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Je marchai silencieusement sous la pluie. Il était tôt. Sûrement trop tôt.
Mais cela me convenait parfaitement.
Au moins personne ne venait m'embêter.

Le vent froid de ce début d'octobre s'infiltrait dans mon corps. Il gelait mes os et pétrifiait mes muscles. Mon nez et mes joues rougissait, j'enfonçais plus profondément mes doigts glacés dans les poches de mon pull orange. La pluie avait complètement humidifié le tissu, et je sentais ma chaleur corporelle s'évaporer petit à petit.

Je ne portais sur moi qu'un vieux jeans troué, des baskets qui prenaient l'eau et mon pull terriblement usé. Mon sac d'école se balançait sur mes frêles épaules. Mes livres de cours déchiraient inlassablement la base de mon sac, on pouvait de temps en temps, apercevoir ces petits trous de deux centimètres de diamètre.

Je jetais un coup d'œil vers le ciel, il était gris, trop sombre, presque noir. Les nuages envahissaient la voûte céleste habituellement bleue, et s'étendaient tout le long des montagnes, reconvrant la totalité de la vallée.

Ce matin, ce n'était pas le martinet qui m'avait réveillé, mais bien la pluie froide de ce 13 octobre. Une fuite dans le toit, au dessus de mon triste matelas. Les gouttes s'étaient écrasées sur mon visage, chacunes le tailladant un peu plus de leurs lames gelées. Je n'étais pas triste, elle était toujours moins douloureuse que la mégère, la pluie. Elle paraissait presque douce, si le froid ne l'accompagnait pas. Aujourd'hui je m'étais habillé lentement. Plusieurs minutes s'étaient écoulées le temps que j'enfile mon pantalon et mon pull. J'avais savouré ce temps de liberté. On ne m'avait pas pressé, pas obligé à me dépêcher d'obéir. C'était un instant paisible que de s'habiller. Puis j'avais regarder la pluie s'écraser contre la vitre de mon cagibi. Celle fissurée par endroits, qui ne tarderait pas à se briser. J'avais posé mes doigts contre ce verre froid, savourant ce bonheur de ne pas sentir de coups s'abattre sur mon corps.

Puis Mme. Shita était entrée en trombe, m'attrapant par les cheveux pour enfin me balancer au sol. Elle gromela quelques mots avant de me jeter dehors avec son balais, celui ci presque aussi vieux qu'elle. Je la trouvais agréable ce matin là, Mme. Shita. À croire que la pluie la rendait plus aimable, ou bien plus désespérée.

Maintenant je marchais silencieusement sous la pluie en direction de mon lycée. Nous étions lundi, et non pas un vendredi à ce que l'on pourrait croire.

C'était un lundi 13 octobre pluvieux et gris à Konoha, le village perdu dans la vallée.
Mais je trouvais ce même lundi agréable, du moins il l'était jusqu'à ce que je me trouve devant les grilles en fer sombre de mon établissement.
Je prolongeais mon chemin de quelques mètres, pour m'assoir sur le muret de pierre, à gauche du portail.

Et j'attendais, patiemment, seul, dans le silence. Je pensais que mes camarades de classe devaient certainement prendre leur petit déjeuné à cette heure si. Dégustant leur petit pain au lait avec leurs parents, tous sourires. Rigolant, insouciant de leur journée qui allait commencer dans si peu de temps. Ils iraient sûrement s'habiller chaudement, à mon inverse, contre la température inhabituellement froide de ce 13 octobre. Puis ils descenderaient dans les rues, recherchant leurs amis pour marcher gaiement vers le lycée. Ils pesteraient contre le mauvais temps et prieraient pour que cette journée se termine vite. Enfin, ils passeraient en riant devant moi, sans me voir.

Et tout se déroula comme je l'avais imaginé.

Les adolescents passèrent sans me jeter un seul regard. La tête baissée, les yeux rivés sur mes chaussures, je passais inaperçu. Ils défilaient tous devant moi en riant, souriant, heureux. Et, j'attendais patiemment que la cloche sonne.

Le gong résonna, et je m'enfuyais silencieusement vers ma classe, bousculé par mes camarades. Je croisais même Kiba, assis contre un mur, il se releva précipitamment en me voyant au bout du couloir. Il me fit une accolade en souriant heureux de me voir.

Au gré du ventWhere stories live. Discover now