Extase et tourment: suite

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Monsieur F eut un sourire aussi absurde qu'aberrant, sans rien dire. Il reboucha chemin, partis je ne sais où, puis revins pour prendre de l'eau dans le réfrigérateur. A peine a t'il franchit la porte, il recula d'un sursaut, ont eut dire qu'il eut marché pied nu sur du feu. Il se retourna sur moi:
C'est quoi ce bordel, tocard ?

Et comme par instinct, mes sens me revinrent. Il s'empressa dans la chambre et moi après lui. Il se pencha sur elle, posa sa main sur son cou, la prit le pou :
Elle respire encore, mais son pou est faible. Vite, passe-moi la serviette.

Il la mit aussitôt sur sa taille mi nue, mi vêtue. Elle l'allongea sur sa côté gauche, en position de secours...

Reste avec elle le temps que je trouve mon téléphone, m'ordonna Monsieur F.

Il gifla le rideau et fit aussitôt machine en arrière :

Hey tocard, vient voir: c'était la grand-mère ! Elle nous avait surement suivit à la trousse.

•Elle a laissé sa pompe sur la table et j'ai cru deviner qu'elle en aurai besoin.

•Moi: Je ne vous le fais pas dire !

Elle plaça l'appareil entre les lèvres moites de cette ravissante demoiselle, ensuite une touche, puis deux touche et trois, et s'en était fait. Elle laissa échapper une toux impétueuse.

A peine à t'elle ouvert les yeux, elle sourit. Pourquoi ? Je ne puis le dire. Souriait-elle à la vie ? C'est ce que je n'arrête toujours pas de me dire.

•Salut, je suis monsieur F et lui c'est...

•Jules, lui coupa-t-elle. Lui c'est Jules ! Je suis Dallah, Dallah Fadiga.

Monsieur F me regarda pour que je confirme, tandis que moi je regardais la grand-mère. Et c'est seulement en ces moments que je m'étais rendu compte que j'ignorais comment s'appelais la femme avec qui j'étais sous le point de coucher.

Tu te demandes quel genre de mec est-ce que je suis ? C'est la question qui m'est tout de suite venue à l'esprit aussi.

Dallah ! Ah comme ça sonne bien ! On eut dire D'Allah ! C'est-à-dire, de Dieu !

Et tandis que je contemplais Dallah d'un sourire niais qui m'était restait accrocher sur les lèvres depuis, qu'étalant les ailes de ses paupières, ravivant lueurs et espoirs en ma personne, Dallah, qu'en a elle se bidonnait à mourir du fait que j'étais vêtu d'un simple caleçon. Puis, me tâtant le corps, je ne pus m'empêcher de taper des barres à mon tour : et c'était encore la débandade.

Cependant, la grand-mère restait grave.
Ah, certes la grand-mère était brave...il eut fallu voire les rides sur son visage pour se faire une idée de son intrépidité. Mais quel que soit la fermeté inébranlable dans le péril, il est des épouvantements qui renversent tout comme le plus terrible des ouragans emporte tout sur son passage, jusqu'aux courages les plus indomptables, et la Mage demeura debout, terrifié, les yeux hagards, claquant des dents et secoué de la tête aux talons par un épouvantable tremblement devant l'incompréhensible spectacle qui s'offrit à elle.

•Ça suffit ! Stop ! Arrêtez ! Vous en avez assez commis d'honneur comme ça !

Je fus envahie tout à coup par une perplexité des plus véhémentes que j'eus jamais ressentie. Et je devinais la même appréhension, cette peur profonde et persistante dans le regard de Dallah.

C'est alors que la mage, trempée dans une peine sans second, disait:

««C'était un Soir d'été, une fin de journée au destin amer, quand deux femmes vinrent me consulter. L'haleine de vie se manifestait déjà dans le ventre de la plus jeune d'entre les deux femmes et les astres disaient deux mois de vie déjà. Mais hélas, ce petit bout d'elle avait le destin Sombre:
«Cet os de tes os convoiteras la chair de ta chair.», la disais je.

—La science de la divination ne peut rien prévoir des choses humaines.— répliquait la voix la plus âgée.

Sept Lune seulement, l'enfant naquit, —amoureusement, sans faire de mal à sa mère.— C'est alors que la plus âgée des dames d'alors, pensant changer le cours du destin, remplaça le petit bonhomme depuis la maternité. La nouvelle maman éleva alors l'enfant d'une autre comme son propre fils. On l'appela Abou, il était le père.

Cependant, le temps suivait sont cours. Trois ans s'étaient écoulés.

Alors naquit une seconde merveille. Elle avait l'entrejambe fendue... Son doux rire était plein de grâce et reflétait la vie dans toute sa splendeur. Elle était la prométhée, on l'appela Dallah.

Elle vécue, avec son frère, en parfaite harmonie, unis comme l'ongle et le doigt. Plus ils grandissaient, plus cette affinité entre eux s'affinait. Mais cette complicité faisait craindre la mère, car la grand-mère n'étant plus, elle ne savait plus sur quoi se reposer, elle envoya Dallah a l'étranger, loin de celui avec qui il a grandît et qu'on croyait être son frère.

Un malheur ne venant jamais seul, Abou mourut un Soir froid d'hivers. Désormais que le soit disant frère n'était plus, Dallah revint au pays. »»

Puis, s'adressant à moi...
Cet autre enfant, était marqué sous l'échelle gauche, près du cœur d'une cicatrice indélébile. Cette marque est la cicatrice que tu portes.

Cette chair que tu as tant convoitée n'est rien d'autre que la chair de ta chair et ce cœur qui t'aime tant est le cœur de ta sœur. »»

Moi: Chair de ma chair, cœur de ma sœur ! Ô quel atroce secret !

Et bientôt tout ce qui fut pulsion devint chagrin, et bientôt tout ce qui fut soupir devint angoisse, et bientôt tout ce qui fut désir devint mépris, et bientôt tout ce qui fut extase basculait en tourment. Et tout ça me parut insensé : l'Amour, la Séduction et tout...

Et Dallah alors, saisie par un spasme nerveux, vrombissait en sanglot, pleura si jolie, si malheureuse, me serrant avec tant de frénésie que jamais amant adoré ne fut plus passionnément embrassée par sa maîtresse. Tels les plus beaux jours de l'été sont parfois brusquement troublés par un effroyable orage, les larmes sur son visage ruisselait, inconsolable et soudainement rattrapée par son destin.

Elle pleurait, recouverte d'amertume, dans ce silence amer où, en temps normal, le tic-tac de la pendule ferait un bruit énorme, mais on entendit que les gémissements de la belle Dallah, où son cœur cessa de battre, s'en allant à une âpre douleur qu'il n'a pu supporter.

De tant d'amour et de toute une vie, de toute une vie et de tant d'espérance, il n'était resté qu'un joli corps froid, un joli corps froid et inerte, un visage fermé, une fleur flétrie, un parfum envolé. Et plus de traces de cette frêle existence, rien que la douleur, la douleur dans le désespoir, hélas! d'un frère, d'un amant adoré.

Autrement, je poussais un cri qui faisait tellement trembler d'épouvante, que cela faisait aboyer les chiens de loin :
« Non !!!!!!!!!!»

Par-dessus quoi je m'évanouie, le cœur submergé de Soupirs d'un Soir.

Soupirs d'un SoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant