Prends ma main

Chapitre 17 - Emy

En train d'écouter de la musique, les écouteurs plantés dans les oreilles, une soudaine autre chanson coupe mon état calme.

C'est mon ancien meilleur ami. Josh.

Il doit au bout du fil invisible, avoir quatre sonneries, avant de basculer sur ma messagerie. Pourquoi m'appelle-t-il ? Que veut-il ?

De nouveau, mon téléphone reçoit un appel entrant de la même personne. Pourquoi ne laisse-t-il pas tout simplement un message vocal ? Ne serait-ce pas plus facile ?

Je n'ai aucun envie de lui parler, de le voir s'excuser pour quelque chose qu'il aurait pu me dire bien avant que tout cela ne retombe au fond du gouffre.

Et pourtant, comme si ces deux appels ne lui avaient pas suffi, un message s'affiche sur mon écran.

Josh
Laisse-moi te parler...

Moi
Pourquoi ?

Josh
Tu me manques. Nos fou-rires me manquent. Reviens, s'il te plaît. Je suis désolé.

Moi
Il est trop tard, Josh.

Josh
Donne-moi une seconde chance...

Moi
Je pense que tu connais déjà la réponse.

Être aussi froide avec lui ne me ressemble pas, mais il le faut. Parce que je sais que c'est mal de continuer d' être amie avec lui. Parce que je sais que soit il m'aime, soit il a autre chose en tête, qui ne serait sans aucun doute une histoire de sexe. Parce qu'il recommencera. Et parce que je n'ai plus envie de me confier à lui, de lui faire confiance, comme je le faisais avant. Il me fera souffrir, ce qu'il sait si bien me faire actuellement.

Il m'aurait dit que la souffrance est un sentiment à éradiquer, et pourtant, cette émotion fait partie de ce qui nous rend humain. Et malgré tout, je suis du même avis que lui, parce que je n'en peux plus de ressentir cette putain de douleur qui me serre les trippes.

La sonnerie de mon téléphone portable me fait sortir de mes pensées. C'est encore Josh.

Cette fois-ci, bien décidée à mettre fin à cela, je décroche.

- Enfin, tu me réponds... l'entendis-je souffler, à l'autre bout du fil.

Ce fil invisible, qui nous sépare. Ce fil de funambule sur lequel nous tentons de marcher, de courir. Lui de me suivre, moi de lui échapper.

- Josh, c'est fini. Laisse-moi partir, dis-je, allant droit au but.

J'attends sa réponse, impatiente qu'il m'en donne une, pour que je puisse mettre fin à la communication, et pleurer en silence, comme je sais si bien le faire.

- Tu sais bien que j'en suis incapable, articule-t-il, et je pourrais presque voir ses yeux se plisser, car c'est ce qu'il fait à chaque fois qu'il est contrarié.

- Quand on veut, on peut, lui lancé-je, en reprenant un diction connu.

- Et tu oublies que je ne veux pas, Emy. Si tu ne m'aimes pas comme moi je t'aime, très bien. Mais restons amis, je t'en prie...

- Non, lâché-je, juste avant de raccrocher, et de laisser mes larmes s'effondrer sur mes joues, telle une pierre dans une flaque d'eau.

Plein d'éclaboussures autour de moi. Autant que mes larmes.

Quelque chose m'empêche de respirer, un poids s'écrase sur ma poitrine, et mon cœur rate un battement.

Soudain, une notification, un message.

Josh
Je sais que tu pleures.

Mais laisse-moi, putain ! Tu sais que je me sens mal, alors laisse-moi me libérer, merde, alors !

Combien je donnerai, pour que ma mère ou mon père entre dans ma chambre à cet instant, pour que l'un des deux me demande ce qu'il m'arrive, pour qu'ils me reconfortent.

Mes yeux produisent encore deux fois plus d'eau salée, doublant de volume, et la douleur de ne pas avoir de parents aimants me monte à la tête.

Un éclat de soleil traverse ma fenêtre, et je me rends compte, qu'il est bientôt temps que j'aille au lycée. Je laisse ma tête retomber sur mon oreiller, en soupirant, n'ayant aucune envie d'aller dans ce lieu qui me force à sourire.

Et pourtant, je suis obligée d'y aller. C'est pour mon avenir, ce que je me dis souvent, et surtout ma seule source de motivation.

Je franchis directement la porte d'entrée, après m'être préparée, et vais au lycée, en bus, la musique résonnant dans mon corps tout entier. Les yeux fermés, je me laisse bercer par les secousses du bus, en essayant de faire abstraction de toutes le personnes autour de moi, et de tous mes problèmes.

Cela marche pendant une demie-heure, et ensuite, l'enfer revient, se place devant moi, me montrant le chemin à prendre : mes "amies".

Un faux-sourire de ma part leur est adressé, un faux rire, une fausse-bise. Tout est faux, dans l'amitié que j'ai avec elles. Peut-être m'aiment-elles vraiment ? Peut-être font-elles semblant, comme moi ? D'un côté, j'espère que c'est ce qu'elles font, parce que je n'ai aucune envie qu'elles s'attachent à moi.

L'image du visage de James prend soudainement place dans mon esprit, et je me rappelle les soirées que nous avons passé, allongés dans l'herbe, sous le ciel étoilé, sans connaître rien l'un de l'autre.

- Emy.

Je reconnais aussitôt la voix de mon ancien meilleur ami. Josh se tient devant moi, et passe une main dans ses cheveux, avant de me regarder véritablement.

Une de ses mains se rapproche de mon visage, et je me recule brusquement. Des éclats de voix retentissent derrière moi, mais je n'y prête pas attention.

- Pars, Josh.

J'aperçois la tristesse et une autre émotion dans son regard, que je ne saurais décrire.

Il semble avoir compris, quand je le vois reculer. Un petit sourire prend place sur ses lèvres.

Ma gorge se noue, un nœud que seul lui-même pourrait défaire. L'espace d'un instant, je me vois lui dire de revenir, et il me prend dans ses bras. Mais ce n'est que le fruit de mon imagination.

Les battements de mon cœur s'accélèrent, et je sais qu'il attend. Mais je ne parlerais pas. Parce que l'amitié que nous avons vécue, est désormais terminée. Et plus aucun retour en arrière n'est possible.

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promis, un jour j'irai bien