Chapitre 7 - Masque

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- Je te jure que tu vas vraiment me le payer Sam.

- Gna gna gna, Madame Rabat Joie ne sait pas s'amuser !

- Ça suffit Sam ! Tu me gonfles à la fin à essayer de contrôler ma vie comme ça !

Après avoir rattrapé mon « ami » et lui avoir assené un petit coup sur la tête, nous sommes sur le chemin du club et nous nous chamaillons comme des enfants. Il sourit en réaction à ma dernière réplique, ce qui me fait bouder. Je croise les bras contre ma poitrine, je pince les lèvres et fronce les sourcils, tout en évitant soigneusement son regard.

- Bon les enfants, on est arrivés ! Annonce Susan. Donc on arrête de se chamailler bêtement et on se fait un gros câlin avant de rentrer.

- Je ne ferai pas de câlin à un traître pareil, réplique-je avant de me mettre dos à lui.

Soudain, je sens des bras forts m'entourer les épaules et je ne peux résister plus longtemps avant de laisser échapper un sourire. Je finis par prendre mon ami dans les bras, mais lui frappe tout de même doucement l'épaule au passage.

Le club est plongé dans une obscurité calculée, propice aux rapprochements. Dès les premières minutes, je regrette d'être venue. Je n'aime pas cette ambiance. La musique qui y passe n'est pas du tout mon univers, je ne sais pas danser, et on peut dire que les irlandais qui y sont présents ont plus d'alcool que de sang qui coule dans leurs veines. Ce qui ne me gêne pas en soi, après tout moi aussi je suis ce qu'on peut appeler une bonne fêtarde, mais quand tu te fais draguer par des jeunes irlandais de vingt ans qui viennent te postillonner au visage, tout en essayant de rester équilibré sur leurs deux jambes, ça commence doucement à devenir lourd. Ceux qui pensent que les bretons et les normands boivent beaucoup d'alcool n'ont décidément jamais mis les pieds en Irlande !

Je me dirige donc vers le bar avec mes amis, histoire de prendre un remontant pour supporter la soirée qui s'annonce. Je suis derrière tout le monde lorsque je sens soudainement un poids sur moi me faisant vaciller dangereusement. Je me retourne et vois le visage d'Olivia tout près du mien, victorieux. Elle est carrément montée sur mon dos et paraît fière de son coup.

- Je suis troooop contente que tu sois là ! Me dit-elle tout en descendant de mon dos et en m'enlaçant cette fois.

- Je suis contente de te voir aussi Liv. Laisse-moi te présenter mes amis.

C'est ainsi que je lui présente chacun de mes amis, en finissant par Sam.

- Salut beau gosse.

Sam arque un sourcil, gêné, et jette un œil à sa petite amie qui n'a pas l'air d'avoir entendu. Je ris doucement et lui murmure à l'oreille qu'elle agit de cette manière avec tout le monde.

- A mon tour de vous présenter mes amis !

Le moment que je redoutais le plus était arrivé. Je bois la moitié de ma pinte presque cul sec, à mesure où nous marchons vers un recoin reculé et isolé. Plus nous approchons, et plus j'arrive à distinguer des silhouettes, puis des visages. Je vois une dizaine de personnes maintenant et en reconnaît seulement deux. Tout d'abord Liam, qui a l'air bien éméché. Il rit fort, trop fort, et je vois sa main se diriger sous la table, en direction de la jambe de la personne à côté de lui. Qui n'est autre qu'Eleanor Stanford. Il faut que tu arrêtes de l'appeler par son nom entier à chaque fois, c'en est ridicule. Je suis mal à l'aise, j'en veux à la terre entière. J'en veux à Sam qui est la cause directe de ce moment, j'en veux à Olivia qui aurait pu me prévenir, mais surtout je m'en veux à moi-même de ne pas réussir à me contrôler. Quelque chose doit vraiment clocher chez moi ! Ce n'est pas tellement mon attirance pour cette femme qui me met dans cet état, mais c'est plutôt le sentiment d'intimidation qui en résulte. L'histoire de ma vie. J'ai toujours été quelqu'un de timide, alors dès que je me retrouvais face à une femme qui me plaisait, je perdais tous mes moyens. Impossible d'articuler une phrase intelligible, mes joues s'enflammaient, je transpirais à grosse goutte, je tremblais de partout. Et même si j'en parle au passé, il semble que ce trouble n'ait pas disparu avec le temps.

My new folksWhere stories live. Discover now