1. Cara

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A peine assise à mon bureau, j'attrape aussitôt mon double expresso et en boit quelques gorgées. En jetant un oeil autour de moi je me rends compte que je suis la seule à ressembler à un zombie tous les jours. Je me demande comment mes collègues font pour avoir une aussi belle mine à chaque fois. Je paris qu'à vingt et une heures elles sont au lit avec une tisane à la camomille. Mais la tisane ce n'est pas pour moi, j'ai besoin de quelque chose d'un peu plus corsé pour m'endormir. Genre un demi-somnifère ou un somnifère entier. J'ai beau dormir sept-heures par nuit, je suis toujours crevée en me réveillant. Et le pire c'est l'après midi où j'ai juste envie de faire une sieste. Je suis sortie de mes rêveries d'après pause déjeuner, par une notification issue de ma boite mail. Il s'agit des documents que m'avait demandé Mr.Davis, je m'empresse de les photocopier en me rendant dans la salle dédiée pour. A peine ai-je appuyé sur le bouton imprimer, que la machine se met à faire un drôle de bruit.

- Ça recommence, murmuré-je à voix basse, saloperie de machine!

- Elle fait encore des caprices? Lance une voix rauque dans mon dos.

Cette voix. Elle me rappelle tellement la sienne. Je chasse cette pensée de ma tête et me retourne vers Adam, mon petit copain. Ses boucles blondes qui lui retombent sur le front, accompagnées de son visage d'ange me font immédiatement sourire.

- Tu la connais, elle n'aime pas bosser le lundi!

Il s'approche de moi avec un regard de tombeur et m'attrape par les hanches. Je ne peux m'empêcher de me tendre au contact de ses mains sur mon corps. C'est une sorte de vieux réflexe que j'ai depuis trop longtemps déjà lorsque quelqu'un me touche. Lorsqu'il se penche pour m'embrasser je le repousse légèrement en posant mes mains sur son torse musclé. 

- Si ton père nous voit en train de nous bécoter, il va me faire ma fête!

- Pas si je te fais ta fête avant! Réplique t-il en essayant de nouveau de m'embrasser.

Cette fois si je le repousse plus sèchement. L'expression amusée de son visage s'évanouit et il s'écarte légèrement comprenant qu'il n'obtiendra rien de moi. Il se décale sur le côté et jette un oeil à l'imprimante derrière moi. Sans que je m'y attende il tape violemment dessus et mon corps sursaute comme par mécanisme d'alerte.

- Voilà! Lâche t-il alors que la machine se remet à fonctionner normalement.

Avant qu'il ne tourne des talons je le rattrape par la main. Je me met sur la pointe des pieds malgré mes talons de dix centimètres et lui fait un bisou sur la joue.

- On se voit ce soir?

- Je ne sais pas. J'ai du boulot.

- Adam...

- Je te laisses, j'ai une réunion au 6ème, dit-il finalement avant de sortir de la petite pièce.

Je pousse un soupir. Il m'en veut parce que je l'ai encore repoussé. On sort ensemble depuis trois mois et j'ai encore du mal à me lâcher complètement avec lui. Je lui ai raconté brièvement pourquoi c'était compliqué pour moi les contacts physiques et il m'a dit qu'il comprenait. Mais j'ai l'impression qu'il devient de plus en plus impatient. Je ne sais pas si je suis prête à franchir ce cap avec lui. Je n'arrive pas à m'imaginer faire l'amour. Ni avec lui, ni avec personne en réalité. Mais je sais qu'il va falloir que je fasse un effort si je ne veux pas le perdre. Je tiens beaucoup à lui et j'aimerais vraiment que ça fonctionne entre nous. Il est un de mes seuls points d'ancrage qui m'empêche de couler complètement.  J'irai chez lui ce soir après l'entrainement, avec un peu de chance je pourrais arranger les choses.

Après avoir imprimé ma tonne de papiers, je me dirige vers le bureau de mon boss, Sander. Alias le père d'Adam. C'est probablement par rapport à son fils qu'il me garde, il ne m'aime pas et je le sais. Mais rien à foutre de ce qu'il pense de moi, tant que je garde mon travail, peu m'importe. Après avoir toqué à la porte, j'ouvre lentement la porte sur laquelle est écrite « Sander Davis, Directeur Général ». Sander est posté devant la large baie vitrée donnant une vue imprenable sur tout Chicago. C'est un homme puissant ici et la manière dont il contemple, la ville en contrebas, montre qu'il le sait parfaitement. C'est lorsqu'il entend mes talons tinter sur le parquet ciré qu'il se tourne dans ma direction. Je me dirige vers son bureau en verre et y dépose les documents qu'il m'a demandé d'imprimer.

The Maestro - Partie II ( En réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant