Soupirs d'un Soir

L'Amour Savant.

Et au même moment où elle formulait son vœu, en ma personne se dressait mon incorruptible souhait:
«Tous les matins je me suis levé et je t'ai vu comme suspendu sur le toit de ma chambre. Et quand j'ai crus te saisir tu me filais entre les doigts. Tu n'as jamais été loin, je te porte en moi. Tu m'habites et tu cohabites ce cœur qui m'anime. Tu es l'entité vivante pour qui j'existe. Quand tu ne fus pas là, la vie était bien fade de tout goût et me dégoutait. Quand je te sentais loin, l'existence devenait absurde comme un carré négatif. J'ai toujours aimé te voir, te voir et contempler ces fossettes sur tes joues souriantes, souriantes comme la plus belle fleur de lis s'épanouit. Juste te voir et voir ton joli petit visage, élan de mon cœur fou de passion, ton joli petit visage qui me donne la chair de poule. M'entends-tu, écoute mon démon cœur battre en décibel. Mon cœur que ton nom chante, mon cœur t'appelle».

Elle rouvrit ensuite les paupières et la luisance de ses yeux m'envahissait telle la plus belle levée de soleil envahissait l'aube naissante du plus beau des printemps.

Tu ne fais pas de vœu toi ?S'inquiétait-elle.

•Moi : J'ai arrêté de faire de vœu depuis tout à l'heure, depuis que tu fais danser mon cœur de la musique ton doux rire.

•Il n'y a donc rien qui puisse te décourager, mon cœur est déjà épris.

•Moi : Mais tantôt tu disais que jusqu'à aujourd'hui, l'homme que tu aimes tant en silence ne savait pas que tu existes.

•Oui, c'est ça.

•Moi: Jusqu'à aujourd'hui je ne savais pas que tu existes. Qui me dit que cet homme n'est donc pas moi ?

•Tu rêves en couleurs.

•Moi : C'est toujours mieux que de rêver en noir et blanc ou de ne point rêver du tout.
Mais est-ce que je dois comprendre qu'aujourd'hui tu as réussi à l'avouer la nature de tes sentiments ?

•Non, pas du tout ! Ce n'est pas à moi de le faire. Ce n'est pas aux femmes de courtiser les hommes.

•Moi: Il ne s'agit pas de le courtiser, mais de lui dire que tu te consumes d'amour pour lui.

•C'est kif kif. Je ne vais pas jouer la marqueuse à la culotte.

•Moi : Non, attend ! A mon tour de te demander est-ce que tu penses honnêtement à ce que tu dis ?

•Bah, oui. Je le pense !

•Moi : D'abord tu es super canon. Ensuite, tu affiches un sacré caractère. Et tu crois que même si ton mec flippait sur toi, il oserait se déclarer ?

•Et si c'était toi alors ?

•Moi : Pardon !?!

•Si toi tu flippais sur moi, oserais-tu te déclarer ?

•Moi : J'aurais un peu d'effroi et naturellement, mais je vais y arriver. Il y'a des gens qui soutiennent que la beauté d'une femme ne peut pas dépasser la valeur d'un homme, et moi je suis de cet avis.

•Si toi tu y arrives, il y arrivera.

•Moi : Et si ce n'est pas le cas ?

•Comment ?

•Moi : S'il n'éprouve pas la même chose pour toi ? Tu comptes rester dans l'ombre comme un fantôme et le voir dans les bras d'une autre femme ; tout en te disant que ç'aurait pu être toi ? Peut-être qu'il t'aime ; mais qu'il ne se rend pas compte qu'une telle flamme pourrait demeurer en toi. Il part donc avec une autre, sans se retourner, sans même s'imaginer ce que toi, dans l'ombre et sans défense, pourrais ressentir. Et cependant, une simple déclaration aurait pu tout changer et faire de cette énergie en toi une véritable bénédiction, qui ferait basculer ta vie entière.

•L'amour n'est pas fait pour moi.

•Moi : Croqueuse d'homme ou pas, envouteuse d'âme ou je ne sais quoi d'autre, on a tous le droit d'aimer et d'être aimé. J'ignore tout de ce qu'est l'amour peut-être, mais qui a dit que l'amour n'était fait que pour les gens ordinaires, pour parler en tes propos, et non pour les autres que la société relègue au second rang ? Par quel droit le cœur d'une personne ordinaire est plus digne d'amour que celui d'une enchanteresse ? En quoi le cœur d'un riche est plus digne d'amour que celui d'un pauvre ? Encore une fois, J'ignore tout de ce qu'est l'amour peut-être, mais je sais qu'en la poitrine de tout être fait de chair et d'os bat un cœur, et que chaque cœur qui bat a le droit à l'amour et cela par droit éternel.

•Tu sais me dire exactement ce que j'ai besoin d'entendre...

•Moi : Mais ?

•Mais quoi qu'il en soit, c'est l'homme qui est programmé pour ce rôle. C'est une question d'intégrité et de fierté de la femme. C'est pour le respect de notre statut et garder intact notre magnanimité, notre grandeur d'âme... Ce que peut la femme, c'est charmer et transmettre des signaux. Et c'est au tour de l'homme de savoir percevoir ces messages et de faire le premier pas.

•Moi : Je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut toujours exprimer ses sentiments car les occasions ne se présentent pas toujours et les remords peuvent durer éternellement ; crois-moi, je sais de quoi je parle.

•Mais moi je ne sais pas de quoi tu parles...

•Moi : J'ai entendu dire qu'«Il arrive parfois qu'on se conduise d'une façon parce qu'on a peur de se montrer tel qu'on est.»

•C'est parce qu'en temps de crise, on crée des distractions pour nous occuper ; et donc pour nous empêcher d'affronter nos peurs les plus profondes.

•Moi: Peur de quoi? Peur d'avouer ses sentiments?
Eh bien, sache que le secret d'un chagrin d'amour est un lourd fardeau, et plus longtemps on le traîne, plus il nous pèse et moins on avance.

•Avouer ses sentiments c'est exposer sa vulnérabilité. C'est s'ouvrir pour mieux se faire défoncer depuis son fort intérieur.

•Moi: Mieux vaut être honnête et quitte avec sa conscience que d'être hypocrite en soi-même. Écoute ma grande, l'amour c'est le bonheur, as tu peur du bonheur?

•Peur du bonheur!?! Qu'est ce que tu me chantes là encore? Qui aurait peur de vivre le bonheur d'une relation physique et intellectuelle?

•Moi: Alors apprends à lui dire "Je t'aime"!

•—Je n'ai pas peur de dire "Je t'aime", mais juste de ne pas l'entendre en retour.—

•Moi: Tapette!

•On ne voit chez les autres que ce qui est en nous.

•Moi: C'est quoi ce transfert d'énergie?

•On se défend avec les armes qu'on a à sa disposition.

•Moi: Voyons, moi je ne te juge pas, mais je ne veux pas qu'il t'arrive la même chose que moi.

Et elle faisait des yeux ronds, ronds comme pour dire:
Qu'est ce qui t'es arrivé ?!?