Chapitre 5 - Emy

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Concentrée sur mon exercice, je n'entends pas mon meilleur ami, Josh, s'approcher de moi. Je lâche un cri de surprise, quand il arrive dans mon dos, et me fait peur.

- Idiot, soufflé-je.

Un grand sourire fend son visage, et il s'installe à côté de moi.

- T'y arrives ?

Je hoche la tête, distraitement.

- Bon. De toute façon, la physique, c'est vraiment pas mon truc. Ça va ? me demande-t-il.

- Oui, oui.

La vision de mon exercice se fait aussitôt remplacer par son visage lumineux.

- Non, laisse-moi, chuchoté-je, agacée.

- Arrête, je sais que ça va pas.

- Je travaille, tranché-je.

- Emy ! râle-t-il, et je devine facilement qu'il est frustré par mon manque de communication. Allez, viens là.

Il ouvre grand ses bras et je pose mon crayon sur la table, pour m'y réfugier. Nous restons quelques instants comme cela, l'un contre l'autre, silencieux, puis je finis par me reculer.

- Raconte-moi ce qui te tracasse, déclare-t-il, et son sourire disparaît.

- Tu le sais déjà, marmonné-je, en baissant les yeux sur mon exercice de physique.

- Ce sont tes parents ?

Je pince les lèvres, et lui montre mon pouce levé vers le ciel.

- Je vois. Donc tu ne vas pas bien, confirme-t-il, et je le regarde réfléchir du coin de l'œil. Je pourrais te faire du bien, tu sais.

J'écarquille les yeux, suite à son sous-entendu, croyant à une blague perverse pour me faire rire, mais il ne rigole pas du tout.

- Je suis sérieux, ajoute-t-il. Toi et moi, ça fait un petit nombre d'années qu'on se connaît déjà...

Lorsque sa main glisse sur ma cuisse, et que sa bouche se rapproche de mon visage, je comprends très vite que notre amitié dérape vers quelque chose où je n'ai pas envie de m'aventurer.

Alors, je me lève, et me recule brusquement, loin de lui.

- Mais t'es un grand malade ! Ne t'avise plus de me toucher ! m'écrié-je soudainement.

De quel droit se permet-il ?! Je pensais le connaître, pourtant... Est-il possible qu'il ait changé à ce point-là ? Parce qu'en face de moi, je n'ai pas mon meilleur ami, j'ai un monstre pervers.

- Je suis désolé, souffle-t-il, c'est pas ce que je voulais dire.

Mais je vois son regard le trahir, et je sais qu'il ne regrette rien de tout ce qu'il vient de me balancer. Une chose traverse mes pensées.

- Tu... tu as voulu être ami avec moi... juste pour m'avoir dans ton lit ?

Lui demander cela me paraît presque invraisemblable. Je ne l'aurai jamais cru capable de me faire ça.

- Non, bien sûr que non ! Emy, tu délires !

Je soupire brusquement, à bout de patience.

- Ça fait combien de temps, alors ? Combien de temps que tu veux coucher avec moi ? Hein ?

- Eh, calme-toi. C'est pas facile, pour moi, de te dire ce que je ressens. Tu sais bien que j'ai du mal, avec ça, me répond-il, et j'essaie de me calmer, mais je n'y arrive pas.

- C'est pas facile ? Pas facile ! Mais, putain, tu t'entends parler ?! Tu crois que c'est facile d'entendre que mon meilleur pote depuis toujours veut coucher avec moi ?

- Emy, écoute-moi, tente-t-il, mais je ne suis pas dupe, et je sais très bien qu'il va tout faire pour que je puisse lui pardonner.

- Non ! Non, putain ! Je vais pas t'écouter ! Casse-toi ! Casse-toi de ma putain de vie !

- Emy, ça fait des putain de mois que j'ai des sentiments pour toi ! Écoute-moi ! Le jour où on a eu ce fou rire devant les vestiaires de basket, tu t'en souviens ?
C'est depuis ce jour-là. Quand t'avais ri, j'ai craqué. J'ai laissé tous ces putain de sentiments m'envahir, et j'ai tout fait pour que tu ne t'en rendes pas compte. Parce que je savais que ça finirait comme ça.

Je suis incapable de faire le moindre geste. Je n'arrive pas à pleurer, pas à lui parler. Il n'a pas tort, et il le sait. L'Amour me déteste, et inversement. Je ne peux pas aimer quelqu'un. Je prends une grande inspiration, m'insufflant le si peu de courage qu'il me reste, pour le repousser.

- Pars.

C'est la seule chose que je dis, et pourtant, ça me fait si mal. Son regard ne cache pas sa surprise, ni sa souffrance.

- Emy, tu ne peux pas, après...

Sa phrase ne se termine pas, et je vois ses épaules s'abaisser.

- J'espère que tu me pardonneras, dit-il, juste avant de quitter la salle de classe, dans laquelle nous étions seuls.

Je prends conscience que je viens de perdre mon meilleur ami, mon confident, et probablement mon conseiller. Et je me sens incapable de lui pardonner, alors que ce n'est en aucun cas de sa faute s'il ressent ces sentiments envers moi.

Je repense à tous les bons moments, que l'on a passé ensemble, les soirées que l'on faisait le vendredi soir, à la fin de la semaine, nos cuites les lendemains, les gueules de bois. Nos soirées devant les films, avec les bonbons qu'il apportait. Nos soirées à la belle étoile, l'été dans l'herbe, admirant la lune, bien plus magistrale la nuit que le jour. Nos conversations vers deux heures du matin, chacun sous notre couette, à deux pâtés de maison l'un de l'autre.

Tous ces moments, gâchés en l'espace de quelques minutes. Je ne peux pas accepter ses sentiments. C'est impossible. Il ne peut pas m'aimer. Je ne pourrais jamais le croire.

Perdue parmi toutes les émotions contradictoires qui m'arrosent, je ne m'aperçois même pas que des grosses gouttes s'écrasent sur mon exercice de physique. Mes larmes. Ma tristesse.

Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'il tombe amoureux de moi ?

Malgré tout, je réalise que cela dépasse les lois de la physique, sur lesquelles je me penche depuis une heure. Peut-être est-ce simplement mon corps qui l'attire. Parce que physiquement, dans la physique que j'étudie, deux personnes ne peuvent pas s'aimer.

Et je sais que je ne pourrais jamais l'aimer comme il m'aime en retour.

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