8. Cara

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Je vide le fond de ma margarita sous le regard acéré d'Ezio. Même de l'autre côté du bar il est incapable de se concentrer sur sa conversation avec son interlocuteur. Le dénommé Esteban est en train de parler tout seul depuis une bonne heure et ne semble même pas s'en apercevoir.

Je lâche l'italien des yeux et me retourne sur mon siège afin d'admirer les vagues et le sable blanc de cette plage des îles Galapagos. Cet endroit est vraiment magique, si seulement j'étais là avec Adam et pas avec Ezio. Des éclats de rire parviennent à mes oreilles et je perçois aussitôt des enfants courir sur le sable probablement chaud. Je devrais avoir ce même sourire sur les lèvres mais impossible.

Je me sens bête d'être habillée comme ça alors que je suis à la plage. Si j'avais su qu'on viendrait dans ce bar au bord de la mer j'aurai pris mon maillot de bain avec moi histoire de tuer un peu le temps pendant que Mr. parle avec son ami. En y réfléchissant Ezio ne m'aurait pas autorisé à me mettre en maillot de bain étant donné qu'il ne me laisse même pas sortir en short.

Je pousse un léger soupir et me retourne face au barman. Il me lance un sourire éclatant et je lui rend. Peau bronzée, cheveux bruns et yeux noisettes, il est plutôt pas mal. Il finit de ranger ses cargaisons de bouteilles avant de se poster juste devant moi.

- Je vous sers autre chose?

- Une piña colada s'il vous plaît.

- Ça marche!

Il prépare la boisson sous mon regard attentif. Dans une autre vie je serais probablement tombée sous le charme de cet homme aux bras musclés.Il aurait été une amourette de vacances ou une connerie du genre. Mais dans la vraie vie, le seul homme que je suis autorisée à voir est celui qui me regarde fixement depuis tout à l'heure.

- Et voilà. Me lance le barman en posant mon cocktail sous mon nez.

- Merci, Luca. Réponds-je en lisant le nom écrit au dessus de la petite poche au niveau de son pec.

- Mais avec plaisir...

Je ne peux m'empêcher de sourire lorsqu'il me fait un clin d'oeil. C'est à ce moment là qu'Ezio se lève de sa chaise.

Merde.

Je bois rapidement une gorgée de mon cocktail sachant pertinemment que j'aurai besoin de ça pour survivre à la crise qu'il est sur le point de me faire. Lorsqu'il se poste devant moi, je manque de m'étouffer en voyant le regard assassin qu'il me lance.

- Je peux savoir ce que tu fous? Siffle t-il en faisant glisser mon verre vers lui.

- Je bois une piña colada, ça ne se voit pas? Répliqué-je d'un ton nonchalant.

- Te paye pas ma tête Cara! T'as les yeux qui papillonnent quand tu regardes ce stupide barman!

Je jette un coup d'oeil à ce dernier qui semble soudainement occupé. Il fait comme si je n'existais pas et continue de ranger ses cargaisons. Je fulmine. Pourquoi faut-il que tout le monde se cache quand Ezio est dans les parages? Je me reconcentre sur ce dernier en prenant une expression neutre.

- Et?

Son poing s'écrase juste à côté de l'endroit où mon coude est posé. Je sursaute et retire aussitôt mon coude du bar. Ses yeux me lancent des éclairs et je parie qu'il a juste envie de m'étriper à cet instant précis. Il a qu'à le faire une bonne fois pour toute au lieu de passer son temps à me menacer.

- Tu ne comprends pas bien, crache t-il les dents serrées, t'es à moi! T'as le droit de regarder aucun autre homme que moi!

Je lève les yeux au ciel, exaspérée par son satané côté possessif.

- Ah ouais? Tu feras quoi sinon?

- Je tuerai tous les mecs sur qui tu as posé les yeux. A commencer par ce petit con de barman.

Je déglutis avec difficulté. Ça me met les nerfs qu'il use à chaque fois des autres pour m'atteindre. Il n'y a rien d'autre en réserve ou quoi? Déjà que je suis prisonnière entre ses filets, il veut en plus que mon âme lui appartienne. Le problème c'est que je n'ai plus d'âme. Plus depuis que son frère me l'a arraché. Je décide donc de jouer la carte de l'indifférence.

- Vas-y. Si ça peut te permettre de te sentir mieux dans ta peau. C'est quoi ton problème au juste? Tu as peur que je trouve un autre homme mieux que toi? Et bien, sache que ce n'est pas très compliqué!

D'un geste vif il sort un flingue de la ceinture de son pantalon et le brandit droit sur le barman. Ce dernier est de dos et ne se doute pas que sa vie ne tient qu'à un fil. Ma poitrine se comprime lorsque je comprend qu'il ne plaisante pas. Il a beau y avoir des gens autours de nous, il n'en a rien à foutre. Il est intouchable et tout le monde ici le sais. Je me suspend aussitôt à son bras pour le forcer à baisser son arme.

- Ezio! Arrête! Je retire ce que j'ai dis! S'il te plaît! Ne le tue pas!

Je jette un coup d'oeil affolé autours de moi mais personne ne semble nous voir. Ezio baisse finalement son arme face à mon air paniqué. Son regard est froid, dénué d'émotions comme la première fois que je l'ai vu tué un homme.

- Il faut que tu arrêtes de me provoquer Cara, ma patience a des limites!

Je me sens si stupide à cet instant. Je sais qu'il pourrait tuer cet homme sans aucun motif valable. Je passe une main nerveuse dans mes cheveux sous le regard brûlant de ce dernier. Je n'ai pas peur de lui, j'ai peur de ce qu'il pourrait faire aux autres pour m'atteindre.

Et si il pointait ce flingue sur Adam? Est ce que j'aurai fait autant la maligne? En imaginant la scène, mon coeur se serre. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir, lui expliquer. Je suis un monstre putain. En plus de l'avoir mit en danger, je lui ai probablement brisé le coeur. Je sais qu'il m'aimait, bien plus que moi je l'aimais. Je mordille ma lèvre inférieure en sentant mes larmes monter.

- Tu penses à lui n'est ce pas?

Je relève d'un coup les yeux vers Ezio. Comment est ce qu'il fait pour savoir ce que je pense tout le temps? Je ravale mes larmes et tente de redevenir de marbre.

- A qui?

- Adam.

- Adam est mort pour moi, réponds-je avec toute la froideur dont je suis capable.

- Tant mieux, ça fait une personne en moins sur ma liste noire.

Il tourne des talons et se dirige de nouveau vers Esteban. Je l'avais complètement oublié celui là. Vu l'expression indifférente qu'il arbore, il doit être habitué aux sautes d'humeur d'Ezio. Les deux hommes s'échangent quelques mots avant de se serrer la main. Puis l'italien réapparait devant moi et me prend la main.

- On bouge.

Je me lève de mon siège n'ayant plus la force de contester. Quoi que je fasse, il gagnera toujours. Comme il m'a dit un jour c'est lui le Maestro.

The Maestro - Partie II ( En réécriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant