Chapitre 30 - Réveil

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Un ballet de blouses blanches s'active autour de moi, alors que j'oscille entre éveil et sommeil. Je suis épuisée, garder les yeux ouverts me demande un effort presque surhumain. J'aperçois cependant ma belle blonde attendre au fond de la pièce, ratatinée dans un coin pour éviter de gêner le personnel soignant. Je réussis à la regarder suffisamment longtemps pour percevoir l'angoisse sur son visage.

- Suivez mon doigt Madame Dauval.

La voix grave d'un médecin me ramène à la réalité alors que je vois une masse de chair entrer dans mon champ visuel. Je grogne, faute de pouvoir parler intelligemment, et suis ses consignes à la lettre. Après quelques minutes de divers exercices, il semble satisfait et m'autorise à me reposer. Je l'entends s'adresser cette fois à Eleanor et sombre aussitôt dans le sommeil, ne pouvant tenir davantage éveillée.

J'ouvre de nouveau les yeux sur la chambre maintenant installée dans la pénombre rassurante du soir. Une odeur de soupe s'invite jusqu'à mes narines, et mes yeux se posent automatiquement sur le plateau de nourriture qui n'attend plus que moi. A ma gauche, Eleanor est assise sur un fauteuil, plongée dans la lecture d'un roman. J'essaie de me redresser tant bien que mal et grogne malgré moi lorsqu'une douleur lancinante me traverse le bas du dos.

- Emma, qu'est-ce que tu fais ?

Je n'avais pas entendu Eleanor bouger mais elle était pourtant debout à me regarder en fronçant les sourcils.

- Ça ne se voit pas ? J'essaie de faire un double salto arrière.

- Ce n'est pas drôle Emma ...

Mon sourire s'évanouit quand j'entends la voix de celle qui possède mon cœur chevroter, puis j'attrape sa main quand je vois la tristesse envahir ses yeux. Je la tire doucement vers moi, l'incitant à s'asseoir sur le rebord du lit. Ses yeux sont baissés sur nos deux mains unies, et je les vois briller à la faible lueur de la lumière de chevet.

- Je suis en vie mon amour, c'est le principal non ?

- Bien sûr ... Mais j'ai eu tellement peur. J'ai cru ... j'ai cru que ...

Sa voix se brise définitivement et elle fond finalement en larmes. Je l'attire vers moi pour tenter de la prendre dans mes bras, ne pouvant pas me redresser davantage. Comprenant ma peine, elle se couche près de moi et niche son visage au creux de mon cou. Comme cette fameuse nuit dans sa chambre d'hôtel, je reste silencieuse et la tiens dans mes bras. Mais cette nuit a une toute nouvelle saveur pour moi, comme une note d'optimisme malgré les récents évènements. La promesse d'une nouvelle vie.

Ses larmes mouillent mon oreiller et ma tenue d'hôpital tandis que ses bras me serrent fort tout contre elle, comme pour m'empêcher de partir.

- Je ne vais pas m'en aller tu sais ? Dis-je sur le ton de l'amusement.

Comme seule réponse elle ressert son étreinte un peu plus, et se niche encore plus près de moi. Je la sens même sourire contre ma peau avant qu'elle ne finisse par parler.

- Tu n'as plutôt pas intérêt ...

- De toute façon tu as bien plus de force que moi pour le moment !

Elle se redresse soudain, un air grave sur le visage. Sa tête est près de la mienne mais elle ne me regarde pas, ses yeux sont plongés dans ses réflexions, je sens qu'elle cherche ses mots. J'attrape une de ses mains et la caresse doucement, ce qui la sort de ses pensées. Elle garde son sérieux, les sourcils un peu froncés, ce que je ne peux m'empêcher de trouver adorable.

- Je t'aime Emma. Je t'aime tellement. Et je suis désolée pour tout, rien de tout ça ne serait arrivé si je n'étais pas partie. Et si je ne t'avais pas offert cette fichue voiture.

My new folksDonde viven las historias. Descúbrelo ahora