Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]

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[Fleurie — Hurricane]

« Pourquoi rêver en couleur alors que l'avenir n'annonçait que du noir ? »

Daniela

Le cliquetis que faisait le stylo à bille contre le papier résonnait dans la pièce silencieuse pendant que Monsieur Krokneart copiait ce que je lui disais, c'est-à-dire pratiquement rien. Il m'avait donné un autre rendez-vous, la dernière fois que j'étais venue le voir, et j'avais décidé de m'y rendre sans pour autant en avoir envie.

Mais il fallait bien que je me l'avoue : j'avais besoin d'aide. Et même si c'était pour entendre ces mêmes phrases, ces mêmes mots, ces mêmes discours à chaque fois, c'était nécessaire. Même si ce n'était pas pour parler, mais simplement pour écouter, c'était utile.

Mes ongles grattaient la peau de mon bras, je savais que le psychologue à côté de moi avait remarqué ce geste, mais il ne pipa mot. Heureusement, d'ailleurs. C'était la seule chose qui me déstressait.

— Est-ce que ça va mieux, par rapport à la dernière fois, Daniela ?

Je tournai la tête vers lui, il me regardait en l'attente d'une réponse. Je le dévisageai, lui et ses grosses joues. Il avait la tête d'un homme sympathique, le genre qui avait l'air à votre écoute à chaque instant. Il avait bien choisi son métier.

— Je ne sais pas, répondis-je simplement.

— Tu as l'air beaucoup plus dans ton assiette, insista-t-il.

Je ne fis qu'hausser les épaules.

— Dis-moi si je me trompe, mais la raison pour laquelle tu étais si bouleversée à un rapport avec la mort de cette élève, c'est ça ?

— C'était mon amie, dis-je alors qu'une boule se formait déjà au travers de ma gorge.

— Et que ressentais-tu à ce moment-là ? Ne me dis pas que tu avais mal, ça je l'ai compris.

Je fronçai les sourcils, pas sûre d'avoir compris. Bien évidemment que j'avais mal et que je souffrais la dernière fois, même si je souffrais encore. Alors que voulait-il que je réponde d'autre ?

— J'avais simplement mal, rétorquai-je. C'est tout.

— Non, non, répondit-il. Ce n'est pas comme ça que ça va marcher. Que ressentais-tu réellement, Daniela ?

Je restai silencieuse, à mi-chemin entre mes pensées et mon incompréhension. Ce qui me permettait de ne pas craquer, à ce moment-là, c'était ce sentiment de vide complet, mais repenser à la mort de Jessica et à la façon dont j'avais pleuré en venant ici, sur ce même sofa, me donnait l'impression de m'enfoncer dans des sables mouvants. Jusque là, je flottais à la surface, mais plus j'y pensai, plus mon corps devenait lourd.