Chapitre 27 - Emy

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Un sourire se forme sur mon visage, quand une bombe atomique me serre dans ses bras, alors que j'ai à peine posé un pied dans la salle d'attente du psy. Pierre, qui nous regarde, amusé, comme si cela lui rappelait les années où il avait notre âge.

- Emy, déclare-t-il soudain, mais il est vite coupé par Tylo, qui me serre encore contre son torse.

- Déjà ? Mais nous n'avons pas encore eu le temps de discuter, murmure Tylo, déçu.

- Oui, confirme le psy. Je ne crois pas que ce soit de ton aide qu'Emy a besoin, ajoute-t-il, puis : On y va ? Et je hoche la tête, me séparant à contre-cœur de mon ami de psy.

Assis à nos place habituelles, Pierre me pose encore et toujours la même question, au début de nos rendez-vous.

- Bon. Ça va ? Ta semaine s'est bien passée ?

J'acquiesce d'un mouvement de la tête.

- Tes amis vont bien ? Tes parents ?

Nos pupilles se croisent, et l'espace d'un instant, je me dis qu'il ne s'est pas aperçu de la pointe d'hésitation qui a embaumé le silence de la pièce.

Il croise les bras sur sa poitrine, se cale dans le fond de sa chaise roulante, et plisse les yeux.

- Parle-moi de tes amis, dit-il tout à coup.

- Il n'y a rien à dire, tranché-je d'un ton sec.

- Emy, je sais ce que tu ressens, lance-t-il, et cette fois-ci, c'est à mon tour de froncer les sourcils.

- Ah oui ? Vous allez me dire que vous avez vécu tout cela ? Je suis désolée, mais si c'est pour que vous me disiez que je me sens rejetée, vous avez tout faux. La vérité, c'est que je n'ai pas d'amis. Ou peut-être un seul, alors, avoué-je dans un souffle, tandis que James se faufile dans mes multiples pensées.

- Alors, tu vois, me sourit Pierre. Comment va-t-il ?

Je baisse les yeux. Les larmes de James remontent dans ma mémoire, et j'ai compris que sa douleur était vraiment importante, et qu'il a besoin de quelqu'un pour l'aider.

- Encore plus mal que moi, soupiré-je.

- Je ne suis pas certain que ce que tu me dis soit vrai, Emy. On a tous des problèmes, mais aucune situation n'est pire qu'une autre. Et tout le monde peut s'en sortir, lâche-t-il. Comment s'appelle-t-il ?

- James.

- Ok. Tu sais qu'il peut venir ici ? Je pourrais le prendre sans l'autorisation de ses parents, me conseille Pierre.

- Je ne pense pas qu'il voudrait. Il règle ses problèmes par la boxe, et je crois que ça lui fait réellement du bien, répliqué-je. Ses parents... c'est compliqué.

- Explique-moi.

Je jette un coup d'œil à mon psy, qui ne cesse d'écrire des mots sur sa feuille. Écrit-il sur moi ou sur James ?

- Disons... qu'il ne sait pas où est sa mère, et que son père est en prison. Et personne ne lui a jamais raconté pourquoi, dis-je.

- Je vois. Vous vous parlez souvent ? me demande-t-il.

Que répondre ? Que j'ai du mal à dormir, alors je sors la nuit ? En aucun cas je n'aurai préféré mentir.

- Toutes les nuits, affirmé-je.

- Par téléphone ? s'étonne Pierre, les sourcils haussés.

- Non... en vrai. En face à face. On regarde souvent les étoiles.

- La nuit ? insiste-t-il.

- Oui.

- D'accord. Alors, reste ami avec lui. Je ne pense pas que ce soit un killer, conclue-t-il en souriant. Très bien. Tu voulais que l'on parle de quelque chose d'autre ? me questionne-t-il de nouveau.

- Euh, oui.

Cette fois, pour la première fois depuis tous nos rendez-vous, il paraît réellement surpris.

- Est-ce que vous connaissez Josh Timber ? l'interrogé-je, un peu angoissée.

Il pince les lèvres, alors qu'il cherche sûrement son dossier dans l'ordinateur. Au bout de quelques minutes, son visage s'éclaire, et je devine sans mal que Josh ne m'a pas menti.

- Oui, il est là. Pourquoi ? Tu le... c'était ton meilleur ami, d'accord.

Je plisse les yeux, puis les descends vers le sol.

- Comment le savez-vous ?

- Il me l'avait dit.

- Ah... eh bien, ce n'est plus le cas.

- Que s'est-il passé ? me demande Pierre, comme si c'était évident qu'il s'est passé quelque chose.

J'ai un moment d'hésitation. Est-ce une bonne idée ?

- Il a voulu me toucher. Il m'aime vraiment, dis-je en relevant la tête. Il m'aime comme si j'étais sa petite-amie. Il... il n'arrête pas de m'envoyer des messages, de m'appeler pour me récupérer. C'est assez... dur. Il me manque. C'était quand même mon meilleur ami. Tout ça ne disparaît pas en deux mois, ajouté-je.

- C'est du harcèlement, ce qu'il fait, jeune fille, reprend mon psy, avec un véritable air sérieux. Je vais essayer de le contacter pour qu'il te laisse tranquille, ok ? Et s'il continue, surtout, préviens-moi, me fait-il promettre.

- Merci, lui répondis-je, reconnaissante, en me levant, comprenant que la séance est terminée.

- Emy ? Attends, s'il te plaît. Je voudrais te demander comment tu fais, enfin, plutôt de quelle façon tu gardes tout ça au fond de toi.

- Comment ça ?

Comme sa question me prend à court, et que je n'ai aucune envie d'y répondre, je me sens obligée de tenter de faire dévier sa parole.

J'ai beau chercher une quelconque trace de pitié dans son regard, je n'en trouve pas, et ce sont mes larmes -non souhaitées- qui prennent le relais. Parce que je sais qu'il a déjà compris. Je n'ai pas fait assez attention.

- Montre-moi tes poignets, ordonne-t-il presque, et je recule d'un pas, en arrière.

- Emy... tu peux me faire confiance, tu le sais ? Alors, pourquoi fais-tu ça ? Tu en auras des marques dont tu ne seras pas fière plus tard, me lance-t-il avec un regard compatissant.

- Oui, soufflé-je froidement. Je le sais parfaitement. Et je m'en fous ! m'écrié-je brusquement.

- Pas moi, Emy ! Il faut que tu arrêtes ! Ce n'est pas beau, une cicatrice, me dit-il, soudainement calme.

- Ah ! Donc vous, tout ce qui vous intéresse, c'est la beauté ! Ok, au revoir Pierre, grogné-je en refermant la porte.

- Emy ! Reviens ! Promets-moi de ne pas recommencer !

Ce sont les derniers mots que j'entends de sa part. Une promesse envolée

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je publie maintenant parce que je suis pas sûre de pouvoir demain :)

kisss prenez soin de vous :')

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