Chapitre 29 : Et si ?

3K 188 16
                                    


Je me réveille en sursaut. De la sueur glacée glisse le long de mon dos, je frissonne et regarde l'heure. Déjà dix heures, mon réveil n'a pas sonné ! Je me lève en trombe et m'habille en quatrième vitesse.

- Bonjour Madame, voulez-vous que je vous prépare un café ?

- Bonjour Henri. Ne vous dérangez pas, de toute façon je n'ai pas le temps.

Je regarde le domestique employé par Eleanor quelques mois plus tôt, elle avait choisi un français évidemment, pour que je me sente « un peu plus chez moi ». Mais tout cet étalage de richesses me met mal à l'aise. Avoir l'impression d'avoir une personne en attente de recevoir des ordres me déplaît.

Mon téléphone sonne et me sort de mes pensées. Je décroche à la hâte alors que j'enfile mes baskets.

- Emma ? Pourquoi tu n'es pas encore là ?

La voix de Liv résonne dans l'appareil.

- Désolée, mon réveil a fait des siennes ce matin, et non ce n'est pas une fausse excuse.

- Tu sais ce n'est pas très grave, on aurait pu repousser ...

- Tu rigoles ? Et manquer la seule matinée où je peux m'échapper d'ici pour quelques heures ? Hors de question !

- Très bien, mais dépêche-toi, j'ai un rendez-vous cet après-midi.

Je raccroche, retire mon t-shirt pour mettre un débardeur léger à la place, et sort sous le soleil radieux de Californie. Lunettes de soleil vissées sur le nez, je rentre dans ma petite voiture électrique et part rejoindre mon amie qui m'attend sur le bord de mer, à quelques kilomètres de là.

Après m'être garée et rejoint en petite foulées notre point de rendez-vous, nous partons effectuer notre footing hebdomadaire. Après une heure de course environ, je m'arrête, complètement essoufflée. Liv se stoppe à son tour et pose une main concernée sur mon épaule.

- Eh bien frenchie, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Rien ... Je suis juste fatiguée.

- A d'autres. Ça ne va pas beaucoup mieux avec Eleanor, c'est ça ?

Depuis que j'avais accepté la proposition d'Eleanor de la suivre aux Etats Unis, j'avais tacitement accepté la vie que nous menons. C'est volontairement que je suis maintenant piégée dans cette prison dorée. Et si les premiers temps avaient été idylliques, être avec la femme que j'aime n'est plus suffisant. Je ne m'épanouis pas et je me sens seule comme jamais.

- On peut dire ça ...

- Oh. Ça fait combien de temps maintenant que tu as emménagé ici ? Six ou sept mois, non ?

- Neuf. Et je ne m'y fais pas. Trop de soleil, trop de monde, trop superficiel. Je passe le plus clair de mon temps enfermée dans cette maison, j'ai peur de devenir folle. Je pense que j'ai fait une erreur Liv ...

A la seconde où je prononce cette phrase, je sens ma voix se casser dans ma gorge. Les larmes commencent à couler alors que mon amie m'emmène vers un banc. Je suis assise, lamentablement en train de pleurer sur l'épaule de Liv alors qu'elle me caresse le dos, ne sachant probablement pas quoi faire d'autre.

- Tu en as parlé à Eleanor ?

- On ne parle plus vraiment ... Je ne la vois pas beaucoup à vrai dire.

- Je suis désolée frenchie ... Ce n'est probablement pas ce à quoi tu t'attendais en venant vivre ici.

- Je suis responsable de cette situation quelque part. Ce n'est que dans les films que l'on peut rejoindre sa bien-aimée sur un coup de tête et vivre heureux pour toujours. Dans la vraie vie, on se fait vite rattraper par la réalité. Je n'ai plus de travail, je ne peux même pas en chercher parce que cela mettrait en péril celui d'Eleanor. Je n'ai d'amis que toi et même si je t'adore vraiment Liv, ce n'est pas suffisant. Mes autres amis me manquent atrocement ...

My new folksWhere stories live. Discover now