Chapitre 29 - Emy

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Une sonnerie de téléphone me sort de mon sommeil, bien de trop reposant à mon goût, pour une fois. Le temps que j'émerge, l'interlocuteur a déjà basculé sur la messagerie.

Le nom de Josh s'affiche sur mon écran. Un soupir m'échappe. Le psy ne m'avait-il pas dit qu'il lui parlerait ?

De nouveau, un appel de la part de mon ancien meilleur ami. Je dois tenir, je ne dois pas décrocher, pas céder à la tentation de décrocher ce putain de téléphone.

Oh et puis, merde, alors !

À l'instant où je décroche, la voix de Josh me salue.

- Emy.

- Tu veux quoi ? lui demandé-je brusquement.

- Parler. De nous.

- À quatre heures du matin ? Mais bien sûr, Josh, je te crois, affirmé-je, la voix dégoulinante d'ironie.

- Oui. Emy, écoute, je veux qu'on reprenne notre amitié, d'accord ? Tu me manques vraiment, je te promets que je ne te toucherai plus, s'il te plaît... Laisse-moi une chance de me ratrapper...

Je me pince l'arrête du nez.

- Josh, je t'ai dit que c'était terminé. Il n'y aura plus jamais quelque chose entre nous. Compris ? le questionné-je, pour voir s'il a compris.

- Non, Emy. Je ne veux pas que ça se termine...

- Mais putain ! Ce n'est pas moi qui ai fait tout foiré, merde ! Je comprends vraiment ta douleur, Josh, parce que je ressens exactement la même chose. Mais tu sais bien comme moi, que tu recommenceras. Je te connais trop bien. Laisse-moi tomber, dis-je pour conclure  la conversation.

Et cela ne lui parut pas possible.

- Ce n'est quand même pas de ma faute si j'ai des putain de sentiments pour toi, Emy ! Tu crois que j'ai souhaité foutre en l'air notre amitié ? Vraiment ?

Un ongle se casse sous mes dents, sous l'effet du stress.

- Casse-toi, Josh ! Ne ne remets plus jamais un pied chez moi, ne pose plus une main sur moi ! Je ne veux plus te voir ! Tu comprends ça, putain ! Laisse-moi vivre sans toi ! Pars ! Et ne reviens pas ! Sinon j'appelle les flics ! hurlé-je, les larmes débordant de mes yeux.

- Excuse-moi, Emy.

- Tu peux te les foutre où tu veux, tes "désolé" et "excuse-moi" ! J'en ai plus rien à faire de ta gueule ! crié-je violemment.

- Je t'aime.

Ce sont les derniers mots qu'il a prononcé, avant de raccrocher, parce qu'il sait très bien que lorsque je suis en colère, je ne sais plus ce que je dis. Je ne suis pas vraiment consciente.

- Moi aussi, je t'aime Josh. Mais pas comme ça, murmuré-je en silence.

La porte de ma chambre s'ouvre soudainement, et je me recroqueville sous ma couette. Merde...

- Ça ne va pas la tête ? Es-tu devenue folle ? Crier en pleine nuit, pendant que les autres dorment ! s'exclame mon père, en pyjama et surtout furieux que quelqu'un l'ai dérangé dans son sommeil.

- Désolée, chuchoté-je, presque dans ma tête.

- Tu peux l'être ! À qui parlais-tu ?

- Personne, dis-je, les larmes aux yeux, puis je détourne le regard.

- Emy, mais parle-moi, putain ! s'écrie-t-il dans un murmure.

- J'étais au téléphone. Excuse-moi de t'avoir réveillé, répondis-je.

- Tu peux l'être. C'est bon ? Tu as fini de crier ? Je peux repartir dormir ? m'interroge-t-il méchamment.

Tout à coup portée par une force qui dépasse mes limites, je me lève, et me plante devant mon père.

- Non, je pense que tu peux rester ici. Tu sais quoi ? J'en ai marre. J'en peux plus que vous fassiez comme si je n'existais pas, avec maman ! C'est quoi le problème ? Pourquoi ne m'aimez-vous pas !? Hein ? Parce que vous n'avez qu'à me le dire, moi je prends mes affaires et je disparais de votre putain de vie parfaite ! hurlé-je de nouveau, mais pas contre la même personne.
J'en ai marre de me battre chaque jour, de faire semblant que tout aille bien, alors que je me sens réellement mal ! Mais vous vous en foutez. Vous ne savez faire que ça, murmuré-je.

Cette fois, je ne tente plus d'étouffer mes pleurs, comme toutes les fois où je l'ai fait.

- Vous n'avez jamais remarqué à quel point je suis ravagée, alors que vous vivez avec moi depuis dix-sept ans. Et un mec, que je connais depuis à peine trois semaines a su dès le premier regard que je lui ai adressé, que je sombrais. Mais vous n'en n'avez rien à foutre. Parce que vous êtes trop bien dans votre petite vie de merde pour vous en rendre compte.
Alors, vas-y. Dis-moi c'est quoi qui cloche, chez moi. Parce que franchement, je ne vois pas, ajouté-je, la gorge nouée par la douleur que je viens de prendre de plein fouet.

- Je t'interdis de dire ça, Emy, claque la voix de mon père. Tu es vraiment...

- Vraiment ? insisté-je pour qu'il me dise vraiment ce qu'il pense de moi.

- Irrespectueuse.

La gifle que je reçois est d'une monstruosité sans égale. Quel père frappe sa fille ?

- Tu n'as jamais rien compris.

Ses yeux trahissent une colère noire, et je l'ai rarement vu comme ça.

La douleur me monte à la tête, et je porte la main à ma joue qui vient d'être giflée par mon propre père.

- Et toi, tu n'es pas mieux, à tromper maman, grogné-je, dans l'espoir qu'il parte, mais cela ne fait qu'empirer la situation.

- Ne parle pas de choses dont tu ne sais rien, me menace-t-il durement.

- En même temps, avec maman, vous ne me dîtes rien ! Alors comment pourrais-je en parler en y connaissant quelque chose ? protesté-je, en plissant mes yeux, ce qui fait redoubler le volume de mes larmes.

- Parce qu'avec vous, je ne sais rien ! Vous ne parlez pas ! Vous faîtes comme si je n'existais pas, putain ! J'ai mal, vraiment mal, papa. Je veux vous retrouver, mais je crois que je vais laisser tomber. J'ai un espoir pour un truc qui ne se réalisera jamais.

De nouveau, une douleur sur la joue droite. Et je comprends que c'est foutu. Mes parents ne reviendront pas. Ma famille est morte.

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