21.

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Je me suis endormie.

 Enfin, c'est un bien grand mot pour dire que j'ai fermé les yeux et arrêté de me poser trente six questions à la seconde. Principalement autour d'un sujet, vous l'aurez deviné. Victoire et Gabriel rentre dans la pièce, se chamaillant à voix basse. Je prie pour qu'ils ne recommencent pas à se bécoter bruyamment : la dernière fois, j'ai du quitter la pièce les larmes aux yeux, allez savoir pourquoi. Ils ont plutôt l'air de se disputer, à mon grand soulagement. Ca peut paraître un peu sadique, mais je vous assure que c'est le couple le plus démonstratif que j'ai jamais croisé. Cela dit, je ne connais qu'eux. Victoire élève le ton.

-On doit lui dire! Elle se déssèche, se flétrit, se rabougrit! Je me met à sa place ; ne pas savoir comment la personne que j'aime le plus au monde va, je deviendrai vite folle à lier!

-Mais on ne peut pas lui dire! C'est une vrai tête brûlée, elle va faire des choses inconscientes, tu l'as entendu comme moi, on va le voir bientôt!

Parlent t-ils de lui? Les battements de mon coeur s'accélèrent, mais je me force à respirer régulièrement, pour qu'ils me croient endormie. Que savent-ils? Ce sont mes amis, mais ils n'ont pas d'intérêt à me cacher quelque chose, ça risquerait de me rendre agressive. Surtout si ils ont des informations sur Marius. Je décide d'abandonner mon minutieux plan d'espionnage qui consistait en réalité uniquement à feindre un lourd sommeil, pour les questionner. Oui, c'est peut-être moins malin, mais vous remarquerez que tout ce qui ressort du mensonge, de la dissimulation ou de la même de la planification, ne fait pas parti de mon domaine de prédilection. Que voulez-vous, chacun ses qualités!

Victoire répond, la voix tremblante.

-Mais dans quel état, Gabi, putain dans quel état ?

Gabriel l'attire à lui, lui frotte le dos et enfouit la tête dans ses boucles orangées.

-Je sais pas Vic, je sais pas bordel.

-Tu ne sais pas quoi Gabriel ?

Victoire retient sa respiration. Elle s'est complètement figée, et Gabriel s'est tourné vers moi, les yeux ronds.

-Je ne sais pas dans quel état est Marius. Quelqu'un nous as parlé. Une infirmière, un peu vieille, je crois que c'est celle qui s'est occupée de Marius après... après l'épreuve. Elle a presque parlé en langage codé, elle restait très vague.

Gabriel s'agite à mesure qu'il me parle, ses mains triturent frénétiquement son t-shirt, et il commence à faire les cents pas avant de continuer.

-Marius est alité. Dans une pièce où il font leur test. Il dort, il ne s'est pas réveillé. Elle nous as dit qu'ils voulaient le guérir. De ses blessures, je suppose.

-On va le chercher !

J'ai lâché ses mots avec une insouciance feinte, pour cacher mon trouble. Le soigner ? Ses blessures sont si importantes ? Je m'inquiète bien plus que ce que je ne leur en laisse paraître.

-En fait, ils comptent le réintégrer, mais pendant une épreuve.

Une voix résonne dans ma tête. Je ne vais pas pouvoir attendre et dépendre de leur bon vouloir ! Je suis convaincue qu'il ne peut pas être loin.

-Vous savez autre chose. Allez, crachez le morceau !

Victoire durcit son regard.

-Non, on t'as tout dit. Fais pas de conneries Olympe. Si ils comptaient nous le rendre demain ?

-Avec des "si" on refait le monde Vic, on refait le monde ! je marmonne.

Je n'ai rien appris, tout compte fait. Rien de fondamental. Martha les as aussi contactés, leur a parlé de Marius, sans doute sur les consignes des Savants. J'ai bien retenu la leçon : nous sommes épiés, et chacun de nos faits et gestes sont minutieusement disséqués, analysés, étudiés. Et puis ? Ce n'est certainement pas ça qui va m'empêcher d'aller le chercher ! Avec ou sans Vic et Gabi.

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