A nos heures de Dysphorie [Taekook]

Jin

Seok-Jin. Il est là mais à la fois nulle part. Assis sur un tronc d'arbre, ils regardent les quelques personnes qui passent. Des vieux qui lui murmurent à peine un petit bonjour.

Un couple passe. La femme n'est pas très commode, son mari lui court après, des sacs plein les mains.

Ça fait rire Jin. C'est comme un gros cliché.

S'il a bien calculé, à cinq ou six pas de lui se trouve une rivière. Ça serait bien que tout le groupe vienne ici s'y tremper les pieds.

Une branche craque, et un sourire gêné se dessine sur le beau visage d'une rousse aux cheveux bouclés. Elle ne dit rien mais elle s'installe avec lui sur la souche d'arbre.

La jolie fille a du vert aux coins des paupières, et ses dents blanches sourient au soleil.

" Tu crois que Hobi va s'en remettre ?

-Peut-être grâce à des pilules arc-en-ciel."

Les taches de rousseur de la rose deviennent des paillettes quand elle sourit encore plus fort. C'est sa façon de cacher sa tristesse.

« Mais toi Rose, est-ce que ça va ? »

Ce qu'il ne lui dit pas mais qu'il pense très fort, c'est qu'elle ressemble à une fleur sans vie quand on regarde au fond de ses yeux. Une rose fanée.

« Ça va. Ils sont beaux comme ça ces tournesols.

-Il n'y a pas de tournesol ici Rose. dit-il en regardant la forêt

-Si, dans ma tête. Ils sont bleus aujourd'hui. »

Le brun n'est pas trop surpris par les jolies choses que son amie s'invente souvent, ça lui arrive depuis des mois de se créer un autre monde. Depuis que tout a changé.

« Et toi Jinnie ?

-Mmh ?

-Ils sont comment tes tournesols ? »

Comment ils sont ? Est-ce qu'il y en a au moins pour lui ? Est-ce que dans un autre monde où les esprits sont peuplés de tournesols, voudraient-ils rester et ne pas partir loin ?

« Ne te tracasse pas, il peut y avoir autre chose que des tournesols. Et ce n'est pas très grave s'ils ne sont pas beaux aujourd'hui, ils le seront plus demain.

-Et s'il n'y a rien ? »

La rousse soupire puis se lève. Les rayons du soleil passent entre les branches des hauts arbres, son visage y fait face, puis elle sourit.

Le garçon toujours sur son tronc se demande ce qu'elle pense en ce moment même. À ses tournesols ou au brun qu'elle aime.

Peut-être au deux.

Le téléphone dans sa poche sonne, mais il n'a pas envie de répondre. Il sait que c'est sa mère. Et qu'il se fera sûrement remonter les bretelles pour être sorti si longtemps.

Seok-Jin est là, dans la forêt verte, une fleur dansant devant lui, et essaye de réfléchir à tout allure, comme les couleurs qui divaguent devant lui.

« On devrait faire une soirée bientôt.

-Comme presque tout le temps tu veux dire.

-Presque.

-Tant qu'il y a des papillons colorés dans nos verres pour nous rendre heureux, ça me va. »

Il sourit. Parce que c'est la réponse qu'il attendait. Puis il se lève à son tour, dépose un baiser léger sur le front de la jolie fleur, et s'excuse de partir.

Après avoir fait trois pas, la rousse l'appel.

« Essaie de trouver tes tournesols. Elles feront jolies sur ta peau et dans tes yeux. »

Il sourit toujours. Parce que c'est ce genre de phrase qu'il veut entendre plus souvent. Il veut entendre l'espoir frôler ses oreilles et prendre vie dans sa tête.

Seok-Jin veut vivre, et ce genre d'espoir l'aidera.

Et quand il rentrera chez lui, que sa mère lui criera dessus, que son père ne dira rien, et que son frère compatira, il continuera de chercher ses tournesols.