III. Harry.

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Je dévale rapidement les escaliers du bâtiment ouest du campus et courre à pleins poumon vers la salle 203 se trouvant à l'entrée du bâtiment est. Je traverse la cours principale et me précipite... Un peu trop vite sur la porte.

Un énorme fracas se fait entendre lorsque mon corps percute l'entrée et s'effondre au sol. Super.

Je grogne et rentre dans la salle en me frottant vivement l'arrière du crâne. Je m'installe à la seule place libre ; à côté d'un basané salement fagoté. Le professeur ne fait aucune remarque sur mon retard, il s'en contre fou. Je commence à me balancer sur ma chaise alors que mon voisin essaye tant bien que mal de se concentrer. Je le considère quelques minutes. Il pue le cannabis à pleins nez. Je grimace et reprends ma folie suicidaire ; le balancement de mon siège qui pourrait très bien m'emmener dans une chute provoquant ainsi le coup du lapin... Soit.

« - Arrête.

Son ton est dur, sec, sans aucune sympathie. Je me retourne vers l'homme à mes côtés et lui adresse un sourire moqueur en continuant mes gesticulations.

- Arrêter quoi ? »

Il détourne son regard de sa feuille et l'encre dans le mien. Ses yeux noisettes brûlent d'impatience. Il pose d'un coup sec sa main sur le dossier de ma chaise qui vient aussitôt reposer ses quatre pieds au sol. Je reste sans réaction un court moment puis commence à rire sarcastiquement.

« Moi qui pensais que consommer de la drogue rendait quelque peu plus aimable.»

Mon ton était clairement audible. Assez audible pour que l'ensemble de la classe, soit une trentaine d'élève, se retourne vers nous. Quand il s'agit de parler de substance illicites, il y a du monde au pas de la porte à ce que je vois. Je replonge mon regard dans celui de mon voisin. Ses yeux sont rouges, mais je n'ai pas l'impression que la drogue en soit la cause.

« - Ne parle pas de ce que tu ne connais pas.

Il me crache ses mots avec air de dégoût. Je lui provoque du dégoût.

- Alors dis-moi... Ton parfum... C'est nouveau, la senteur marijuana ? »

Il serre ses poings avant de les cogner sur la table. Cette fois-ci même le professeur nous fixe. Bien que la consommation de drogue soit devenue fortement commune, elle est formellement interdite en Angleterre. Les conséquences donc qu'un élève se présente à un cours complètement "stone" pouvaient arriver jusqu'à l'exclusion. Et tout deux en avons pleinement conscience. Son regard pue lui aussi, mais de supplication. Je frappe légèrement ma cage thoracique du côté gauche, puis hausse les sourcils en lui faisant comprendre que l'emplacement de mon cœur sonne creux, soit aucune pitié n'existe chez moi.

« Malik, au bureau des disciplines, tout de suite.»

Il me lâche quelques injures avant de ranger ses affaires et de partir telle une furie vers le bureau des disciplines, ou plus simplement le local du surveillant administrant les sanctions. Je ne considère aucun regard qui me dévisage et prend en connaissance le cours. Je souffle lorsque la cloche retentit et me dirige vers le distributeur de boisson. Je commande mon thé à la menthe habituel puis fouillant dans mes poches pour pouvoir le payer, je tombe sur la pièce que le fameux Harold m'avait glissé dans la paume, il y a de cela une semaine plus tôt. Je hausse les épaules et l'introduis dans la machine. J'attends patiemment que le gobelet se rempli et l'empoigne, cette fois-ci, en faisant attention que personne ne le renverse sur ma chemise lorsque je me détourne et me dirige vers l'endroit où j'ai décidé de me poser. Bien que le printemps arrivait à bon pas, les vents d'hiver me réticent à m'aventurer dehors, je reste donc sur un banc en retrait à l'entrée de la cafétéria. J'observe les étudiants acheter leurs repas en me réchauffant grâce à l'eau brûlante aromatisée qui se trouve entre mes mains. Je glisse mon regard vers la grande fenêtre qui est à l'origine du surplus de clarté de la pièce et observe les feuilles des arbres danser au rythme de la brise. J'aurai aimé ressentir de l'enjouement pour ce spectacle de dame nature, mais rien ne vint. Je finis mon gobelet et le jette dans la poubelle la plus proche avant de sortir du réfectoire. Alors que je longe le couloir principal, je croise le regard bien plus haineux que ce matin du grand basané. Celui-ci longe le couloir en sens inverse vers la sortie, j'en déduis donc qu'il est viré pour une durée indéterminée. Je lui souri faussement alors qu'il mime en mouvant ses lèvres ce qui semble un "j'aurai ta peau". Je ne m'attarde pas sur ses mots et continue mon chemin sans trop savoir où je vais. Pense-t-il réellement me faire peur ? Je soupire et entre dans la bibliothèque silencieuse. Je passe par les différentes rangées de livres et m'installe seul au pied d'une grande étagère au fond de la salle. L'étagère des dramaturges. Je ferme les yeux et glisse innocemment mes doigts le long des ouvrages pour m'arrêter sur un. J'ouvre les yeux et constate que le hasard a choisit la pièce de théâtre de Romeo et Juliet comme lecture du jour pour moi. Je glisse mes écouteurs dans mes oreilles et me met à lire le premier acte en écoutant une musique du groupe de The Fray.

