Let Me Feel.

IV. 69 Colebrook Row.

17H sonnait sur la grande horloge du campus. Tout les étudiants finissent à la même heure le vendredi, sauf ceux ayant des cours de soutiens ou encore des options supplémentaires. J'attendais que l'amphithéâtre se vide avant de pouvoir sortir tranquillement, comme à chaque fois. J'ai coupé par la grande cours pour éviter de me taper les couloirs bondés, pouvant par cela observer le ciel... Gris. Totalement fade. Et puis je me suis retrouvé dans le hall d'entrée, où se situe soit-dit-en-passant l'accueil.

Mais j'hésite à rentrer chez moi. Je me demande même pourquoi l'hésitation me vient alors que mon choix devrait être tout fait ; rentrer. Mais lorsque je choisis de prendre le pas en direction de ma voiture, je sens mon avant bras s'écraser sous la paume de quelqu'un. Harry.

« - Hop hop hop, tu t'en vas où comme ça ?

Je me retourne et fronce les sourcils. J'ai l'impression qu'il me prends pour un gosse de cinq ans, et ça a le don de m'agacer au plus haut point.

- Je rentre chez moi.

Je tire sur mon bras pour qu'il lâche sa prise et me dirige vers le parking des élèves, j'ouvre la portière et m'assois derrière le volant, tandis que Harry qui me suivait, s'installe côté passager.

- Bon, je pensais qu'on aurait pu prendre ma voiture mais si tu y tiens... Par contre je voudrais conduire. J'ai envie de garder la surprise du lieu où je voudrais t'emmener. »

Je soupire. Mes nuits d'insomnies commencent réellement à ruiner mon énergie. Je ne lutte pas et sors de la voiture pour la contourner et échanger les places avec Harry. Il s'assit derrière le volant tout content d'avoir réussi à obtenir ce qu'il voulait. J'ignore et me focalise sur le paysage à travers la vitre.

La route n'est pas longue, une vingtaine de minutes plus tard nous arrivons dans sur Colebrook Row. Je sors et commence à le suivre vers un bar. Aucun nom présent sur la devanture, je hausse un sourcil en pénétrant dans la bâtisse. L'endroit est cosy. Le carrelage ressemblant à un motif damier légèrement sale ne fait qu'accentuer l'ambiance assez "bonne franquette". Je frissonne au changement instantané de température et m'installe à une table en retrait alors que Harry tenait absolument à s'asseoir au bar.

« Allez ! C'est plus cool ici puis ce soir y'a un match à la télé ! »

Il gigote en tapant des pieds comme un gamin. Je fronce les sourcils et décide encore une fois d'ignorer ses jérémiades. Je l'entends trainer ses pieds pour venir s'affaler sur la banquette en face de moi.

« - La prochaine fois, je choisirai.

- Qui te dit qu'il y aura une prochaine fois ?

Il me sourit en faisant danser ses sourcils. Je pouffe et décide plutôt d'examiner la pièce. Un grand escalier prends une bonne partie de l'endroit. L'étagère derrière le bar est remplie d'une centaine d'alcool... Mais je ne remarque aucun logo, aucun titre sur les serviettes ni sur la carte des boisson, si ce n'est l'adresse de l'endroit.

- Devine comment ce bar est surnommé.

Je roule mes yeux vers le bouclé qui jouait avec un sachet de sucre qui trainait sur la table.

- Dis-moi.

Mon ton est lasse et in-intéressé. Mais il ne semblait pas y faire attention, comme à son habitude.

- Le bar sans nom.

Je fronce les sourcils et plisse légèrement les yeux espérant voir une once d'ironie dans l'air de mon interlocuteur. Rien.

- Vraiment ?

Il sourit et une fossette se forme au coin de ses lèvres. Un détail qui ne m'avait jamais sauté à l'oeil jusqu'ici.

