IX. 11/04/14

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✉ De Harry à moi : J'arrive.✉

Je souffle en passant une main là où mon cœur bat. Je prend une énorme respiration et me relève, avant de prendre le premier jogging qui vient, ainsi qu'un vieux T-shirt. Harry m'a répondu instantanément, presque comme ci il guettait son téléphone, à l'attente d'un message de ma part. Et c'est... Étrange. Je n'ai pas l'habitude de toute ses attentions. Mais c'est son problème si il préfère gaspiller son temps avec une personne comme moi plutôt qu'une autre. Peu importe.

Il arrive une bonne vingtaine de minutes plus tard. Il est venu à pied, j'en conclu qu'il n'habite pas si loin que ça. Je n'ai jamais vu son appartement, il ne veut pas m'y emmener. Et les seules fois où je lui ai demandé pourquoi, il me parlait des différentes transformations des Pokémon avant leurs états crucial. J'en ai conclu que son appartement était en travaux et qu'il me le montrerait seulement quand il sera abouti. J'ai haussé les épaules à ce moment là, parce qu'il n'y a pas grande différence entre un appartement décorer de pots de peintures, de bâches au sol, d'échelles et tout matériel qui s'en suit qu'un appartement surplombé de bibelots et d'une déco ignoble aux murs. De toute façon, je ne m'attend pas à quelque chose de grandiose. Harry n'arrive jamais à se décider lorsque deux choix se présentent à lui. Il est là à divaguer entre l'une et l'autre, ne sachant que faire. C'est parfois agaçant. Exactement comme maintenant, lorsqu'il me demande si il me dérange. Écoute, oui tu me déranges. J'étais confortable installé dans mon lit, et me voilà maintenant debout en jogging sale, à t'ouvrir la porte. Alors oui, tu me déranges.

« Allez, entre. Je vais pas te laisser crever de froid sur le péron.»

Harry grimace alors que je lui souri, plutôt sarcastiquement comme à mon habitude et il entre dans ma demeure. On marche lentement jusqu'au salon, et nous nous asseyions de part et d'autre du canapé. Je ne sais pas si je dois prendre la parole. À vrai dire, je n'ai pas envie de parler de ce qu'il s'est passé avant son arrivé, et de ma soudaine pulsion à lui envoyer un message. J'aurai mieux fait de brûler le morceau de papier, en y repensant. Je souffle parce que lui non plus, ne daigne pas parler. Et j'ai pas que ça à faire d'observer un jeune homme qui n'a pas "dompté" ses boucles en face de moi. Il devrait les couper, elles deviennent réellement trop longues.

« - Alors, c'est grâce à moi ?

Au début, je ne comprend pas tout de suite où il veut en venir. Rien n'est grâce à lui, si ce n'est que maintenant il me suit presque à la trace. Et je n'ai pas de quoi le remercier. Puis je fais le lien avec le mix qu'il m'a offert. Je hoche la tête.

- Tu peux le penser comme tel, si tu veux.»

Il hausse un sourcil avant de plisser ses yeux. Il réfléchit ou alors essaye de savoir à quoi je pense. Malheureusement pour lui il n'est pas médium, et je ne suis pas quelqu'un dans lequel on lit comme un livre ouvert. Je souffle une seconde fois, cette soirée va s'avérer longue, extrêmement longue.

« Pourquoi tu voulais sauter, toute à l'heure ? »

Je caresse mon genoux marqué de quelques bleus par dessus mon jogging et lève lentement les yeux vers lui, d'un air calme et plutôt fatigué. Je suis fatigué.

« - Mettre fin à sa vie me parait la plus belle manière d'avoir le plus haut taux d'adrénaline, jusqu'à son dernier souffle.

- Mais justement ! Tu aurais sûrement de l'adrénaline, mais après ? Tu ne pourrais plus rien ressentir, tu serais mort.

- Et alors ?

- Et alors c'est la chose la plus idiote que je n'ai jamais entendu.»

