Aimer à mourir: suite

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Pendant les tous premiers instants qui suivirent sa phrase affreuse : «Je suis d'une famille mangeur d'âme, je suis des croqueuses d'hommes !», les pensées se heurtaient dans ma tête comme des feuilles dans une tornade. Jusqu'à ce que me vint l'idée de me taper une sorcière.

Je sais ! Tu te demandes est-ce que je suis courageux ou stupide ? Y'a pas une différence !

Puis, ce fut le silence total. Ensuite je songeais vraiment à «sauver mon cul».

Je repartis donc en ces termes :
Si c'est vrai qu'ils m'ont repéré et qu'ils n'ont pas voulu se prendre à moi, c'est tout simplement parce que je suis avec toi. Je n'y vois pas d'autre explication. Alors tu devras encore supporter ma compagnie.

•T'es pas aussi débile que tu ne veuilles le faire croire.

•Moi : Dit, quand tu disais que «ça sent nettement le cadavre ambulant», tu songeais à qui ?

•Je ne suis pas encore capable de contrôler toutes mes facultés, j'arrive à pressentir quand un truc doit arriver c'est tout.

•Moi : Et tu as le très net pressentiment que quelqu'un est mort, mais son âme ne l'a pas encore quitté.

•Weah, c'est ça !

•Moi : Et tout à l'heure aussi t'as dit que je devrais songer à mourir...

•Tu veux savoir est ce que c'est toi le cadavre ambulant ?

•Moi : Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire, mais ça ne me déplairait guère de savoir.

•Ce n'est pas dans le domaine de l'impossible ! D'autant plus, tu m'as l'air en pleine forme et délicieuse.

Et à chaque fois qu'elle prononçait un «r», et que les «r» roulaient en retentissant dans sa jolie gueule de croqueuse d'homme, j'entendais déjà mes os faire « croc, croc, croc ». Puis je m'indignais tout bas :
Alors comme ça je suis à ton gout !

Or, comme je cherchais à gagner du temps, je rétorquai :
Justement, je me disais que vous pourriez me garder encore quelques temps, me donner à manger jusqu'à ce que j'aie assez de matière pour toute la famille.

Et elle laissa éclater un rire grotesque...puis dit :
Pardon, chéri ! Mais ça ne se passe pas comme tu le penses.

•Moi : Je ne pensais à rien du tout. Je dis tout simplement ce qui me semble être une évidence. Mais dit moi !

•Quoi encore ! Que veux-tu que je te dise?

•Moi : Est-ce que tu es vierge ?

•C'est quoi cette question ?

•Moi : Est-ce que tu voudrais coucher avec moi ?

•Soit tu es vraiment cinglé, soit tu ne penses que la bite ! Tu devrais penser au comment sauver ta peau et tout ce que tu as en tête, c'est me sauter.

•Moi : Si mes chances de survie sont aussi minimes que tu le décris, je préfère tirer mon coup ce soir avant que de ne mourir puceau.

•Toi, tu n'as jamais... Non, dis-moi autre chose.

•Moi : Ce n'est pas l'occasion qui m'a manqué, saches le bien. Je voulais attendre le mariage. Mais puis que j'en ai plus le temps, alors tu vas le faire avec moi ? Tu seras comblée, je t'en donne la garantie. De plus, ce sera gagnant-gagnant.

•Tu veux dire que j'ai tout à y perdre. Heu, pas avec moi en tout cas, j'ai le temps d'attendre le mariage.

•Moi : Alors comme ça tu ne méprises pas les mecs ?

•Est-ce que ça va ? Tu n'arrêtes pas de me poser des questions bizarres depuis tout à l'heure ? Je te trouve très embarrassé tout d'un coup.

•Moi : Tu parles comme si tu me connaissais.

•Oui je te connais, du moins c'est ce que je pensais. Mais il a fallu que je te côtoie quelques minutes pour savoir qu'on ne peut pas te cerner. Tu es aussi imprévisible que mystérieux.

•Moi : Non ! Tu veux plutôt dire que toi t'es une énigme remplie de mystères. Honnêtement, je n'arrive pas à te suivre. Je n'arrive pas à lire le fin fond de ton regard, de tes pensées, chose que j'ai généralement beaucoup de facilité à faire, mais pas avec toi. Par exemple, tes autres camarades sont parties à la soirée, sûrement pour y rejoindre leur mec. Et en revenant, j'ai aperçu Tima s'en aller main dans la main avec un type. Et toi, celle qui parait la plus bonne de toutes, tu es restée là-bas toute seule. Je croyais que tu abhorrais les hommes en à plus finir. Et là, tu m'apprends que tu songes à te marier !

•Tu insinues que moi, je n'ai pas de mec, c'est pour cela que je suis restée toute seule...

•Moi : Non, mais puisque tu abordes le sujet, vas-y accouche.

•Je suis d'une famille de mangeur d'âme, au cas où t'aurais oublié. L'amour et toutes ces choses qui riment avec ne sont pas faites pour moi, mais peux être pour les gens ordinaires comme toi.

•Moi : Donc tu n'as pas de petit ami ?

•Oui, je n'ai pas de copain ! Mais, cela ne veut pas dire que ça peut coller entre nous. Putain, ce que tu peux être raide toi ! Ou bien tu penses que me tomber pourrait te tirer d'affaire ? Bien réfléchit !

Elle dit cela et ça me perdait...j'étais perdu à la perdre, à perdre une inconnue que je n'ai jamais eu, à perdre une inconnue que j'ai toujours espéré et aimé.

J'aurai voulu partir loin d'elle, partir pour tout laisser tomber et m'enfuir, m'enfuir et ne plus jamais me retourner. Mais une partie de moi serait rester derrière. Mes pensées seraient restées prisonnières de son charme et mon coeur serait resté esclave de son regard de feu. Ç'en était fait de moi, elle m'avait envahie et lié, lié en des filets qui m'ont envoûté, d'un envoûtement qui m'a ensorcelé corps et âme et d'où tout mon affolement était venu.

J'ai longtemps rêvé d'elle, c'était elle et je ne pouvais pas me tromper. J'ai toujours rêvé qu'elle m'aimait. J'ai rêvé de ses yeux larges au couleurs chocolatée et j'ai rêvé de son regard qui me transperçait le cœur. J'ai rêvé qu'elle me serrait fort contre son joli corps de femme et j'ai rêvé qu'elle m'embrassait à pleine la bouche. Et puis, ses lèvres couleurs framboise, la flamme dans ses yeux et la silhouette de son corps, tout ça me rendait fou mais je n'étais pas fou... elle tournait et tournait, encore et encore dans ma tête mais je n'étais point fou, je le jure, je n'étais pas fou... J'étais malade d'amour d'elle. Elle me faisait tourner la tête de son regard doux, et son regard miel faisait que d'elle j'étais ivre mort.

Alors dans ma tête se tramait un exercice douloureux, un combat sans merci qui me tourmentait corps et esprit. J'aimais, j'aimais ma propre mort.

Soupirs d'un SoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant