Alizées de changement

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Je n'ai jamais su pourquoi dit-on à juste titre, que le printemps est la «saison des amours». Les gens s'aiment en toute saison ! Les personnes se rencontrent tous les jours, elles s'enlacent à toute heure sous la neige, sous la pluie, sous le soleil, sous le brouillard... l'amour n'a que faire du temps qui passe, du climat, de la saison. Mais je ne t'apprends pas que le printemps est synonyme de renaissance. Au printemps, la nature est plus émotive, c'est le temps des cerises et les pommiers recommencent à fleurir. Les fleurs qui jadis avaient fané retrouvent toutes leur fleuraison. C'est le retour des hirondelles et de tous les migrateurs. Les oiseaux recommencent à chanter. Le soleil réchauffe à nouveau, les températures augmentent et les gens sont en général de meilleures humeurs. La gaieté envahie la vie et partout dans la rue, on peut lire cette expression de bonheur sur les visages des personnes. Fini le temps où l'on enfile plusieurs habits comme en hivers, ou comme en été ou l'on palpite de nervosité sous la chaleur caniculaire. On s'habille comme on l'entend : c'est le retour des jupes décolletées pour les demoiselles et le temps des hauts moulants pour les hommes. La nature reprend ses droits et l'on se sent naturellement bien dans sa peau. Les hormones de dopamine et de sérotonines sont davantage produites par l'organisme, sous l'effet de la température. On est ainsi plus sensible, plus flexible aux émotions : on est tout simplement plus apte à aimer.

Aimer de cet amour ! Celui qui a du bon et beaucoup de bon, selon les dires de Maupassant. Aimer de cet amour ! Cet amour qui fait pâtir sous une atroce misère ! Aimer de cet amour ! Celui qui foisonne de désire, sans jamais s'assouvir. Aimer de cet amour ! Cet amour qui nous dérobe la clairvoyance, nous tient à la gorge et nous force à faire tant de sottises. Aimer de cet amour ! Celui fait d'effroi et de courage ! Aimer de cet amour ! Cet amour qui fait et défait les personnes, celui que définit la vie, pour me passer du reste.
Cet amour-là, oui cet amour fait merveille en l'âme. Il nous donne l'espoir, fait battre notre cœur et donne un équilibre à notre existence. Mais hélas, il est aussi l'amour de tous les maux. Il tourmente, ronge et sème le chao absolu.

Voilà tout Mahomet a dit :
—«J'ai trois préférences :
Le parfum, parce qu'il renferme le secret des femmes,
Les femmes, parce qu'elles renferment le secret de l'amour,
L'amour, parce qu'il est la seule prière de l'univers.»—

Ô, j'ai aimé ! J'ai aimé le regard innocent d'une inconnue qui m'a dérobé le cœur. J'ai aimé, clandestinement, jusqu'au désespoir extrême. J'ai aimé un amour qui m'a fuit et qui jusqu'aux cieux s'est enfuit.

MAIS VOILÀ, J'ARRIVE À MON HISTOIRE !

C'était aux aubes d'un printemps, fin Mars début Avril. Je ne finissais pas de poursuivre le chemin de ma vie, comme le hasard ne se lasse pas de nous présenter des aventures. Je demeurais à l'étape de mes interminables voyages. Et le cours de mon destin me reconduisait à Missirah. Missirah faisait chaud par destin, chaud à cuire la cervelle. Mais, en cette période des cerises, le climat y était doux et modéré.

Je revenais après sept ans vers ces lieux où, bonhomme au cœur d'aventurier, je m'étais fait étiqueter une fâcheuse réputation de coureur de jupon.

J'étais là depuis déjà une semaine et je courtisais une fille depuis bientôt une semaine. Le jumelage allait débuter dans deux jours pour s'étaler en trois jours. Et comme il fallut qu'aux programmes de la première journée qu'il eut une soirée dansante, j'avais réussi à décrocher un premier rendez-vous !

Vint le jour et vint Le Fameux Soir !

J'attendais paisiblement cette demoiselle qui avait réussi à raviver la flamme de mes ardeurs amoureuses. On avait rendez-vous à 22H00. Elle s'appelait comment encore ? Tima ! Oui, voilà ! Elle s'appelait Tima, j'en suis sure ! Mais comment est-ce que je l'avais connu, je ne sais pas. On se connaissait, un point c'est tout.
J'habitais Paris, notre grande maison d'à lors se faisait surnommer ainsi. Ce fut le logis qui hébergeait les professeurs venu d'ailleurs pour dispenser des cours en ces localités. Paris était dominé sur les airs par un gigantesque manguier et une grande véranda sur les aires habitables des hommes.

Je l'attendais. Tantôt assis sous le manguier dans la cours de la maison, où j'espérais sa venue; tantôt allongé sur la véranda, où je patientais son arrivé. Tantôt debout sur le quai de la porte, je l'attentais aisément. J'écoutais de la musique, du SLAM pour être plus précis. Histoire de tuer le temps.
Et arrivait fatalement cet instant ou dans ma tête je me disais qu'elle ne viendrait pas, sans une seule nuance de doute :
«Peut-être n'a-t-elle pas eut la
permission pour ce Soir... Ce n'est pas la fin du monde, il reste encore deux jours de fête. Et si elle m'avait posé expressément un lapin alors ? Mais quoi, t'en pis si elle ne s'est pas pointée. De toute façon, les relations qui débutent avec les rendez-vous manqués, ça n'augurent rien de bon. »

23H pendait déjà à la pendule et toujours pas l'ombre de ma nouvelle amie. Puis, ne pouvant plus tenir sur place, j'enfilais un t-shirt noir sur lequel je déposais un manteau en cuire de même couleur, des chaussures fermés à la place des sandales que je portais et je sortis pour me dégourdir les jambes.

Ce soir-là, c'était partout la fête au pays... J'avais toujours mes écouteurs et je secouais la tête.

A quelques centaines de mètre du foyer des jeunes, je vis assis sur un tronc d'arbre abattue, un groupe de cinq demoiselles. Mais je feignis de ne pas les voir. Dès que je les dépassais de peu, elles me hélèrent toutes à la fois. Je feignis aussi de ne pas les entendre.

Puis, une voix !

Une voix qui sonna très nette dans mon oreille, telle la symphonie de la chanson préférée. Cette musique qui enchante votre âme comme si elle eut été chantée que pour vous seul. Cette musique qui vous a envouté depuis son premier bruissement et que vous pouvez vous passer en boucle à longueur de journée sans vous en lasser. La voix résonna jusque dans mon cœur, secoua même mon âme, si j'ose dire.

Je connaissais cette voix !

Soupirs d'un SoirWhere stories live. Discover now