Let Me Feel.

XX. Thé ou café ?

« Merde ! »

Je grogne en me redressant lentement du lit dans lequel je me trouve, à moitié ensommeillé. Sauf que je ne reconnais ni l'odeur des draps, ni le rayon de soleil qui me parvient de ma gauche, tandis que d'habitude, il me vient de la droite et me brûle littéralement les yeux quand je les ouvre. Puis je réalise ; je ne suis pas chez moi.

C'est la première fois depuis des années que je découche, et Liam doit être rempli d'inquiétude.

Je dis ça... Mais si ça se trouve il se frotte déjà les mains de savoir que j'ai sûrement passé une agréable soirée avec Harry, ainsi que la nuit. La deuxième explication me parait vraiment plus probable, le connaissant.

Mais Harry éclate ma bulle de réflexion matinal en râlant et en posant bruyamment un plateau sur la commode près de l'entrée de la chambre.

« Désolé de t'avoir réveillé...»

Je passe une main dans mes cheveux en bataille pour les discipliner comme je peux, essayant de me rendre un minimum présentable. Mon regard se pose sur lui, les yeux légèrement plissés, le temps de m'habituer à la luminosité de la pièce. Et dire que les rares fois où j'arrive à dormir - plutôt convenablement - je me réveille forcément à l'aube. Même si ce n'est pas plus désagréable de se réveiller en même temps que le soleil, dispersant son arrivé de petites vagues de couleurs roses et violettes dans le ciel.

Il a ce petit air de gêne dissimulé sous ce petit sourire au coin. C'est vrai que ce n'est pas comme-ci la situation était anodine ; j'ai couché avec cet homme aux boucles décoiffées, aux yeux couleurs émeraude et... Au caleçon aux motifs de flamands roses. Je pouffe un peu en regardant le rose vif qui rempli leurs plumes dessinées avant de voir ses longues et fines jambes légèrement gigoter. Ses longues et fines jambes...
Il éclate encore ma bulle.

« Tu as bien dormi ? »

J'ai envie de lui répondre que je n'ai jamais aussi bien dormi, que c'est sûrement que, c'est ça qui me manquait à mes nuits blanches, la chaleur humaine.

Sa chaleur humaine.

Mais je n'ai pas le droit, parce que rien qu'entendre l'écho de sa voix rauque matinale me ramène brutalement sur Terre, et m'envoie au passage une énorme claque.

C'est Harry Styles. Ce même Harry Styles qui s'est parié à lui-même de pouvoir me faire ressentir tous ça. Mais peut-être que d'un côté, il a déjà gagné son pari ? Peut-être qu'il ne joue plus, qu'il est tout simplement sincère ?

« - Oui, dis-je d'une vois presque inaudible.

- J'ai fait le petit-déjeuner, sauf que je ne savais pas trop que ce que tu manges le matin alors...

Je le coupe.

- Je n'ai pas réellement f...

Il me coupe à son tour, décidément.

- Tiens. »

Il pose le plateau, qu'il avait précédemment reprit après s'être assuré de ne pas s'être cassé un orteil quand son pied avait heurté une commode, et je remarque le plateau horriblement bien garnis. Et aucun plat spécial du genre de la cervelle d'écureuil en vue. Mes yeux parcourt les plusieurs verres de jus de fruits, je devine : Pomme, ananas, raison, et le typique jus d'orange. Comme quoi, seul un jus d'orange m'aurait suffit, mais Harry ne fait pas dans l'excès...

Je picore une tartine recouverte de confiture de framboise, puis m'attaque à celle avec de la marmelade de citron. Je souris bêtement en remontant mon regard vers Harry, la bouche encore pleine, j'ai l'impression de faire un vacarme infernal en mâchant mes tartines grillées alors que le silence est des plus complet dans le loft. Et bien... C'est plutôt bien insonorisé pour une rue passante.