Dans la gueule du loup: suite

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Elle se redressa toute droite, me défigura, haussa la tête, et dit :
Approche, épargne a une vieille dame la peine de marcher jusqu'à toi.

J'avançais avec stupeur et tremblement. Je devais soit être inconscient, soit être saisi par cette innocence si chère à l'enfant noir, qui, sans savoir rien de lui, se jeta sur le serpent, sans non plus craindre son venin fatal.

Je me vus baigner dans la rivière de ses prunelles. Son regard témoignait de la sagesse du vieux temps. Les rides sur son visage traduisaient le calvaire des longues années spéculatives et la résignation. «Ainsi que, tous les grands esprits qui vivent solitaires parce que leur élévation les isole au-dessus du niveau commun de la bêtise des peuples...», selon Maupassant ...

•Tu es le seul homme qu'elle n'ait jamais amené à la maison. J'aimerai pouvoir voir ton visage.

•Moi: Et moi avoir ta vie sage.

Elle levait les deux main vers moi, alors que je me mettais à genoux devant elle. Elle levait les mains et me caressa le visage, fermant les yeux et inspirant fortement. Son visage paraissait si flageolant d'émotion, à la fois perplexe et trempé dans des souvenirs occultes, si flageolant d'émotion qu'il me vint une folle envie de le toucher à mon tour. Ce que je fis aussi.

Je mis ma main sur sa joue, ma main sur laquelle elle bichonna sa tête, le tout sur son épaule oreiller. Elle me sourit avec tant de bontés que j'ai cru deviner aucun signe d'inhumanité en la vieille âme de cette dame.

Je repris un peu d'assurance.

Je me tus un instant et je dis:
Alors, c'est vous la mage ! Je ne m'attendais pas à ce quelqu'un qui puisse voir les lendemains ne puisse pas voir la lumière du jour.

•La où s'achève la vision humaine, là, s'ouvre les yeux des autres sens. Et certes, je suis de ceux que vous autres appelez aveugles, mais je vois ce que vous ne pouvez pas voir.

•Moi: Est ce pour cette raison que les gens dites que vous êtes sorcière?

•Je ne fais pas attention aux bruits qui courent. Mais il existe bien des pouvoirs surnaturels...

•Moi: Avec tout le respect que je vous dois, vous avez beaucoup de bontés pour être croqueuse d'homme.

•Non, loin de moi toutes ces inhumanités !

•Moi : Pourquoi tant d'indifférences aux yeux d'autrui ? Tout le monde pense que vous envoutez l'âme des gens ?!?

•Mieux vaut être incompris, que de passer sa vie à s'expliquer.

•Moi : Mais parfois, mieux vaut savoir que d'imaginer des choses...

•Si tu savais tout ce que je sais, je doute même qu'on puisse te traîner ici de force.

•Moi: Elle m'a exactement dit la même chose. Pourtant je suis quand même venu. Je crois par amour.

•Amour, quel scandale ce que vous autres appelez amour... «Le meilleur des cas, vous ne savez point où est ce que vous allez mais vous y aller quand-même. Sinon, vous plongez au fond d'un purgatoire dans lequel vous êtes conscient d'entrer, mais vous y foncez yeux fermées, sourd et muet à la fois.»

•Moi: Le pied ne va que là où l'amour le guide...

•Tout ne s'explique forcément pas par amour, même si pour toi l'amour explique tout.

•Moi: Je ne vous le fais pas dire. Mais maintenant beaucoup de ces choses m'échappent. C'est comme mon ami Demzeau Le Généreux qui disait qu'«Il paraît quand on aime une personne, elle ne nous aime pas; quand une autre nous aime, on ne l'aime pas et quand on s'aime réciproquement, c'est toujours compliqué.»

•Ce qui t'empêche de trouver ta voie, c'est que tu essais toujours de tout contrôler. Il est normal que bien des situations nous dépassent parfois. Tu dois avoir foi en ton destin. Lâche prise, laisse les choses venir naturellement à toi et apprend à aimer sans espérer d'être aimé en retour. Peut-être que tu n'as pas encore rencontré la bonne personne. Suit ton cœur et il te mènera vers l'amour que tu espères tant.

•Moi : Comment suivre mon cœur s'il ne voit que trouble ? Comment garder la foi ? Comment aimer pour ne qu'aimer ?

Elle posa sa main sur mon épaule, se pencha sur moi :
Ferme les yeux et ressent ! Crois que Dieu a un plan ! Aime comme si c'était ta propre sœur !

Puis elle sortit par une petite porte et se dirigea vers un hangar au derrière de la maison. Après quoi, la demoiselle de tout cela réapparue.

Elle portait une robe courte, ajustée et sans manche, en tissu vaporeux. C'était une robe noire décolletée, en forme fourreau avec bustier en cœur. La robe reprenait parfaitement ses formes aux rondeurs aguichantes. Puis, juste en dessous de ses fesses, on avait un léger prolongement en forme de jupe évasée. Elle descendait les escaliers, fière de son instinct. Tranquille, mais d'un air décidée.
C'est alors qu'une bourrasque vent de tiédeur soufflait, soulevant ainsi sa jupe ; et on pouvait admirer ses cuisses et le reste de ses jambes aux corpulences étirée qui avait quelque chose de forcément sensuelle.

Je me levais, d'un air, puis d'un accent stupéfié, je la disais :
Tu n'es pas blanche neige, mais tu as tout d'une princesse, depuis les orteils jusqu'aux cheveux.

D'un ton enchanté, elle répondit :
Je suis contente de te plaire.

J'avançais alors vers elle, je lui tendis le bras et je dis cette phrase sans astuce et sans doute connue de tous les bonhommes :
«Ce serait pour moi un immense
plaisir si vous me laissiez-vous guidez ce Soir... »

Elle répondit :
Je vous suis toute dévouée !

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