- Vu comment tu scrutais la pièce, t'as bien dû te rendre compte que les lieux ne portent que pour seul... Insigne, leurs adresse. Sachant qu'un commerce sans nom est illégal de façon juridique, ils ont prit l'adresse. Mais en soi, ce bar n'a aucun nom propre à lui.

- C'est... Original.

- J'aime le concept.»

Je me mord l'intérieur de la joue en fronçant les sourcils. Je me retourne de ma chaise et remarque que le serveur qui se rapproche de notre table ne porte qu'une simple chemise suivit de l'adresse du lieu sur la poche à sa poitrine. Mon esprit de contradiction apparait et je bataille avec moi-même sur le sujet. Une adresse peut être un nom. Alors en soi, le bar avait un nom. Celui de son adresse, mais...

« - L'intrigue.

Je souffle et passe une main dans mes cheveux pour les replacer correctement.

- Tu vas me faire ça à chaque fois qu'on se verra ?

- Qui t'a dit qu'on se reverrait ?

Il sourit sarcastiquement avant dénoncer sa commande au serveur.

- Je veux la même chose. - Le serveur hoche la tête et part vers le bar.- Tu veux jouer à ça ?

- Jouer à quoi ?

Il rit entre ses dents.

- À force de jouer avec le feu tu vas finir par te brûler.

- Alors, brûle-moi.»

Je détourne mon regard ignorant pour la énième fois depuis le début de la soirée ses paroles.

Le lieu se rempli petit à petit pour être complet aux alentours de 21H. Cela fait maintenant trois heures que nous sommes assit à parler. Nous ne parlons ni de l'un ni de l'autre. Plus la soirée continue plus je m'aperçois qu'il essaye, d'une quelconque façon, de me faire sourire. En vain.

« Tu as des tatouages ? »

Je hoche la tête en retroussant les manches de ma chemise, laissant apparaitre ma peau pigmentée par des encres de plusieurs coloris. Il sourit en retirant sa veste, découvrant ses bras qui eux aussi étaient marqué par des esquisses significatives. Il finit par retracer du bout du doigt la corde tatoué autour de mon poignet.

« - C'est beau.

- Merci. »

Je l'entends ronchonner entre ses dents lorsqu'il remarque mon visage toujours aussi... Indifférent à la situation. Une partie de moi aurait sincèrement aimé lui sourire, réagir comme il le voulait. Mais la partie majeure n'y arrivait pas, cela semblait presque inconcevable de faire plaisir à un... Inconnu. Car c'est ce que Harry est, un inconnu. 23H sonne et Harry n'a rien toujours put soutirer de moi, et son air en dit long sur l'agacement et la lasse qu'il ressent. C'est alors qu'en se relevant pour enfiler sa veste, il plonge sa main dans la poche intérieur et y sort un petit paquet qu'il glisse avec délicatesse sur la table.

« - Qu'est-ce que c'est ?

- J'ai pas réussi à te faire sourire ce soir. Et je dois dire que ça me tape sincèrement sur le système. J'espère que ça, ça y arrivera.»

Il m'adresse un signe de tête amical avant de payer pour nos consommations et de se diriger vers la sortie.

« Attends ! »

Je me redresse brusquement en prenant soin de prendre le paquet et trottine jusqu'à l'entrée, mais il a disparu. Quel con, j'allais lui proposer de le raccompagner. Je souffle et me dirige jusqu'à ma voiture, prenant le chemin de vers maison.

C'est à minuit que je me glisse nu sous mes draps, comme chaque soir.

Le paquet est là, en face de moi sous le meuble de la télévision.

Le paquet encore emballé. Aucune curiosité ne me pique le nez pour l'ouvrir.

Alors, non. Je ne l'ouvrirai pas ce soir.

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Le fou court après les plaisirs de la vie et trouve la déception ; le sage évite les maux. Harry est le fou, Louis est le sage. Harry goutera à la déception, Louis évitera les maux. Tout est écrit.

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