Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]

𝟜𝟘

[Muse — Madness]

« C'était comme un coup de massue qui m'avait abattu d'un seul coup, au final, tout avait une explication. »

Paris
(mon chapitre préféré...)

   Des pleurs s'entendaient au loin entre l'immensité des arbres. Mes jambes couraient déjà à pleine allure, mais je n'avais pas l'impression d'avancer. J'étais condamné à m'essouffler dans cette forêt sombre. La voix éraillée d'une fille appelait mon nom à s'en casser la voix, mais même en tournant sur moi-même, je ne savais distinguer d'où elle provenait. Le souffle court, je me remis à courir, tous mes sens en alerte. Je ne savais pas pourquoi ces pleurs m'attiraient mais il fallait que je les rejoigne. C'était comme une course contre la montre, un objectif à atteindre avant que... tout se termine pour de bon.

Mes pieds écrasèrent les branches, s'enfoncèrent dans la boue et plusieurs fois je dus faire appel à mon équilibre pour éviter de chuter. Les arbres défilaient autour de moi à pleine vitesse, j'avais l'impression d'être un loup qui poursuivait sa proie, seulement moi, je cherchais à la sauver. Cette voix appela mon nom une nouvelle fois, et cette fois-ci, il paraissait clair et distinct à travers les sapins. Je levai la tête vers le ciel sombre, et accéléra le pas. Les arbres n'étaient plus que des ombres dont je devais éviter les racines, je n'en voyais pas la fin. Seulement, mon pied se prit dans une branche et voilà que je m'écroulai sur le sol froid, et ma tempe tapa le sol brutalement.

Mon oreille siffla, et un terrible mal de crâne me fit revenir à la réalité. Les pleurs s'entendaient toujours au loin, mais je ne sentais plus l'air épais de la forêt ni cette fraîche odeur de sapin. J'essayai de bouger mes bras, quelque chose retenait mes poignets. Les membres engourdis, je râlai dans ma barbe. Mon cœur battait dans ma tempe, c'était si douloureux. Si seulement j'avais pu me rattraper avant de... Et soudain, je me souvins.

Je n'étais jamais tombé sur le sol boueux du bois.

J'ouvris brusquement les yeux, mais il faisait si noir que je ne distinguai rien. Quelqu'un pleurait, juste devant moi. Je tentai de faire un geste, mais je ne pus bouger d'un pouce. Il ne me fallut qu'une seule seconde pour comprendre que j'avais les pieds et les poings liés. Je grinçai des dents en tirant sur mes liens, mais je n'obtins en réponse qu'un bruit de chaînes traînant sur le sol froid. Je toussai plusieurs fois, ma joue me grattait, et j'avais tellement mal sur le côté du crâne.

— Paris ?

Je relevai la tête vers cette voix douce et basse, je n'avais pas besoin de voir pour savoir à qui elle appartenait. Car même si cela faisait des semaines entières que je ne l'avais pas entendu, je me souvenais de son timbre comme si c'était hier.

— Serena ? répondis-je d'une voix grinçante.

J'entendis un sanglot, mais il venait d'elle, cette fois-ci.