Entre tout et rien

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Les deux pôles de l'existence sont la vie et la mort. Entre les deux, l'amour: vivre et mourir sans amour, c'est exister sans avoir vécu.

L'amour est le sel de la vie. Une vie dépourvue d'amour est une vie bien fade de tout goût.

Et chaque pas que j'ai fait, ce soir là, était inspiré par l'appel irrésistible du cœur vers le cœur.

Mais pour l'amour, j'ai marché à mes propres funérailles: j'ai vacillé entre rêve et cauchemar.

Oh mon ami, il est une supplice dans cette vie que je ne te souhaite jamais de connaître: c'est de tomber sous les charmes d'une croqueuse d'homme. N'a t-on jamais songé à sonder l'âme d'une sorcière ?
Comment enchanté le cœur d'une enchanteresse ?

«Ce serait une première
De séduire une sorcière
De se la taper
Et ne plus la rappeler»,

Me disais-je ensuite.
Alors j'ajoutais:

•Moi: Mais ! Pourquoi est-ce que tu restes toute seule, alors que bien des mecs mettraient la main au feu pour être avec toi ?

•Je pourrai bien te poser la même question, toi qui « coche la case célibataire ».

•Moi : Oh, arrête de te moquer. Et ce n'est pas moi qui suis d'une beauté aux anges et super sexy...

•Si c'est ce que tu souhaites entendre, monsieur est assez Belhomme pour plaire à toutes les filles.

•Moi : Et j'imagine que mademoiselle, ici présente, n'est pas toutes les filles.

•Malheureusement pour toi et heureusement pour moi. Mais allons, curieusement tu n'es avec aucune fille comme ça ?

•Moi : Non, toi d'abord, ensuite je répondrai à toutes tes questions. Dis-moi ! As-tu donc peur d'aimer ?

•Comment te dire ça encore, c'est un peu compliqué pour moi.

Et j'ouvrais grand les yeux, le regard fixe et droit. Comme pour dire, je ne pige rien du tout.

•Ça va, je vais te dire. Je suis amoureuse !

Et le mot «Amoureuse» retentissait dans l'air.

•Moi : Plut au ciel que ç'eut été moi, ce mec qui enchante ton cœur.

Nous riions tous les deux. Puis, amicalement, elle me tapota l'épaule.

Et je poursuivais:
Non, mais sérieux... il est vraiment chanceux ce type la !

•En tout cas, «ni plus, ni moins que toi» !

Et j'étais confus. Je ne comprenais absolument rien. Mais je ne le montrais pas.

•Moi : Et où est-il ?

•Juste ici !

Elle mit son doigt sur son sein gauche, comme pour dire qu'il est dans son cœur. Et je refaisais ma tête de barjot.

•Moi : Où ça, je ne vois personne ?

Ahh ! (Fit-elle. D'une mine de gamine choyée.)
Tu ne vois donc rien toi. Donne ta main !

Elle me prit la main, m'attira tout doucement vers elle. Elle me fixa de tous ses yeux pleins d'affection. Puis elle plaça ma main sur sa poitrine. Et imagine alors quelle sensation de bonheur elle me laissait. Je te jure qu'à ces instants j'aurai aimé que ma main reste coller à ses mamelles à jamais. Je ne disais plus rien, je restais coi.

•Quoi, tu ne vois toujours rien ?

Je remuais la tête pour dire non.
Elle me tint alors le cou et me dit : Approche !

Je cru qu'elle allait me donner un baiser. Puis elle redit :
Non ! Pas comme ça, pas avec ta bouche !

Elle plongea ma tête entre ses seins. Comme le font les femmes qui dorlotent les bébés. Et c'était encore mieux qu'un baiser. Oui ! C'était tellement berçant ! Et il n'y avait que du bon dans ce geste...

•Alors, tu vois maintenant ?

•Moi : Oui, je vois un peu. Mais il y a un petit bruit la, dedans.

Et d'un ton moqueur, elle me dit :
Sort d'ici, pervers ! En me tapotant la nuque.

Aie !!! Criais-je ensuite.

•Oh, je t'ai fait mal ? Laisse-moi voir.

Elle replongeait ma tête en sa poitrine et cette fois ci, en me caressant la nuque. Puis elle dit :
Alors, ça va maintenant ?

•Moi : Hon hon!

Remuant la tête de haut en bas, comme pour dire oui.

Puis je rebondis :
Mais dit moi, puisqu'il a réussi à se faire si petit pour entrer en toi, est-ce que tu penses que tu es également entrée en lui ?

Et elle répondit, d'un accent morose :
Je ne sais pas. Il ne sait pas que je l'aime. Il ne sait même pas que j'existe d'ailleurs. Du moins, il ne le savait pas jusqu'à aujourd'hui.

•Oh, désolé !

•T'en fait pas. Ça fait du bien d'en parler avec quelqu'un. Bref, parlons de toi, bien sûr, si tu n'y vois pas d'inconvénient.

•Moi : Non, il n'y a aucun inconvénient. Que voudrais-tu savoir sur moi ?

•Tu dis que tu «coches la case célibataire», et j'aimerai bien te croire. Mais tu traines toujours avec les filles les plus réussies de beauté et ça se voit qu'elles sont toutes folles de toi.

•Moi : Toi-même tu l'as dit, je ne suis qu'un véreux coureur de jupon. J'aime batifoler un peu partout. Tu sais, la féminité, c'est comme la goutée. Pour savoir la meilleure, il faut en savourer plusieurs. Quand je trouverai mon plat préféré, j'arrêterai de déguster.

Puis, elle reprit son air furax, et d'un ton serein elle me dit :
Il y a quelques instants, ton côté mature avait quelque chose de, je ne sais quoi, charmant. Tu joues au Bad-boy, mais ta facette du joli cœur te sied beaucoup mieux.

•Moi: Hey, ça va. Je disais ça juste pour rire.

•Hé bien, ça ne m'amuse pas du tout.

Alors je compris, je compris comme il est véritable qu'on n'apprend pas à vivre sur un bouquin, je compris qu'on apprend pas à draguer sur un smartphone.

Alors je compris, je compris qu'il y'a un mur de différence entre ce que les femmes aiment et ce que les hommes croient que les femmes aiment.

J'ai toujours imaginé que pour plaire à une femme, il faut être au diapason. Mais c'est loin d'être la vérité. On peut bien séduire tout en restant soi-même.

La séduction c'est la promotion de sa propre personnalité. Reste à savoir ce qui nous valorise auprès des autres.

Soupirs d'un SoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant