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Sa peau me brûlait. Ses yeux enflammaient la mienne. Et sa chaleur incandescente ravageait mon corps. Mon visage enfouit au creux de son cou, j'inspirai à pleins poumons son odeur tranchante de vérité. Il m'avait aidé. Il soutenait mes pleurs et appaisait mes tourments. Mon cœur jouait du ramdam dans ma poitrine. Il s'agitait à une vitesse folle, mon torse se soulevait à un rythme irrégulier. Cet étau qui agrippait mon muscle de vie était si agréable. Il compressait mon enveloppe charnelle et mes sentiments s'imprimaient violemment sur ma peau. Les frissons de plaisir parcouraient mes bras remontant jusqu'à mes joues rouges, séchées de larmes. Je me collais davantage à sa peau blanche, contrastant avec la mienne bronzée par des heures de corvées au soleil. Mes yeux coulèrent dans les siens absorbés par la tendre obscurité de ses prunelles. Ses mains caressèrent mes épaules, glissant vers mes clavicules. Il attrapa doucement mon menton relevant mon visage vers le sien où trônait un rictus fier.

— Tss, t'es pas censé te défendre ?

Mon cœur rata un battement. Ses lèvres rouge-sang qui bougeaient devant moi m'hypnotisaient. Je me sentais happé par cette sensation dérangeante d'envie. Sa bouche pulpeuse qui articulait je ne sais quel mot, la courbe parfaite de son sourire en coin m'étranglait. Mon cerveau se retournait dans ma tête entraînant mon cœur dans une danse endiablée. Perdu entre la réalité et le rêve je planais au dessus des étoiles. Je me collais davantage à lui cherchant encore et toujours cette chaleur nouvelle qui comblait tout mon être de ce sentiment grisant. Il affolait ma poitrine qui s'agitait violemment et le rouge me montait aux joues. Mes yeux me brûlaient encore et je doutais que mes pleurs en soient la cause. Je distinguais sans peine sa silhouette ferme, son t-shirt noir, son torse d'homme, secoué de ricanement ironique. Il se moquait et moi, moi je naviguais à l'aveugle dans cet océan d'émotions. Je me noyais sans lutter contre ce phénomène enivrant.

Sa main attrapa brusquement mes cheveux, ses yeux s'enchainèrent au miens, basculant tout mon être dans l'abysse. Ses doigts rencontrèrent ma joue, et je n'eus pas mal. La souffrance se fit absente. Une bulle d'oxygène circula dans tout mon corps. Moi qui étais perdu dans le gouffre de l'enfer, on me donnait un bout du paradis. Et il s'incarnait en cette main qui caressait ma joue tendrement, laissant glisser son épiderme contre mes cicatrices. Le frisson de la peine nous accordait sur une même longueur d'onde, le courant passait entre nous sans difficulté. Peut être n'étais je pas le seul à être branché au réseau de la douleur.

Son corps repoussa le mien doucement et il se mit sur ses jambes. Il s'éloigna de quelques pas avant de se retourner, le temps d'une seconde où ses joues esquissèrent la mimique d'un rictus. Ses lèvres rouges sanglantes bougèrent de nouveau :

— C'est pas comme ça que tu vas grandir. Lève toi et avance.

Et son dos me percuta de plein fouet. Je me relevais difficilement encore secoué de ce moment de tendresse. J'admirais tout sourire son ombre disparaître à l'angle du couloir.

Où mes bourreaux avaient fui.

La pose était terminée depuis de longues minutes quand je me décidais à avancer. Je ramaissais rapidement mes affaires et me précipitais vers ma salle de classe où Mr. Hatake donnait son cours habituel de français. Je ne m'inquiètais pas trop de ma sentence à venir, connaissant Kakashi-sensei il serait encore en retard. Je ne pouvais empêcher ma bouche de se tordre dans un sourire bancal, même en traversant la salle sous les yeux haineux et les grimaces de dégoût. Installé à ma table j'admirais de nouveau Sasuke assis à ma droite, ou sa main couchée sur le papier blanc s'agitait encore, gravant la feuille vierge de minces filets noirs. L'encre s'attardait sur la page de son cahier avant de pénétrer et de s'enfoncer au plus profond des lignes vides. Je me disais que ses yeux avaient le même pouvoir. Sa main gauche qui travaillait son art était toute tachée de noir. Surement était-ce à cause de sa paume qui frottait toujours inconsciemment son œuvre. Les tâches remontaient jusqu'à son poignet, et je me sentis comme un voyeur à dévorer du regard sa peau, sans aucune retenue. Mes yeux admiraient son épiderme blanc comme le saint Graal. Non il n'y avait pas plus belle chose en ce monde que son poignet qui bougeait habillement contre la table. Et le sentiment qui faisait palpiter mon cœur m'étouffait agréablement et je sentais le feu envahir mes joues. La chaleur qui se baladait dans mon corps me fit perdre la tête.

Les heures s'enchainèrent à une vitesse folle et mon sourire ne se décrochait pas de mes lèvres malgré les coups et les insultes qui s'enfoncèrent dans ma peau. Je me dépêchais de rentrer à l'orphelinat. Je courrais dans la plaine, les cheveux au vent. Je m'affalais en riant au millieu des hautes herbes. Jamais un sentiment ne m'avait donné d'ailes et en cet instant je volais tellement haut dans le ciel. Je touchais les nuages du bout des doigts et le soleil ne me paraissait pas si loin. Mon corps bouillonnait, mon souffle s'affolait et j'oubliais tout. Je plongeais mon âme dans le silence et mon cœur suivait le mouvement. Mon être tout entier brûlait depuis trop longtemps de douleur.

Le souffle du vent sur ma peau était bien meilleur que celui des coups en plein cœur.
Et rêver d'un garçon n'amenait pas de douleur.

Au gré du ventKde žijí příběhy. Začni objevovat