Chapitre 31

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Je ne sais même pas depuis combien de temps on est enfermés là-dedans. C'est quand même incroyable que personne n'ait remarqué notre disparition, comme nous le rappelle Presnel depuis qu'il a oublié son enceinte.

- Non, mais ils ont pas trop l'impression qu'il manque un peu de Kimpembe où qu'ils soient ces chacals ?

- Putain, Presnel t'as avalé une radio ou quoi ? Je me plains en faisant tomber ma tête en arrière.

- Pire, le truc, c'est un cd : il tourne en boucle, souffle Alphonse.

- Parlez pas de trucs comme ça, ça me rappelle ma beat, râle le Parisien.

Alphonse et moi, nous échangeons un regard entendu avant de nous taire. Moins on parlera, moins il le fera aussi.

Kylian est en train d'écrire par terre sur un papier tout aussi imaginaire que le stylo qu'il tient à la main, mais au moins, il a fini par se taire parce que ça a été l'enfer pendant de très longues minutes. Il s'est disputé avec Ousmane qui l'embêtait en faisant du bruit. Et Presnel a dû les menacer de ne plus jamais mettre de musique pendant les déplacements, victoire ou pas, s'ils ne se réconciliaient pas dans la minute, ce qui a plutôt bien marché.

- Vous avez vu, c'est la Croatie notre adversaire de finale. Les Anglais ils disent « it's coming home » c'est pas « coming home » très longtemps hein, continue quand même Presnel.

- Bah ouais frère, on l'avait dit nous : « it's coming my home », ajoute Ousmane.

Je m'assois par terre parce que ça fait vraiment trop longtemps que je suis debout.

- Qu'est-ce que tu fous ?

- Je m'assois.

- Par terre ?

- Bah ouais. On est partis pour rester ici longtemps, autant dormir.

- J'aime ta façon de braver les problèmes.

- Je sais, je sais.

Je vois Presnel galère à écouter derrière la porte.

- Non mais regarde dans la serrure pour voir si y'a quelqu'un dans le couloir.

- Quelqu'un a son téléphone ? S'il vous plaît dites-moi que vous avez votre téléphone ! Crie Kylian. Pour appeler le serrurier !

- Pour qu'il répare la serrur'rie de l'hôtel, dit Ousmane.

- Pourquoi tu dis serrur'rie ? Je demande en fronçant les sourcils dans le noir, ce qui ne sert à rien.

- Bah c'est ce qu'il fait le gars, explique Alphonse. Il fait la serrur'rie.

- Non, il fait la serrurErie.

- Bah non, tu prononces pas la lettre.

- Vous êtes chelou vous. Moi, j'ai toujours dit serrurerie, hein.

- C'est toi qui es chelou, hein. En même temps, tu viens du Sud avec ton accent, là. Regarde, tu m'as niqué l'estomac avec ton cassoulet vieille sorcière.

- C'est toi la sorcière, Ousmane.

Alphonse souffle en rigolant et en soulignant le fait que je suis en train de chipoter. C'est vrai, il a raison. Je chipote.

- Vous savez, je regrette pas d'être venue ici. J'étais pas trop partante pour m'inscrire de base, mais maintenant que je suis là, avec vous, et si proche de la fin, je me rends compte que vous allez putain de manquer quand je retournerais dans mon petit appartement à Argelès.

- Je sais toujours pas où c'est, souffle Alphonse assis par terre pas vraiment loin de moi.

- Peu importe, j'ai mis du temps à le situer sur une carte moi aussi, je souris dans le noir. En fait, je suis limite triste de me dire que la compétition elle s'arrête après ce match-là, alors vous avez intérêt à gagner cette coupe pour que j'ai au moins la prétention de pouvoir dire que j'ai été la première gagnante Fifa à gagner la coupe du monde avec son équipe nationale. Et aussi parce que j'ai pas envie de vous quitter tout tristes, là. Avec vos bouilles de gamins.

Never Stop Dreaming ~ Equipe de FranceWhere stories live. Discover now