Chapitre 10 - Noël

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Cela fait treize jours que j'ai son numéro et que je n'ose pas l'utiliser. Treize jours, douze heures et vingt minutes pour être exacte. Olivia m'a traitée au moins une bonne dizaine de fois de poule mouillée mais j'assume complètement.

Cette dernière est partie deux jours après la soirée de mon anniversaire, en promettant de très vite revenir. En attendant, je suis en train de donner le dernier cours avant les vacances de Noël, et je trépigne d'impatience. Je pense que cette période est ma préférée de l'année. L'enfant qui sommeille en moi se réveille complètement, j'ai des étoiles dans les yeux et le sourire vissé aux lèvres.

Cette année cependant risque d'être un peu plus morose que les autres. J'ai toujours passé le réveillon avec mes parents, en couple ou non. Et même s'ils me manquent tous les jours, c'est encore plus vrai en ce moment. Heureusement, je vais partager ce moment avec ceux que je considère comme ma nouvelle famille.

Je rentre chez moi en début de soirée, pose mes affaires sur la table non loin de l'entrée et m'affale littéralement sur le canapé. Aux environs de deux heures du matin, je suis confortablement installée dans mon pyjama une pièce en pilou lorsqu'un bruit sourd se fait entendre à l'extérieur. Courageuse mais pas téméraire, je pars à la fenêtre pour tenter de trouver le responsable de ce raffut inhabituel. Léon est sur le fauteuil, la tête haute, les oreilles dressées et les yeux exorbités.

- Merci pour ton aide et ta protection Léon. Décidément, tu ne sers vraiment à rien, heureusement pour toi que je t'aime !

Alors que j'essaie toujours de distinguer un quelconque mouvement dans la nuit noire, quelqu'un frappe durement à la porte. Cette fois je m'immobilise complètement, et des frissons glacés s'emparent de ma nuque, elle-même raide sous le coup de la tension. Je ne bouge plus d'un millimètre et attend que la personne parte d'elle-même. Comme si la situation n'était pas assez effrayante comme ça, voilà que j'entends des chuchotements derrière la porte qui me paraît sur le moment aussi résistante qu'une feuille de papier. Je décide de me lever lorsque la poignée s'abaisse d'elle-même, heureusement que j'ai verrouillé la porte.

- Emma, ouvre !

Une voix familière parvient à mes oreilles et à mesure où mon cerveau prend conscience de la personne à qui elle appartient, mon corps se détend et je réussis finalement à esquisser un mouvement pour ouvrir la porte.

- Maman ! Papa !

Je me jette dans les bras de mes géniteurs, les larmes coulant sur mes joues. Je suis bel et bien redevenue une enfant. L'image de la scène me vient tout de suite en tête, l'adulte de trente ans dans son pyjama une pièce, pleurant à chaudes larmes dans les bras de ses parents et cette fois une envie de rire me prend les tripes. Je me contiens tout de même, je n'ai pas envie de passer pour une folle non plus. Je m'éloigne donc des bras chauds et protecteurs et les fait entrer dans l'atmosphère chaleureuse du salon.

- Mais qu'est-ce que vous faites là ? Vous m'avez fait une de ces peurs ! Je croyais qu'un cambrioleur essayait d'entrer !

- Toujours autant d'imagination ma fille, sourit mon père.

- On voulait te faire la surprise, complète ma mère.

- Pour une surprise, c'est une surprise ! Mais vous arrivez tard, et si j'étais en train de dormir ?

- On aurait dormi dans le camion, mais on a vu de la lumière.

- Et puis c'est à cause de ton père si on arrive aussi tard, il a préféré éteindre le GPS.

Mon père ronchonne et une bouffée de bien être s'empare de moi. Ils sont venus me faire la surprise, ils sont venus pour Noël ! Il faudrait songer à grandir un peu ma fille. Et puis je m'en fiche après tout, je ne réussis pas à maintenir toutes les relations dans ma vie, mais au moins celle avec mes parents est la plus fiable !

My new folksWhere stories live. Discover now