Woodton Suspect [EN RÉÉCRITURE]

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[Sia — Dressed in Black]

« À force de se mettre en danger pour les autres, il devenait un danger pour lui-même. »

Daniela

Ce matin-là, les oiseaux chantaient gaiement, le soleil était déjà levé et ses rayons passaient au travers les rideaux. La chambre de Madison était plongée dans une accalmie confortable que je ne voulais pas quitter. Je m'étendis lentement, puis me laissai retomber sur le matelas, Teddy entre mes bras. Aussi étrange que cela puisse paraître, je me sentais bien. Comme si... rien ni personne ne pouvait me détacher de ce calme et de cette sérénité.

Mes lèvres s'étendirent d'elles-mêmes lorsque je vis ma meilleure amie se réveiller à mes côtés. Elle s'assit lourdement en tailleur, les cheveux collants à son visage et les yeux encore fermés.

— Salut la baveuse, la taquinai-je gentiment.

Elle ouvrit un œil, me sourit puis me lança sa peluche gluante en pleine face. Je la repoussai rapidement d'un air dégoûté, sa bave, elle pouvait la garder. En tout cas, ma tête dut la motiver à se lever. Elle rit un instant avant de se dépêcher à prendre ses affaires et à sortir en courant de la chambre.

Je me redressai, et ce fut là que ce poids que je traînai derrière moi depuis des années s'affaissa sur mes épaules. Je le sentis peser lorsque je me mis debout et que, machinalement, je fouillai les poches de ma veste à peine accrochée à son cintre. Le métal toucha mes doigts et l'illusion de cette accalmie que j'avais pu ressentir s'évanouit alors complètement.

Le briquet de Jessica, je ne savais ni comment ni pourquoi il avait atterri dans ma poche, et ça me faisait peur. D'abord la lettre que je retrouvais sur le bureau, les douches, puis Teddy, et maintenant, le briquet. J'avais l'impression d'être surveillée de très près par quelqu'un. Quelqu'un qui avait décidément accès à mes affaires. Je fronçai les sourcils, me tournant vers le lit vide de Madison.

Non, non, non ! Je secouai la tête, chassant mes idées noires hallucinantes. Je ne pouvais pas penser une seule seconde que ma meilleure amie soit celle qui me faisait du mal. Il devait y avoir une explication derrière tout ça. J'expirai lourdement, laissant retomber le briquet dans ma poche. Je pris mes affaires, puis sortis de la chambre pour aller me doucher, puis lorsque l'on fut prêtes, Madison et moi nous rendîmes au réfectoire.

Nous nous installâmes à la table des garçons. Chandler claqua un léger baiser sur la joue de ma meilleure amie et Billy me fit un petit signe de la main, auquel je répondis par un sourire forcé. J'étais bien trop préoccupée pour faire preuve de la moindre attention. Toutes ces choses étranges, toutes ces peurs qui ne s'en allaient jamais. Peut-être était-il temps que j'en parle à quelqu'un, peut-être même qu'il était préférable que j'en parle.