Chapitre 21

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Seigneur, nous sommes le 6 février et le temps passe si vite que j'ai la fâcheuse impression de regarder ma vie défiler sous mes yeux ! C'est affreux et terrifiant, songé-je en fixant d'un air dégoutté la grosse pluie.

Il n'a pas cessé de pleuvoir aujourd'hui. Ciel gris, vent glacial, boue sur les chaussures et glissades en tout genre ont été les grands mots de cette journée.

Enfin, si on oublie les suivis des patientes, les accouchements et les opérations.

Bref, tout ça pour dire que j'attends Jales devant l'entrée principale depuis un bon quart d'heure désormais, car faisant les mêmes horaires aujourd'hui, nous avons décidé de faire du covoiturage et qu'il semblerait que son service ait du retard. Si au final je me retrouve à devoir payer un taxi pour rentrer, je pourrais dire que c'est ma pire journée de la semaine !

Cela doit faire plus de deux heures que je me fais narguer par la fatigue. Il faut dire qu'il y a moins de quarante-huit heures de ça, j'étais en garde nocturne. Garde nocturne qui a été la cause d'annulation de ma soirée avec mon cousin d'ailleurs, car j'étais encore trop crevée pour faire la fête.

Heureusement, le bonheur que j'ai vu dans les yeux de mes patientes aujourd'hui malgré leur épuisement physique, en regardant leur petit don du ciel, a suffi à faire remonter mon travail dans mon estime. Sur le moment, on se dit « tant pis si je suis exténuée. J'aime mon métier, peu importe quand, où, comment et avec qui ». Puis quelques minutes plus tard, le monstre nous rattrape.

Je ne vois qu'un seul remède à mon problème : faire une cure de sommeil dès mon arrivée à la maison !

L'ambulance qui passe devant le bâtiment me sort de mon état de somnolence. Ma curiosité réveillée, je m'avance légèrement pour mieux voir ce qu'il se passe. Un ambulancier sort le brancard et je déglutis en voyant le bras de l'accidenté tomber mollement dans le vide. Les deux hommes se dépêchent de guider le brancard vers l'entrée des urgences et j'aperçois déjà deux médecins sortirent en courant.

J'ai toujours trouvé le métier d'urgentiste magistral mais en les voyant en pleine action, je dirais même qu'il s'agit d'un métier digne des Divinités.

— Bonsoir Annabelle ! me salue une voix masculine, brisant mon instant de voyeurisme.

Thomas.

Je regarde ce dernier et fais un signe de tête suivi d'un léger sourire. Puis soudainement réveillée par le gong, je m'empresse de le rattraper alors qu'il s'apprête à s'élancer sous la pluie.

— Thomas, crié-je tandis que ce dernier sort son parapluie. Attendez-moi ! Auriez-vous quelques minutes à me consacrer ? Juste deux, rajouté-je en le voyant hésiter.

Je sais qu'il doit se dire que je me mêle de ce qui « à première vue » ne me concerne pas, sauf qu'Irina est mon amie ! Et son bonheur m'importe.

— Juste deux minutes alors, me prévient-il en refermant son parapluie et je lui fais signe de la main de me suivre à l'abri.

— Comment allez-vous ? souris-jen erveusement.

— Bon Annabelle, de quoi voulez-vous me parler ? s'impatiente-t-il.

Il a raison, pas la peine de faire dans la dentelle. D'ailleurs, s'il veut vraiment la jouer ainsi, il va être servi.

— Irina ! répliqué-je et le regard de Thomas s'assombrit encore plus qu'il ne l'est déjà.

— Que voulez-vous savoir à son sujet ? demande-t-il, me prenant définitivement pour une imbécile. C'est votre amie, je ne vois pas pourquoi vous...

Petit ami et Compagnie 2 - Réapprendre à aimer (Terminée)Where stories live. Discover now