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On passe les heures qui suivent affalés dans la pièce tapissée du sol au plafond de confortables coussins multicolores.

Je raconte à Victoire et son ami que nous sommes amnésiques, et je leur parle de nos numéros. Sans surprise, ils sont exactement dans le même cas. Leur numéros respectifs sont 1.2.a, et 3.1.a. Il faudra que je pense à étudier les similitudes et les différences de nos quatres numéros.

Victoire s'endort, et je suis tentée de l'imiter mais une insupportable bouille blonde apparaît dans mon champ de vision à l'instant même où j'allais m'endormir.

Merci Gabriel.

-Allez, pousse toi et laisse moi une place.

Je hausse les sourcils en regardant tous les coussins libres à côté de moi.

-T'as pas les yeux en face des trous ? Y'a de la place partout.

Je jette un coup d'œil à Marius qui est toujours affalé dos à moi. Quel dynamisme.

-Si, mais les coussins ont l'air plus confortables ici.

Quel chieur. Je ne bougerais pas pour un gamin pareil.

Il s'aperçoit à ma mine renfrognée que je n'ai aucune intention de bouger pour lui. Alors que je crois avoir gagné, et que je repense avec une satisfaction non dissimulée à ma sieste méritée, l'être machiavélique qui se tient en face de moi plisse les yeux et je vois apparaître aux commissures de ses lèvres un sourire diabolique.

Ça ne sent pas bon pour moi. Vraiment pas bon. La pensée qu'il peut me virer de force ne me traverse même pas l'esprit. Grave erreur. Règle numéro un : ne jamais sous-estimer son adversaire.

-Comme tu veux. Je t'aurais laissé le choix !

Sur ces mots, Gabriel m'empoigne comme si je ne pesais pas plus lourd qu'une brindille et me jette un mètre plus loin sans aucune délicatesse.

Il est musclé le bougre !

J'atterris juste à côté de Marius qui me glisse un regard indifférent. Ma décision est prise. Je vais devoir tuer le charmant Gabriel. Désolée Vic ! Ce mec n'aime pas vivre, je ne vois pas d'autres hypothèses.


J'hésite à me jeter sur lui sans autres forme de procès, mais je me rappelle qu'il est bien plus fort. La vengence est un plat qui se mange froid, n'est-ce pas ? Bon, alors il me faut un plan.

Je me retourne vers Gabriel, la mine sombre.

Il s'est allongé les bras sous la tête et a fermé les yeux avec un sourire satisfait.

Au diable le plan ! Je vais le tuer sur-le-champ. J'opte pour la technique de l'angelot fourbe. Vous allez comprendre.

Je m'approche de lui, un sourire aux lèvres.

-Bon allez t'as gagné. Je peux pas me battre.

Marius se retourne vers moi et me jette un regard qui en dit long. Merde. Le crapaud m'a cramée. Comment a t-il fait ? Il n'a même pas vu la scène !

Gabriel lui n'y vois que du feu. Tant mieux, vil renard, profite de ton répit; il sera de courte durée.

Je me rapproche encore un peu du blond, avant de me jeter sur lui. Il pousse un cri faussement terrorisé. Bon, apparement je n'ai trompé personne. Tant pis ! Je me laisserai pas avoir cette fois. J'enjambe son futur cadavre, choppe ses avants bras, et commence à le faire rouler vers un autre coin de la pièce.

PerseusWhere stories live. Discover now