Let Me Feel.

I. Auto-défi.

« Comme vous pouvez l'observer, nous sommes pour la première fois depuis le début de votre année scolaire dans le plus grand amphithéâtre de l'université. Celui-ci est souvent réservé aux conférences importantes ou simplement aux cours de dernière année, mais j'ai réussi à me le proccurer pour une durée d'une heure. Donc, n'ayant pas le temps à volonté, je vais de ce pas vous expliquer ce qui nous amène ici.»

Monsieur Krift se racle la gorge avant de reprendre son monologue. Le son se répercute sur les murs en un écho désagréable qui me rends plus agacé que je ne l'étais déjà. Je ne relève cependant pas mon regard de la feuille sur laquelle je griffonne depuis le début du cours de psychologie. Je sais très bien qu'elle est son idée, et cela me fait sourire de malice. Il va encore nous prendre pour cobaye d'une de ses soit-disant études comportementales.

« Nous allons aujourd'hui effectuer un travail sur les réactions comportementales de chacun. -bingo- Tout cela en restant dans l'anonymat le plus complet, je vous rassure. Prenez chacun un morceau de papier, je vous prie.»

Tout le monde s'affaire à son ordre. Je souri au coin en les regardant faire. Une copie conforme de petits soldats aux ordres de leurs supérieur. Pathétique. Je m'affale un peu plus dans mon siège et attend que le professeur développe son idée sans réellement y porter d'intérêt, comme toujours.

« Chacun de vous, soit 250 élèves, allez noter sur ce morceau de papier un de vos problèmes. Ne niez pas, chacun de vous à au moins un problème qu'il soit mineur comme majeur. Et puis il faut vraiment avoir un problème pour assister à mon cours ! - son rire rauque résonne une fois de plus entre les murs de l'amphithéâtre, je serre ma mâchoire pour m'empêcher de venir le faire taire de moi-même - Peu importe le sujet de votre problème. Marquez le premier qui vous vient en tête. Quand celui-ci sera fait, je rassemblerai tout les papiers et les redistribuerai à chacun de vous dans un ordre aléatoire. Vous serez donc en possession d'un problème d'un de vos camarades de classe sans pour autant savoir lequel. Il vous suffira de répondre à son problème par la solution la plus judicieuse qu'il vous vient à l'esprit. C'est par ce travail que nous relèverons le pourcentage d'élève ayant de meilleure chance de réussir leurs études de psychologie ou sociale ici. Je vous expliquerai en détail la conclusion de l'étude à la fin du cours, après l'énonciation de plusieurs problème/réponse à haute voix. À vos stylos ! »

Je tapote vivement mon critérium sur le bois du bureau. J'arrache une feuille de mon cahier d'essai et y gratte quelques mots. J'essaye de mettre la personne mal à l'aise, qu'elle puisse perdre stabilité en voyant mon seul et unique problème. Si le mot tombe sur une des demoiselles ici présentes... Je balaye du regard la salle et souri en voyant les allures poupées plastiques de ces dernières, alors le tour est joué avant même qu'il ne soit conçu. Je plis la feuille en quatre et la tend au professeur qui passe dans les rangs déposer les papiers à l'intérieur d'une minuscule urne. J'observe la salle du coin de l'oeil, j'examine les réactions visuelles de chaque élèves. Quelques uns se triturent les doigts en regardant promptement dans plusieurs directions, signe d'anxiété. Leurs secrets doit valoir gros. Je souri en imaginant sur quelle merveille je pourrais bien tomber.

Monsieur Krift repasse dans les rangs, distribuant ainsi d'autre papier. Il me tend une feuille blanche chiffonnée que je déplie soigneusement avant d'attarder mon regard sur l'encre bleu légèrement bavé.

" Je suis gay."

Je soupire et réponds par ironie que je lui souhaite de tout mon cœur qu'il aille se faire enculer. Je jète le papier aux pieds du professeur qui passe pour énième fois dans les rangs. Il grogne, s'abaisse et l'empoigne. Je ris en voyant son manque d'autorité. De toute façon ce jeu n'est d'aucune utilité et n'est que perte de temps, comme toute les autres fameuses idées qu'il eu jusqu'ici.