Symptômes amoureux: suite

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•Moi : Et?!?

•Et à mon arrivée, quand j'ai demandé après toi, tu t'étais déjà mis avec une fille. Et je me suis dit que tu étais forcément comme tous ces autres mecs, le genre de mec à ne pas rester seul. Et quand j'ai repensé à toutes ces grimaces que j'ai faites le jour où l'on s'est connu pour que tu puisses venir, j'en ai conclu que je n'étais suffisamment pas attirante à tes yeux. Et à la base même, tu t'étais tapé la plus charmante demoiselle du quartier d'à l'époque si j'ose dire. Et c'était mort et enterré pour moi...

Mais j'appelais de temps à autre ; et tu changeais de copine, puis une autre, et une autre. Je me suis même demandé est-ce que tu ne cherchais pas à te faire toutes les jolies filles du village. Quoi ? C'est vrai !

Après, à la mort de mon Fréro, je suis rentré au pays. Et c'est par la suite que j'ai appris que tu n'étais plus là, que t'étais retourné chez toi.
Alors j'ai caché tout ce qui m'était permis de voir et d'espérer.

Et moi alors, âme sans vie! Et moi alors, être fait de chair et d'os mais vide d'un cœur qui bat! Et moi alors, esprit sans raison! Méritai-je d'être chéri, aimé jusqu'à l'adoration?

Et ma chair me quittait. Je ne pensais jamais dire ça un jour, mais je devenais un squelette vivant. Je me levais, lui tenant la main, puis lui essuyant les larmes et je l'écoutais:
Tu es parti. Je ne t'ai plus revu et ça faisait déjà sept longues années. Je me suis alors centré sur ma vie, mais en gardant ton image sur ma mémoire. Puis, avant- hier je t'ai aperçu, c'est vrai, avec une autre fille. Et je me suis dit, tu ne changeras probablement jamais; même si quelque part au fin fond de moi, je refusais d'admettre ce côté de toi.

Je t'ai revu, l'air heureux et toujours aussi plein de vie. Et j'étais contente de te savoir comme ça.
Je savais qu'un jour nous finirions forcément par nous tomber dessus, j'en étais même persuadé, mais quand ? Je ne savais pas ! Je vivais au présent...
Je me souviens qu'un soir, j'ai rêvé de toi, de nous. Dans mon rêve, nous nous sommes essoufflés. Puis, au milieu de cette nuit je me suis réveillé les larmes aux yeux. Car tous mes espoirs d'un éventuel toi et moi s'étaient évanouis, étant donné que mes rêves s'avèrent toujours pour le contraire. Alors, je me suis levé et j'ai prié. J'ai demandé à Dieu de me donner «la chance d'être dans tes bras ne serait-ce qu'une seule fois». Drôle de prière n'est-ce pas! C'est ce que je n'arrête jamais de me dire aussi. Mais quoi, je suis amoureuse, c'est tout... aujourd'hui, nous sommes là, tous les deux, toi et moi, à le vivre et à le sentir aussi. Et comme plus que jamais, j'éprouve ce désir de t'appartenir, d'être à toi corps et âme. Même si l'idée me donne des frissons. »

Elle se jeta par la suite sur moi et me serra d'une manière si violente qui me témoignait de toute son affection, que j'ai cru deviner un léger tourbillon de frémissement de toute sa personne.

Par-dessus quoi, je lui saisis les deux bras, ses mains devenaient moites, et son regard, cette tendresse confinée à ces deux lampes aux luisances mordorées sur son visage (on eut dire des lueurs célestes) m'hypnotisait. Ses pupilles se dilataient. Son cœur s'emballait : y'avait pas besoin d'être cardiologue pour l'appréhender, elle avait le souffle court, elle devenait euphorique.
Tu connais cette impression n'est-ce pas ? Ah oui, ce sont les symptômes de l'émoi amoureux, qui font agir entre 250 autres substances : les phéromones (substances inodores qui attirent les personnes de sexes opposés) et les charges de dopamine dans le cerveau (substances du plaisir).
Elle s'enlaça de nouveau contre moi, toute émue, me serrant tendrement cette fois ci.

Et je lui chuchotais à l'oreille :
J'ai cherché ton âme chez le corps de toutes les femmes auxquelles j'ai mêlé le mien. J'ai voulu retrouver ton regard en leurs yeux, alors que même l'éclat des étoiles semblait insignifiant face à la luisance de tes prunelles. Je porte tous les jours un manteau qui ne m'appartient pas, cherchant à trouver ma place dans cette vie. J'ai tellement joué de personnages, que j'ai fini par ne devenir personne. Mais aujourd'hui, je n'ai plus besoin de me réinventer. A tes côtés, ici, ma vie s'est définie. Chaque baiser, chaque caresse fut une projection de mon esprit vers l'extase de tes charmes. A chaque fois que je fermais les yeux, c'est ta personne que j'ai cru saisir dans le vide du noir absolu. Alors, si toi tu peux chanter louange à la prière exaucée, moi je peux crier gloire à l'espoir tenu. Depuis que ce regard de mien au tien s'est accroché, mon cœur est resté tien à jamais.
Tout en moi n'est qu'amour pour toi... Mais je suis trop faut comme type et j'ai peur...

Elle mit son index sur mes lèvres, approcha sa haleine fraîche de ma bouche et dit:
Je te connais et je t'aime comme tu es. Je n'ai pas besoin d'une version améliorée de ta personne, je ne te demande pas de changer pour moi. Je suis assez mature pour comprendre  qu' —Aimer c'est se compléter par l'autre...Aimer, c'est compléter l'autre. C'est accepté l'autre dans sa différence, c'est se prendre en tout ou rien du tout.—

Alors je lui caressais le dos, de ces caresses qu'on apprécie aussi bien qu'un massage appliqué. Elle se détendait complètement. J'effleurais les lobes de ses oreilles de par mes lèvres. Je promenais un doigt sur sa bouche. Elle recula pile contre le mur. L'envie pressait, les pulsions s'entremêlaient et nos soupirs se confondaient. Le désir devenait farouchement brutal, pour ne pas dire bestial.

Puis, un regard pénétrant, puis, un baiser éperdu !

Soupirs d'un SoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant