple déchet ramper sur le sol, la tête dans la boue de la cour.

J'ouvrai la bouche comme un poisson, cherchant une bulle d'oxygène dans tout cet air. C'était bien la seule chose que l'on partageait avec moi. Je me hissai difficilement sur mes genoux, pour que cette molécule glisse dans ma trachée, puis dans mes bronches, bronchioles jusqu'à alimenter mes petites alvéoles. Cela ne plût pas du tout à Neji de me voir lutter pour vivre, il écrasa à nouveau mon visage par terre de son pied.

J'étouffais, je me sentais basculer dans le noir de l'inconscience, mon plexus douloureusement contracté. Je roulai au sol, passant mes bras autour de mon corps, je ne voulais plus ressentir la mort, celle qui habitait tous les pores de ma peau en cet instant. Je fermai les yeux, vaincu par la douleur, sombrant dans l'inconscience.

À mon réveil j'étais toujours au même endroit, sur le sol gelé du lycée. Mes doigts étaient bleus, le rude froid d'octobre s'était infiltré dans tout mon corps. Je ne sentais plus la douleur cuisante du manque d'air. Je me collai contre le mur décrépit du bâtiment, regardant le ciel. J'avais froid, terriblement froid. Mais pour une fois, la seule fois à bien y réfléchir, c'était bon. Car si je sentais le froid en moi, c'est que la vie dans mon corps n'était pas encore partie. Elle était enchâinée à moi, la vie. Elle se battait pour me fuir, pour me laisser mourir. Mais au final je crois bien que le dieu assis sur son trône dans les cieux, avait son avis sur la question. Il me faisait souffrir encore et encore, en me laissant vivant alors que tout était contre mon existence. Je me demandais alors quel péché avais-je pu commettre pour que la vie m'exile de sa beauté, en me donnant que le revers de sa médaille.

Mon pull humide se collait à ma peau, je me sentais frissonner quand la pluie vint m'éclabousser le visage. Un déluge s'abattait alors sur le village de Konoha. Je ne portais pas grand chose sur moi, rien qu'un pantalon vieux comme le monde et mon pull orange datant de mon 10ème anniversaire. Mes chaussures prenaient l'eau, et les lames glaciales de la pluie me coupaient la plante des pieds. Je grelottais, claquant mes mâchoires dans un rythme sinistre.

C'était fou que je sois encore en vie, alors que le froid régnait en maître sur la vallée depuis le début de ce mois.

Mes cheveux s'écrasaient contre mon front, me piquant parfois les yeux. Je les fermais d'ailleurs, me concentrant sur la douceur de la pluie contre mes joues. Je restais durant plusieurs minutes, dans le silence complet. Les oiseaux ne chantaient plus, le vent n'agitait pas les branches des arbres. On aurait dit le paradis si la pluie ne donnait pas un air macabre à ce lieu, désert de toutes vies. 

Enfin les gouttes humides cessèrent de caresser mon visage. J'ouvris les yeux, pensant que la pluie c'était arrêtée. La surprise m'étrangla la poitrine quand je vis Kiba, debout tenant un parapluie au dessus de moi. Il me sourit de toutes ses dents avant de finalement s'assoir près de moi. Il me dévisagea silencieusement avant de lâcher un profond soupire de douleur, et je trouvais ça particulièrement drôle, que ce soit lui qui ait mal.

— Ils ont recommencé c'est ça ? Me demanda-t-il alors qu'il connaissait déjà la réponse. Je suis désolé Naruto, poursuivit-il en ancrant ses yeux dans les miens, j'aurais du être là, peut être que tu aurais moins souffert...

Je ne dis rien, de toute manière s'il était venu, cela n'aurait rien changé. Le mal gagnait toujours, alors à quoi bon se battre ?

Je détournais le regard, rougissant. Je n'avais pas l'habitude qu'il me porte tant d'attention. Surtout ces derniers jours où il traînait toujours avec Hinata. Je pensais vraiment qu'il m'avait oublié.

— Il faut que j'y retourne, pardon Naruto mais Hinata m'attend.

Je le regardais s'enfuir en courant vers l'entrée du bâtiment. Finalement peut être que je ne comptais pas tant que ça. Je soupirais, fatigué.

J'avais mal. Partout, dans ton mon corps. Les larmes s'enfuir toutes seules se mélangeant avec la pluie. Je me sentais comme abandonné. Le dos de Kiba disparut dans la chambranle de la porte et mes pleurs redoublèrent. J'avais comme, perdu quelque chose de vital. Le vide progressait petit à petit en moi. Ce n'était que de la tristesse, de la peine, encore et toujours la même.

Je n'en voulais pas à Kiba, il avait réalisé que j'étais pourri de l'intérieur, et il s'accrochait à d'autres. C'était l'instinct de survie, et celui de Kiba devait un jour ou l'autre se réveiller.

Je me demandais alors, quand celui de Sasuke apparaîtrait, quand serais je à nouveau totalement seul.

Je me décidais à rentrer, j'avais le sol de la cuisine à nettoyer, et des draps de lit à laver. Je n'avais pas le courage d'affronter leur regard, encore moins celui de Sasuke. Et je ne voulais pas le mettre dans l'embarras. Alors autant me rendre un temps soit peu utile, en travaillant comme je l'ai toujours fait.

Le vide et la douleur, reprenaient leurs droits dans mon cœur.
Bientôt mon corps sera aussi bleu que mes doigts gelés par le froid.

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Brunette_solitaire.

Au gré du ventWhere stories live. Discover now