Petit ami et Compagnie 2 - Réapprendre à aimer (Terminée)

Chapitre 11

Mon retour au boulot dimanche matin se fait difficile. Après mon jour de repos, le changement est un peu déstabilisant. Mais en croisant Irina dans les couloirs aux alentours des dix heures, j'oublie que j'ai le moral dans les chaussettes à cause de ma reprise et accours vers elle pour lui demander des comptes concernant Thomas.

Elle m'avoue qu'en plus que la soirée n'ait donné lieu à aucune suite, il la fuit toujours. J'ai envie de lui dire que l'anesthésiste est venu me voir dans le but de parler d'elle il y a quelque temps mais ne dis rien. Est-ce qu'il voulait la voir pour lui annoncer une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Tout d'un coup, je ne vois plus son initiative sous le même angle et je préfère rester silencieuse plutôt que la blesser involontairement.

Tracassée, je me gratte la tempe. Je ne vois vraiment pas ce que je pourrais faire pour l'aider. Thomas est distant avec les gens et par conséquent pas vraiment bavard. Je doute qu'aller lui toucher deux mots change quelque chose. Et puis, cela ne me regarde pas, c'est une affaire entre Irina et lui. Pourtant, voir mon amie ainsi me chagrine et vu sous cet angle, je suis tout de même concernée par la situation.

***

Lorsque j'arrive au réfectoire pour déjeuner à midi et que j'aperçois Terrence, je prends une grande inspiration. Max a raison, je dois lui parler. Je dois faire taire mes interrogations vis-à-vis de la relation qu'il souhaiterait que l'on ait.

— Irina ? Je dois aller parler à quelqu'un. Je reviens.

— Euh... d'accord, répond la concerné en levant un sourcil, sûrement intriguée.

Je dépose mon plateau sur la table et après un léger sourire pour ma collègue, me dirige vers la sortie de la pièce et c'est à ce moment-là que je croise le regard de Jales. En train de déjeuner avec des collègues, il m'observe, visiblement contrarié. Je comprends aussitôt qu'il a vu qui je suivais. À cette conclusion, une boule se forme dans mon ventre.

Je n'ose pas imaginer ce qu'il se passe dans sa tête.

C'est le seul moment qui a failli gâcher notre sortie en amoureux. Je comprends que ce n'est pas facile d'apprendre que l'ex-meilleur ami de notre copine est de retour (je n'ai pas parlé de mes anciens sentiments tout compte fait) et qu'il bosse au même endroit qu'elle. Enfin, pour d'autres, peut-être que ça ne dérangerait pas. Mais Jales est du genre jaloux alors...

Dès que je mets un pied dans le couloir, je cherche le neurochirurgien des yeux. Cependant ne le voyant nulle part, je prends le chemin des ascenseurs. C'est alors que je l'aperçois en train d'attendre que l'un d'eux arrive à notre étage. Lorsque les portes du numéro trois s'ouvrent, je décide de jouer la carte de l'impulsivité et m'empresser de courir vers l'élévateur. Une infirmière s'apprête à suivre mon exemple quand je l'en empêche en m'interposant entre elle et la boite métallique.

— Il est complet ! déclaré-je avant d'appuyer sur le bouton pour que les portes se referment.

Une fois enfin seuls, je souffle. Ce n'est pas mon habitude de me comporter de la sorte et j'ai les jambes qui tremblent.

— Mais qu'est-ce qui t'a pris ?

Je me retourne et remarque que les yeux de Terrence, extrêmement clairs aujourd'hui, me fixent avec surprise. Je n'avais encore jamais viré qui que ce soit d'un ascenseur et peine à repousser ma culpabilité.

— Tu reprends ton service là ?

Terrence hausse un sourcil puis croise les bras et je perçois la naissance d'un sourire.

— Tu sais Annabelle, il y a d'autres façons de demander à une personne si elle est libre pour discuter. Tu n'es pas obligée de monopoliser un ascenseur tout entier pour cela !