26. Cara

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Je suis réveillée par le froid. Les yeux plissés, l'obscurité m'empêche de voir ce qui m'entoure. Etant privée de la vue, je me concentre sur chaque sensations de mon corps. Une douleur lancinante irradie de ma blessure au bras ce qui me rappelle brutalement les événements de la veille. Un étau invisible me tord violemment  l'estomac alors que je repense à Ezio, sur ce parking. Mes yeux se mettent à piquer mais ce n'est rien par rapport à ce que je ressens dans ma poitrine.

Ce n'est pas possible.

Ce n'est pas arrivé.

Il n'est pas...

Incapable de le croire, mes larmes se mettent aussitôt à rouler sur mes joues. Mes émotions se mélangent tel un cocktail molotov dans mon cerveau, prêtent à exploser. Je pensais avoir déjà atteint le fond par le passé mais j'étais loin du compte. Rien de ce qui m'est arrivée, ne m'a autant brisé que de voir Ezio s'effondrer sous mes yeux. J'ai l'impression d'être de nouveau en chute libre, le coeur serré à en mourir. Sauf que cette fois l'atterrissage sera bien plus violent. C'est le même schéma qui se répète à chaque fois, lorsque je me rapproche d'Ezio, nous sommes séparés brutalement. Comme si ce putain de destin refusait que l'on soit ensemble. Je me mords la lèvre inférieure avec hargne, contrôlant difficilement mon flot de larmes.

Soudain la lumière jaillit de l'ampoule usée, suspendue au dessus de ma tête. Celle ci m'éblouit si brutalement que je me surprend à préférer l'obscurité. Je balaye mon environnement d'un oeil affolé, une chambre à la décoration vieillotte se profile devant moi. Le papier peint fleuri est aussi horrible que la situation dans laquelle je me trouve. Comme si je venais de me reconnecter à mon corps, je me met à bouger d'un coup. C'est avec effroi que je comprend que mes poignets sont liés entre eux et que mes vêtements ont disparu. Seuls mon soutien gorge en dentelle noire et la culotte qui va avec, couvrent ma peau.

Putain de bordel de merde!

Alors que je gis sur la moquette sombre, je perçois le mouvement de la porte sur ma droite. Une silhouette entre dans la pièce et je la reconnais aussitôt. Cet enfoiré de Pietro. Il s'avance vers moi, d'un air fier et moqueur. Il jubile parce que je suis en mauvaise posture. Je sais qu'il rêve de m'éclater la tête, juste en regardant dans ses yeux noisettes. Au moment où il s'accroupit face à moi, je me recule du mieux que je peux. C'est alors qu'un horrible sourire étire ses lèvres fines.

- Tu comptes aller où, hein?

- Là où je ne verrais plus ta sale gueule, pesté-je.

Il m'assène une violente gifle et ses chevalières s'enfoncent dans ma mâchoire au point que les marques risquent de me rester à vie. Ma joue brûle aussitôt face à la douleur, mais je ne grimace pas, non, ma rage intérieure me brûle bien plus.

- Ezio n'est plus là pour te protéger, tu l'as oublié on dirait...

Ses mots me font l'effet d'une gifle mais bien plus puissante que celle qu'il vient de me donner. Je serre les dents, réprimant le nouveau flot de larmes qui menace de sortir.

- Personne ne te sauvera cette fois, petite salope.

Il m'attrape brusquement par mon bras meurtri enroulé dans du bandage, me forçant à me mettre debout. Je ne me débats pas, même si ce n'est pas l'envie qui me manque, je dois garder mon énergie jusqu'à ce que je trouve un moyen de m'enfuir. Me tirant hors de la chambre sans aucune douceur, nous nous retrouvons dans un corridor sombre au papier peint un peu plus joli que celui dans la chambre. Nous le traversons à grands pas et celui ci donne directement sur un salon réchauffé par le feu d'une cheminée rustique.

Pietro me pousse dans un canapé en cuir abimé avant de se positionner en retrait, les mains croisées dans le dos, comme une statue. Les poutres au plafond donnent à cette pièce un air de chalet dans la montagne. Je tourne aussitôt ma tête vers la fenêtre en bois afin d'essayer de savoir où l'on est, mais ne voit rien à cause des rideaux tirés. Je ne sais même pas si il fait jour ou nuit.

The Maestro - Partie II ( En réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant