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Je suis tirée d'un agréable sommeil par le bruit de ma tête qui cogne le sol froid et dur.  Aie. J'ai horreur qu'on me réveille, je viens de m'en rendre compte. Je suppose que je ne suis pas seule dans la pièce, car généralement une tête, ça ne glisse pas toute seule. 

J'espère simplement que le responsable de cet incident a de bonnes jambes, il risque d'en avoir besoin. 

J'écarquille faiblement les yeux, m' attendant à être éblouie par la lumière, pour tenter d'apercevoir mon feu matelas. Je suis certaine que je ne suis pas seule dans cette pièce. En effet, une silhouette me tourne le dos, assise en tailleur face à l'unique fenêtre de la pièce, la tête dans les étoiles, si je puis dire ainsi.

 Ah ! C'est donc pour ça que je ne voyais rien : il fait nuit. Je me reconcentre sur la silhouette face à moi et une bouffée d'espoir me donne le courage de l'apostropher poliment. Non, je rigole, j'ai juste poussé un grognement de bête sauvage. Quoi ? Dois-je vous rappeler qu'il ou elle a osé me réveiller ?  

Bref, je tente une approche subtile digne de la grande stratège que j'ai toujours été. 

Toujours est-il que la silhouette fait volte-face.

Oh. Mon. Dieu. Mon cœur rate un battement devant le spécimen qui se tient devant moi. 

Je détaille délibérément un ado d'environ 17 ans, très bien taillé, aux cheveux bruns légèrement torsadés qui dépassent de sa capuche noire. Je crois voir passer dans son regard gris anthracite une lueur d'amusement, qui laisse vite place à de l'impatience. Il se retourne finalement vers ses étoiles, après m'en avoir laissée quelques-unes dans les yeux. Non je plaisante. Enfin je crois. 

Je suis incapable de décrocher un mot, trop surprise de cette présence, et un peu soulagée, je dois l'admettre, de ne pas être seule. L'inconnu se charge finalement de me sortir de mon étrange torpeur. 

-T'as la tête lourde, commence t-il calmement.

-Aha.

Waow. Mais quelle répartie ! Je me désespère moi-même. Je suis tellement gênée. Sans doute à cause de ma sieste où je devais être complètement affalée sur lui.

-Je ne plaisante pas.

-Comment tu t'appelles ? dis-je, plus pour changer de sujet qu'autre chose.

-Et toi ?  rétorque t-il

- je...hmm

-Alors occupe toi de tes affaires et tout ira bien. Il ponctue sa phrase d'un léger sourire en coin qui me donne envie de lacérer sa gueule d'ange. J'ai dit gueule d'ange ? Pachyderme est sans doute plus adapté, autant pour moi. 

Oui, je suis légèrement sanguine, mais pour qui se prend t-il ? 

J'évalue rapidement la situation ; il est beaucoup plus fort que moi. Cependant, je n'ai pas l'impression d'être totalement démunie de force et d'agilité. Cela dit, je n'en sais rien.

Je n'ai donc a priori aucun moyen de lui faire ravaler ses paroles. Je suis obligée d'opter pour la deuxième méthode, un peu plus douce (un peu plus lâche aussi ). La diplomatie. Oui je vous l'accorde, ce n'est pas très courageux, mais dois-je vous rappeler que je suis en position de faiblesse ? 

J'ai dit diplomatie, pas lâcheté !

-Bon, on est pas obligé d'être meilleurs amis, surtout vu ta gentillesse naturelle, mais si on doit cohabiter dans cet... dans ce bâtiment pour fous, hum, pour amnésiques, autant le faire avec cordialité, non ? 

- Je me trouve plutôt sympa comme mec étant donné que je t'ai laissé dormir sur moi pendant au moins dix heure, rétorque t-il d'un air complètement désinvolte

PerseusWhere stories live. Discover now