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On me réveille d'une pichenette dans la joue. Le temps de connecter mes neurones, et je réalise que je vais devoir commencer ma journée en étranglant quelqu'un. Génial.

  Un visage rieur apparaît dans mon champ de vision. Il se marre bien le con ! 

Je suis donc enfermée avec un ado complètement frappé, mi-homme des cavernes, mi gosse de dix ans. J'adore ma vie, c'est officiel. 

Il continue de se marrer en regardant ma tête ensomeillée. Je lui marmonne de fermer sa grande bouche pour que je puisse dormir : le soleil n'est même pas levé.

Bien sûr, Monsieur n'en as rien à curer. 

 Je me demande quand même ce qu'il y a de compliqué dans "laisse moi dormir" . Trop de mots pour lui peut -être ? 

-J'ai bien réfléchi, commence t-il. 

Il souffle légèrement pour repousser la mèche caramel qui lui barre le front.

-Oula. Tous aux abris, je raille, agacée.

Il continue, imperturbable.

-On devrait mettre le peu de choses qu'on sait en commun, pour que je puisse me tirer d'ici. 

-Qu'on puisse se tirer d'ici, je rectifie.

Loin de moi l'envie de m'imposer à ce grossier personnage, mais il a un peu trop tendance à m'occulter quand ça l'arrange. 

-Oui. Bien sûr. 

Je commence rapidement avant qu'il n'ai le temps de dire quoi que ce soit de désagréable. Il est plutôt fort pour ça. 

-Alors, je m'appelle Olympe Gougeon, j'ai 16 ou 17 ans. Enfin ça j'en sais rien.  Une femme qui serait ma mère porte des foulards oranges parfumés et aime enfouir ma tête dans ses seins. Je suis arrivée dans un van, il y a des barbelés dehors et je suis amnésique. A toi, je récite d'un trait. 

Il fronce les sourcils. 

-Moi c'est Marius Bézilet, j'ai 17 ans, je me suis réveillé dans ce bâtiment quelques temps avant que tu n'arrives, et ma nuque me gratte, conclut-il avec une moue boudeuse. Ah, et cette fenêtre est une Fenonoctem, elle est constamment en mode "nuit". 

-Merci pour l'info, je commençais à me poser des questions sur l'état de mon horloge biologique. 

Je tente l'humour. 

Tentative ratée. 

-De rien. 

Je ne réponds rien. En fait, il semble hésiter à parler. 

Il inspire un coup, prêt à se lancer, mais les mots restent en suspend, prêts à jaillir de sa bouche quand il se sera décidé.

J'ébauche un sourire. 

- Tu... Tu n'aurais pas comme quelque chose... d'inhabituel dans ta tête ? 

-Tu veux dire, à part un cerveau ? Je sais que c'est un concept étrange pour toi, mais il va falloir t'y faire, c'est vraiment très utile à l'occasion. 

Bon ok, j'avoue, c'était gratuit. Mais pour une fois que j'arrive à lui rétorquer quelque chose ! 

-Hin hin très drôle miss-je-sais-tout-j'ai-tout-vu, je te parlais plutôt de quelque chose d'i...

Je le coupe. 

-Eh mais c'est ton surnom ! Il te va beaucoup mieux à toi qu'à moi ! 

Il me fusille du regard. Je l'ai encore interrompu. 

PerseusWo Geschichten leben. Entdecke jetzt