Mon téléphone vibre précisant un nouveau message alors que ma fascination pour les sentiments de Romeo envers Juliet et vis versa ne faisait qu'accroître.

De Liam à Moi :

Salut mec, je viens en ville samedi, pendant une grosse semaine. Tu m'hébergeras bien sûr ? A samedi, Tommo.

Je soupire et replace mon cellulaire dans ma poche sachant pertinemment que quoi que je dise, Liam se pointera tout de même. De plus je ne peux refuser une présence humaine supplémentaire que ma simple personne, ça ne me ferait pas de mal, sachant que rien ne me blesse réellement. Je pense que la population pourrait juger Liam comme étant mon "ami". Mais mon interprétation n'est pas la même. Liam est... Mon compagnon de discussion. Nous nous lançons toujours dans d'énorme débats, qu'ils soient politique, géographique ou encore physiologique. Il dit que débattre m'aide à exprimer ce que je pense, il croit que cela pourrait être un bon point de départ pour ensuite ressentir. Sauf que ce point de départ, j'y stagne depuis maintenant plus de quatre ans.

Une grande main chaude se pose sur mon épaule éclatant ainsi ma bulle de réflexion. Je remarque que l'ouvrage m'est glissé des doigts en le voyant à mes pieds. Je soupire et le reprends en main alors que la personne m'ayant assigné le contact physique se poste, assis en face de moi. Il prends aussitôt un de mes écouteurs qui part mégarde était tombé sur mon épaule sans que je m'en aperçoive. Il l'apporte à son oreille et esquisse un léger sourire.

« - Tu aimes The Fray ?

- On peut dire ça.»

Il hoche la tête en retirant l'écouteur. Je l'observe un instant et remarque qu'il ne porte aucun bandeau, ne retenant ainsi aucune boucles qui elles ne se gênent pas pour tomber sur son front.

« - Tu n'as pas de bandeau aujourd'hui.

- Non. Ça me donne un côté un peu plus sauvage quand je n'essaye pas de dompter ma chevelure.»

Il rit à sa propre phrase alors que je ne réagis pas. Mais il ne semble pas étonné et n'est aucunement gêné. Ce n'est pas que ça lui donne un côté plus sauvage, c'est juste plus négligé. Je grimace en fixant quelque temps sa coiffure puis repose mon attention sur mon livre. Je sens qu'il soupire et remarque du coin de l'oeil qu'il retire le bandana enroulé autour de son poignet avant de le placer dans ses cheveux. Je souri légèrement.

« - Le contentement.

- Hein ?

Je relève directement les yeux.

- Tu as ressenti du contentement. Parce que je t'ai indirectement obéis. Bien que j'aime jouer le soumis lors de jeu rôle coquin, prends pas ça pour une habitude. - Je pouffe et reporte une énième fois mon attention sur la pièce de théâtre. - William Shakespeare, un grand classique.

- Exactement.

Je ne lui accorde qu'un quart de mon attention, juste assez pour lui répondre brièvement.

- Laisses-moi t'inviter.

Je ferme les yeux un instant, buvant clairement sa phrase. Cela faisait une semaine que je ne l'avais croisé ni en cours, ni dans les couloirs, et voilà qu'aujourd'hui en ce mardi 25 février il m'invite à sortir.

- Non.

À vrai dire je n'arrive plus tellement à me concentrer sur la scène. J'essaye tout de même d'y parvenir pour lui faire comprendre qu'il n'est pas la bienvenue, mais en vain. Il est clairement aveugle, et après mon altercation avec monsieur-je-pue-le-cannabis-mais-j'assume-pas, je ne voulais pas en plus de ça m'acharner sur monsieur-je-ne-veux-plus-dompter-ma-tignasse-de-mouton. Alors, je canalise.

« Vendredi, après les cours. Attends-moi à l'accueil. Sur ce, passe une bonne journée Louis.

- Au revoir Harold.

- Au fait, appelles-moi Harry.»

Je le sens se lever, et c'est lorsqu'il est de dos que je lève mes yeux pour voir ses boots en daim brun se diriger vers la sortie.

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On ne force pas une curiosité, on l'éveille. Alors Louis patiente, pour qu'elle arrive.

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