Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]

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[Sam Smith — Fire on fire]

« Ici, chacun avait ses propres secrets. »

Paris

   Ce matin-là, je n'avais pas très faim, j'avais pourtant l'habitude de manger pour quatre. C'était peut-être le visage pâle et inquiétant de Daniela qui me rongeait. Hier soir, lorsque je l'avais rejoint dans mon lit et que j'avais enlacé son corps frêle, je n'avais pas réussi à m'endormir. Rien n'avait pu enlever les trois petites lettres qui hantaient mes pensées. Tom.

   En plus d'être furieux contre elle, il l'avait embrassée et emmenée dans une chambre sans qu'elle ne s'en souvienne. Et il y avait bien une explication, encore fallait-il que je sache laquelle. La première qui me venait à l'esprit était la drogue. Cependant, tant que je n'avais pas de preuve, je ne pourrais être sûr de rien. Et ça m'agaçait. J'avais envie de démonter Tom à chaque fois que je le croisais, mais je devais réfléchir à la façon dont je le coincerais. J'avais Cassie à mes côtés, à présent, et les barreaux d'une cellule seraient bien plus aptes à rétablir la justice que mes poings. Même si cela ne m'aurait pas dérangé de lui en flanquer une ou deux.

   D'autant plus qu'il faisait peur à Daniela. Et je ne voulais pas qu'elle ait peur d'un salopard pareil. En fait, personne n'avait le droit de lui faire peur. Plus maintenant, pas après ce qu'elle avait déjà vécu. Je l'avais longuement admirée hier soir, de ses lèvres pulpeuses jusqu'à ces cils qui, lorsqu'elles se mettait à pleurer, paraissaient devenir plus noirs et plus longs encore. Elle était belle, indéniablement, et en toutes circonstances.

   Maintenant que je la connaissais mieux, je me détestais d'avoir pensé qu'elle ait pu être une garce jusqu'au bout de ses ongles manucurés. Elle le faisait croire, seulement croire. Et je préférais la voir comme elle était : sensible et attachante.

Lorsque je l'avais déposée dans sa chambre une heure plus tard, elle dormait paisiblement, comme si rien n'aurait pu lui enlever sa quiétude.

   Autrement dit, cela n'avait rien à voir avec sa mine de ce matin.

   Il s'était passé quelque chose, et elle avait sans doute pleurer. Elle faisait passer ses yeux rouges pour de la fatigue auprès de Chandler et de Billy, mais je savais qu'elle jouait son rôle face à eux, celui qui dit que tout allait bien, que rien ne l'atteignait. Mais je n'étais pas aveugle, elle ne touchait pas à son petit-déjeuner, je voyais bien à sa moue déconfite que rien ne lui faisait envie sur son plateau, et elle avait l'air complètement abattue sous son expression blasée.

   — Tu es sûre que tu ne veux rien me dire ? lui murmura Madison, se penchant vers elle.

   Daniela secoua la tête, je reposai mon pain au chocolat décidé à ne plus rien avaler ce matin. J'étais curieux, inquiet, et consterné. Si Madison n'était pas au courant de ce qu'il se passait, cela devait être quelque chose que Daniela voulait cacher à tout le monde.