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Autour de moi, tout le monde s'agite. J'interroge Victoire du regard .

-Je sais pas où t'étais passée toi ! On aurait dit que tu luttais contre un mauvais rêve, mais éveillée. Enfin bref, c'était un peu space.  

Je souris. Elle me fait rire avec ses mots bizarres, je ne les comprends pas toujours, mais ils ont toujours des prononciations particulières. Je m'empresse de l'interroger sur les déclarations de la garce en jupe-crayon.

-Je te fais un topo spécial "je rêve pendant qu'on nous dit des trucs super scary". On va être séparé en groupe de deux, chacun sa pièce. Chaque groupe doit trouver la combinaison qui ouvre la porte de la pièce des autres. On a trente minutes. Au-delà, il pourrait nous arriver, je cite, "deux trois trucs peu plaisants". Cassie a précisé que nous pourrions rencontrer quelques "désagréments" mais qu'il faudra faire avec. Je suppose qu'ils testent notre intelligence, va savoir pourquoi. Je suis avec Gabriel.

-Cassie ? 

-L'autre là. Celle qui prend des grands airs avec nous, celle en tailleur du matin au soir, me répond Victoire avec désinvolture, en rejoignant Gabriel.

Je hoche la tête sans commenter. La panique commence progressivement à monter en moi. Mon pouls s'accélère, mes mains deviennent moites et mon estomac se tord. En plus d'être paniquée, j'ai faim. Comment mieux démarrer la journée ? Sans rire, je me suis fait réveillée avec  le pire vacarme jamais produit dans ce monde, après avoir dormi trois heures maximum et je n'ai rien à manger !

Marius m'attrape le bras. Il me montre un mur près de la douche qui vient de s'allumer. Des consignes défilent. Ils viennent nous chercher dans moins de trois minutes. Nous devons nous tourner face au mur, garder les bras le long de notre corps, et n'opposer aucune résistance. 

Ils veulent nous voir soumis. Nous voir impuissants. Cette constatation éveille en moi une rage sourde qui ne demande qu'à exploser. Mais nous n'avons pas le choix. On est pucés. D'un claquement de doigt, ils peuvent casser notre pipe.

Alors, nous obéissons en se murmurant des paroles d'encouragement. Quelques instants plus tard, des crissements de chaussures neuves me font sursauter. On appuie sur ma nuque, laissée en évidence grâce aux vêtements qu'on m'a fourni. Puis, plus rien. Je me souviens vaguement qu'on a détaché de force mes mains qui agrippaient celles de Gabriel et Marius, et c'est tout.

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Je me réveille dans une pièce sombre, légèrement sonnée. Je ne tarde pas à reprendre mes esprits. Je ne pense qu'à une chose : faire sortir Gabi et Vic de leur pièce. C'est la seule pensée qui occupe mon esprit. Je me souviens que je ne suis pas seule dans cette mission, mais qui est avec moi ? Impossible de m'en rappeler. 

Un puissant bruit métallique résonne. 

C'est l'électrochoc qu'il me fallait. Marius. Où est-il ? J'ai mal à la tête, mais je me souviens à peu près de tout, ce qui est en soit un énorme progrès. J'ai remarqué que ma mémoire adorait me jouer des tours, mais cette fois-ci, elle semble être au rendez-vous.

Une main agrippe mon coude. Je fais volte-face. 

Un jeune homme en sweat noir se tient en face de moi. 

-On a perdu cinq minutes, dit-il en me montrant le minuteur géant projeté sur un mur, le temps que la marmotte se réveille. Bouge ! On a un ordinateur vieux comme le monde et des tonnes de digipaper pour nous aider. Je m'occupe d'éplucher les documents, trouve le mot de passe de l'ordinateur. 

PerseusWhere stories live. Discover now