Harry affiche cet air boudeur qu'ont les enfants quand on leurs annonce quelque chose qui ne leurs plait pas. Il fait une légère moue en fronçant les sourcils, les yeux braqués vers un objet inintéressant qui pourrait occuper toute son attention.

« - Alors je suis un idiot.

- Non, tu ne l'es pas.

Je soupire et me renfrogne dans mon coin de canapé. Je croise les bras et le regarde, un peu las. Et je repense à ce qu'il m'a dit, après m'avoir entendu citer un auteur pour excuser mon geste. Enfin, excuser...

- Tu lis du Shakespeare ?

- Qui n'en lit pas ?

- Les incultes. »

Harry rit au ton de ma réponse, alors que je me mord l'intérieure de la lèvre pour ne pas lui demander que me vaut cette soudaine moque. Il a fait réveiller des sentiments en moi qui n'ont jamais été, et je n'apprécie pas tellement. C'est presque si sa présence ce soir en devenait pesante par ça. Mais je me force, comme parfois, à supporter sa présence. Et c'est un réel travail sur moi-même.

« - C'est mon dramaturge préféré.

- Je l'avais remarqué.»

Ses mains sont posées à plats sur ses genoux et son regard parait trop innocent pour être vrai. Innocent, il a toujours cet air là. Cet air qui d'habitude, disparait durant les années, alors que lui non. Cet air que je n'ai jamais eu. Peut-être est-ce lui qui me l'ai prit ?

« - Pourquoi t'as choisi une cassette ?

- Mhm ?

Je fronce les sourcils.

- Une clé USB s'aurait servi à la même chose. Je ne savais même plus que l'on vendait ce genre d'Antiquité...

- J'aime les vieilles choses.

- Pourquoi ?

Il souri légèrement au coin des lèvres, alors que je le regarde toujours aussi suspicieux.

- Parce qu'il y a quelques années, ces choses étaient aimées parce qu'elles étaient nouvelles. Regarde, tu aimes par exemple le livre d'un nouvelle auteur anglais. Dans quelques années d'autres personnes l'aimeront, alors que ce livre sera vieux.»

Je pouffe avant de lever les yeux au ciel. C'est le genre d'idée farfelue que le professeur de psychologie pourrait très bien avoir. Et surtout le genre d'idée que je ne comprendrai réellement jamais. Le concept est stupide, clairement. Il n'a juste à dire que les cassettes, c'est son délire et l'affaire est classée. Mais non, Harry n'aime pas faire dans le banal et préfère débattre sur l'espace temps. C'est idiot. Il est idiot. Et ô combien je lui ai répété cette soirée.

Parce que nous avons passé la soirée toute entière à parler, de tout mais surtout de rien. Parce que, étrangement, il n'a relancé aucun sujet qui me semblait encore trop tabou à aborder. Parce que, j'ai ris quelque peu, et qu'il a souri. Parce qu'il a souri pour moi, et que ses fossettes se sont doucement creusées dans ses joues. Parce que j'ai remarqué, cette lueur qu'il avait dans les yeux quand il me parlait. Cette petite lueur que j'ai toujours rêvé d'avoir, mais encore plus de voir. Parce que j'ai réalisé que ce soir il n'était pas simplement là pour l'envie de gagner son défi, mais aussi parce qu'il avait l'envie d'être avec moi.

L'envie d'être avec moi.

« Je suis en quelque sorte un futuriste.»

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Les amis de mes amis, sont mes amis. Sauf si ils sont eux-même mes ennemis, bien entendu.

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Hello ! JE SUIS VRAIMENT VRAIMENT VRAIMENT VRAIMENT DÉSOLÉE DU TEMPS HORRIBLEMENT LONG QUE J'AI PRIS ! Vraiment, j'espère que vous m'excuserez... De plus il est vraiment très très court ce chapitre mais ça faisait plus d'un mois que je n'avais pas écris alors... Je me suis doucement remis dans le bain. C'est pour cela que je vais dès maintenant démarrer l'écriture du chapitre suivant, qui s'avérera plus long, promis !

Milles excuses, je vous aime.

Let Me Feel.Where stories live. Discover now