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[James Bay — Let it go]

« Tout en moi brûlait, je partais en fumée et bientôt il ne resterait plus que mes cendres

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« Tout en moi brûlait, je partais en fumée et bientôt il ne resterait plus que mes cendres. »

Daniela

   J'avais l'impression de vivre un cauchemar, le genre où on souhaite à tout prix se réveiller, mais que cela nous est impossible car ce maudit rêve se trouve être la réalité. Je ne comprenais pas comment j'en étais arrivée là, à me faire traîner par deux policiers comme la plus grande des criminelles, les mains dans le dos et le fer aux poignets. J'étais comme un animal qu'on emmenait à l'abattoir, tirée sans délicatesse dans les couloirs de ce qui avait auparavant été ma seconde demeure.

   Tous les élèves sortaient peu à peu des salles de cours, l'ombre sur leur visage me maudissait, mais je ne savais pas pourquoi. Une rumeur courrait, mais je n'arrivais pas à savoir laquelle. Elle semblait courir aux oreilles des ces araignées en soif de potins. Mais qu'avais-je fait, moi, pour mériter leur haine ? J'avais toujours tout fait pour gagner leur respect.

   La grande porte avançait vers moi, ou plutôt, peut-être que c'était moi qui avançais vers elle. Je ne comprenais plus rien, je n'arrivais plus à comprendre. Tout ce que je savais, c'était que je n'avais plus le temps de savoir. Je le savais, le sable s'écoulait dans le sablier, et les minutes comptaient.

   — Lâchez-moi ! m'écriai-je en me débattant.

   Mais ces gros bras ne voulaient rien entendre, je n'avais aucune chance mais je continuais à me débattre.

   — Je n'ai rien fait, lâchez-moi !

   Peu importait. J'aurais pu faire tout ce que je désirais pour me libérer de là, jamais je n'aurais pu échapper à la poigne que ces hommes avaient sur moi. Les battements de mon cœur grondaient dans ma poitrine, comme le tonnerre pendant la tempête. Je voulais qu'on me libère, qu'on me laisse tranquille, qu'on me secoue pour me tirer de cet enfer et que j'ouvre enfin les yeux. Le souffle court, les nerfs à rude épreuve, baignée dans l'incompréhension, je lâchai les premières larmes. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ?

   — Paris ! criai-je en craquant.

   J'avais besoin de le voir, de l'entendre, qu'il m'explique ce qu'il se passait comme personne ne daignait le faire. Il avait toujours été là, alors pourquoi pas maintenant ? Où était-il passé ? Je baissai la tête pour éviter les autres regards, tout ce que je voulais, c'était que ses yeux rencontrent les miens et qu'il y lise en moi la perdition, la crainte, toutes ces questions auxquelles il répondrait sans hésiter. Je voulais qu'il les retienne de m'emmener je ne savais où, qu'il me garde à ses côtés pour l'éternité car c'était avec lui que je voulais rester pour toujours.

   Avec lui, je n'aurais pas vu ces autres qui me montraient du doigt, je n'aurais pas senti leur venin qui se répandait déjà dans l'intégralité de mon corps, je n'aurais pas remarqué qu'ils me regardaient comme on regarde un condamné à mort. Avec pitié et colère, sans savoir laquelle de ces émotions choisir. J'étais l'objet d'un divertissement, une bête de foire, mais encore aurait-il fallu que je sache de quel spectacle il s'agissait.

Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now